L’expressionnisme abstrait naquit après la deuxième guerre mondiale dans le milieu artistique new-yorkais des années 1940. Financé par des fonds publics, il prit forme huit ans plus tard.
Symbole de toutes les libertés, s'inspirant principalement de l'art primitif, du cubisme et du surréalisme issu des théories freudiennes, ce mouvement mettait en exergue la spontanéité et la couleur en trouvant son essence à travers plusieurs artistes « hédonistes », tels William de Koonig, Mark Rothko, Jackson Pollock (poètes, peintres, musiciens...) qui formaient l’école de New York.
Bien qu'il le récusât, le peintre néerlandais Willem de Kooning (Rotterdam, 1904 - East Hampton, 1997), naturalisé américain, fut l'un des principaux protagonistes de l'expressionnisme abstrait.
En 1930, il travailla sur des fresques commandées par le Federal Arts Project. A partir de 1936, il se consacra à plein temps à sa propre carrière artistique. Son travail, jusqu'alors assez académique, acquiert une originalité avant-gardiste. En 1938, tout en peignant une série de personnages masculins, Kooning se lança dans la composition de toiles abstraites aux couleurs lyriques.
Egalement clef de voûte de ce mouvement, séduit par les théories du philosophe Niesche, Mark Rothko (d'origine juive dans l’empire russe : Dvinsk, 1903 - New York, 1970) avait quitté la Lettonie et acquit également la nationalité américain. Son style plus énergique et encore plus abstrait que Kooning se rapproche de celui de son contemporain, Jackson Pollock (Cody, 1919 – New York ,1956). Passionné d'art primitif et maître du dripping, Pollock fut le premier de la troisième vague d'artistes abstraits américains reconnus. en tant qu’expressionniste abstrait. Composant de grands aplats de couleur, il connut son apogée 1950.
Artistes manipulés ?
A la suite de la crise économique, le président Roosevelt avait établi un programme d'aides aux artistes du futur mouvement « expressionniste abstrait ». Très contestée par le parti Républicain, cette mesure avait pour but d’aider aussi certains artistes à l'idéologie communiste. Ces derniers faisaient partie de la mouvance artistique et politique d'un André Breton, ou encore avaient fui les nazis et s'étaient réfugiés aux USA.
Paradoxalement financés par le gouvernement des États-Unis via la CIA, leur affiliation fut confirmée par Donald Jameson, un ancien agent de la CIA dans un article du journal « The Independant » daté du 22 octobre 1995. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, le but était de promouvoir l'idéologie occidentale dans le contexte de la guerre froide. Symbole de toutes les libertés, « la propagande capitaliste est inscrite dans les œuvres elles-mêmes et leur représentation », avait fait remarquer Donald Jameson. Cette démarche visait à s’opposer au réalisme soviétique et à sa propagande imposée aux artistes de l’Est qui n'avaient pas le droit de s'exprimer autrement. Toute forme d'abstraction était bannie par le système.
Cependant, le mouvement expressionniste - tout comme l'art contemporain - est devenu malheureusement dans certains cas un réseau financier abusivement commercial, dénoncé aujourd'hui par de nombreux artistes de droite ou de gauche, historiens et critiques d'Art, comme par exemple Aude de Kerros dans son livre « L’art caché, les dissidents de l'art contemporain ».
Anne de la Cerda