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Livre
L'épopée d'un jeune breton "en mer de Chine"
L'épopée d'un jeune breton "en mer de Chine"

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L'épopée d'un jeune breton "en mer de Chine"

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zEn mer de Chine ©
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Anne Bolloré ©
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« La vocation du jeune breton venait d’une ombre aperçue le soir, tout enfant, dans les rues de sa ville » : il s’agissait du médecin Théophile (René) Laennec, rendu célèbre par son invention du stéthoscope, mais lui-même, la quarantaine à peine entamée, atteint de tuberculose : derrière la portière de son carrosse, « cachant ses traits sous un chapeau, il serrait un mouchoir contre sa bouche » pour ne pas « disséminer sa maladie » ! 

Ce jeune breton était né orphelin de sa mère, morte en couches tout comme sa grand-mère paternelle, elle au milieu des affres révolutionnaires et des « brûlis des saints » sur le parvis des églises… Fils de pêcheur et désireux d’éviter « qu’un tel malheur n’arrivât à d’autres petits garçons », Jean-René Bolloré devint chirurgien de Marine et sa descendante Anne Bolloré s’est inspirée de son journal de bord pour nous entraîner dans le sillage de son héros naviguant sur les mers de Chine vers la concession française de commerce et d’influence. Au XIXe siècle, les grandes puissances, Grande-Bretagne et France en tête, mais aussi Japon, Russie, États-Unis, entretiennent des concessions qui sans être des colonies sont des lieux privilégiés pour les liens avec l’Empire du milieu. Commerciaux, mais aussi scientifiques, diplomatiques et même religieux. Ils sont tissés par des personnages hauts en couleur, souvent nobles, mais aussi par de plus humbles, habités par le sens du devoir, du progrès, celui de l’aventure, voire de l’ambition.

De Manille à Macao, sous le soleil ou la tempête, l’exotisme frappe les passagers de cette expédition au long cours. La vapeur s’étend, mais la voile vit ses grandes heures. La vie à bord des navires, de toutes patries, obéit à des règles strictes, pleines de panache et de tradition, même entre ennemis. Et quand le vent tombe, la rame fait aussi bien l’affaire…

L’érudition – maritime, culturelle, artistique, historique – déployée dans ce livre en forme de récit de voyage est prodigieuse. Et pourtant si naturellement amenée, escale après escale, grâce à une écriture romancée, dialoguée, de correspondances avec la famille restée en Bretagne… Une plongée dans une époque pionnière qui se fait distrayante et rêveuse aussi, bercée par le roulis de l’« Alcmène », les yeux remplis des merveilles de la Chine et des côtes adjacentes. Comme ce minuscule royaume oublié du Ryukyu, aux mœurs singulières, qui vit là ses dernières heures d’indépendance.

Anne Bolloré est la fille de l’actrice Renée Cosima (1922-1981) et de l’industriel Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001), également océanographe, Homme de Lettres et éditeur (La Table ronde). Née en 1953, diplômée ès-Lettres et Sciences-Po, Anne Bolloré a toujours écrit, parallèlement à son parcours professionnel au ministère de la Culture et de la Communication, en particulier pour l’hebdomadaire « La Bretagne à Paris » (années 1970) et pour la revue d’analyse politique « France-Forum » avant de publier un premier roman en 2014 : « L’archipel aux sortilèges » (éd. Locus Solus). En 2017 était parue la biographie « Un passé recomposé – Le rêve américain de ma mère ». Anne Bolloré prépare également pour les éditions Séguier une série de nouvelles intitulée « Paris. Promenades américaines ».

« En mer de Chine - Le voyage de l'Alcmène (1843-45) » par Anne Bolloré, 432 pages richement illustrées de docs d’archives, cartes, gravures / 25 €

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