Vendredi 6 mai à 16h lors d'une conférence à la Maison des Associations de Biarritz, l’historien d’art et musicien Etienne Rousseau Plotto fera renaître l’oeuvre éclectique à la personnalité exceptionnelle de l’artiste-peintre basque Gabriel Deluc (1883-1916), élève de Léon Bonnat et héros de la guerre de 14.
Au moment où il se documentait sur Maurice Ravel pour la réédition de son livre, Etienne Rousseau-Plotto découvrit par hasard que le compositeur avait dédié « la Forlane », troisième pièce du « Tombeau de Couperin » à la mort héroïque du jeune Gabriel Deluc. Curieux d’en savoir plus sur cet artiste dont Ravel possédait le tableau de « Daphnis et Chloé » (1912) rappelant sa propre symphonie, l’historien en dévoile progressivement la saga triomphante.
En 1883, c’est à Saint-Jean-de-Luz que Marie-Baptiste Davagnier, couturière et épouse de Jean-Baptiste Deluc, peintre-décorateur puis imprimeur, avait donné naissance à Jean-Luc, benjamin d’une fratrie de neuf enfants !
La perspective d’une talentueuse carrière
Quelques années après, c’est dans la maison « Urquino » des Bernoville que Bonnat découvrit les prémisses artistiques du futur talentueux peintre. Sur son conseil, l’élève fut dirigé vers l’école l’École municipale de dessin et de peinture de Bayonne où il obtint plusieurs médailles d’argent à la suite de son autoportrait puis de la « Cuisinière plumant une poule ». Ces deux tableaux de la première période académique figurent à l’exposition.
A l’âge de 17 ans, il fut admis dans l’atelier de Bonnat à l’école des Beaux-Arts à Paris. Après ses études, il s’installa à la cité des artistes de la Ruche dans le XVème arrondissement. Une dizaine d’années plus tard, son maître Bonnat le recommanda pour réaliser une copie d’Hélène Fourment et ses enfants de Rubens à l’intention de l’École des Beaux-Arts d’Istanbul.
Il revint régulièrement au Pays Basque où il exposa à la Société des Amis des Arts de Bayonne-Biarritz suite au Salon des Artistes français à Paris. Pendant cette période, deux tableaux, dont « le lac » (1912) prêté par le musée Bonnat-Helleu pour l’exposition actuelle, et « Intimité » (1906) avaient été acquis par Bayonne.
Parmi les autres œuvres de Gabriel Deluc appartenant à la ville, figure le portrait du « frère de Deluc » (1904) prêté également pour l’exposition ainsi que « la danse dans la bois sacré» (1910), don du mécène d’Edmond de Rothschild. Actuellement, la toile est placée dans la salle des mariages de l’hôtel de ville.
A Saint-Jean-de-Luz, Gabriel Deluc offrit l’oeuvre « Le Chevrier » (Paysage basque) (1908) à sa ville natale.
Parallèment, il participa à l’un des premiers salons de l’Exposition Internationale de Russie (Odessa, Riga, Kiev et Saint-Pétersbourg) en envoyant ses oeuvres aux côtés de celles de Bonnard, Vuillard, Kandinsky, Bakst, Valloton, Maurice Denis, Larionov, Marquet... Avec Alexandre Altman et Robert Mortier (époux d’une cantatrice et ami de Maurice Ravel), il fonda un groupe artistique : La Libre Peinture.
De l’impressionnisme au symbolisme
En 1913, l’année de son mariage avec Thérèse Mahé dans le 16ème à Paris, il installa son atelier à Montparnasse, non loin de ses amis du Pays Basque, Achille Zo et Denis Etcheverry... La Galerie Devambez lui organisa une exposition particulière de 130 tableaux et dessins. Le catalogue fut rédigé par Gabriel Mourez, ami et commanditaire de Debussy.
Au 29ème Salon des Indépendants, il reçut une médaille d’argent et le prix d’encouragement pour ses deux gracieux portraits de femmes en plein air (1913) « Portrait d’Hélène Coronado » et celui de Madame V. .
Coloriste talentueux, Gabriel fit entrer la lumière dans son oeuvre. Se libérant progressivement des touches impressionnistes, il opta pour les aplats savamment composés au thème symboliste. Sa palette où prédominent les tons pastel de roses violines se métamorphosa en des sables et des véronaises renforcés de mauves océan.
Ses paysages symbolistes le « Lac » ou « Daphnis et Chloé » en référence à la mythologie grecque avec des éléments du décor basque, lui confèrent un style personnel. Une atmosphère qui rappelle celle Léon Bakst et de Puvis de Chavanne.
Un héros de la guerre
Pourtant ces belles perspectives s’effondrèrent soudainement pour laisser place aux cruelles tranchées dans lesquelles gisaient esquissés des soldats de la guerre de 14. En cette année fatidique de 1914, l’artiste s’engagea volontairement dans l’Armée française. En 1916, après avoir reçu la Croix de Guerre en février, nommé officier, Gabriel Deluc s’éteignit pour toujours dans les lignes ennemies à Souain dans la Marne (en Champagne). Au centenaire de sa mort héroïque, Gabriel Deluc qui n’avait que 35 ans restera à jamais un modèle !
Vendredi 6 mai à 16h. Conférence " Gabriel Deluc" par Etienne Rousseau-Plotto à UTLB (Université du Temps Libre de Biarritz), Maison des Associations - 2, rue Darrichon, Biarritz / Parking à proximité. Plan d’accès : https://utlbiarritz.fr
Les inscriptions sont ouvertes / Cette conférence, gratuite, organisée pour les Amis du musée Bonnat-Helleu, sera aussi ouverte aux adhérents de l’UTLB. Merci d‘indiquer au préalable si vous n’êtes pas membres des Amis du Musée Bonnat-Helleu, ils pourrons prendre leur adhésion à l’entrée .
Visuels :
1 Auto-portrait de Gabriel Deluc - vers 1905
2 Pont au Pays basque - 1909 - Collection particulière
3 Le lac -1912 Collection du musée Bonnat Helleu – Alexandra Vaquero