Idée reçue pour nombre de personnes en France, tout ce qui a trait à la mer - découvertes comme faits de guerre - est généralement situé géographiquement en Bretagne. Pour des raisons de géopolitique et de commerce les marins basques étaient peu enclins à divulguer leurs « bons plans » de chasse à la baleine puis de pêche hauturière dans les eaux glacées du Grand Nord. Toutefois la participation des marins d’Urrugne lors du siège de La Rochelle (1627-1628) fut déterminante dans ce conflit franco-français auquel était mêlé la flotte anglaise et reste écrite dans l’histoire de notre pays.
Chasseurs de baleines puis pêcheurs de morue, les marins du Pays basque pouvaient également en temps de guerre, munis d’une « lettre de marque » délivrée par l’Amirauté, armer leurs navires en bâtiments corsaires. « Nid de vipères » : c’est ainsi que les Anglais qualifiaient le Golfe de Gascogne et notamment les ports de Bayonne et de Saint-Jean-de-Luz d’où partaient les corsaires basques. Un surnom qui valait bien les « nids de frelons » de Dieppe, de Dunkerque ou de Saint-Malo qui ont forgé le mythe du corsaire français.
L’Histoire a heureusement conservé nombre de noms de marins basques qui se sont illustrés sous le pavillon français au cours des siècles. L’Histoire a conservé au moins deux corsaires originaires d’Hendaye parmi les plus illustres. Étienne Pellot « Montvieux », dit « le Renard basque », né le 1er septembre 1765 à Hendaye et mort le 2 avril 1856 dans cette même ville, est le dernier corsaire français connu. Enfant terrible de la Marine, brave et facétieux, son évasion des pontons anglais a contribué à entretenir sa légende. Il mourut l’année de l’abolition de la course au Traité de Paris en 1856. Sans aucun doute il demeure l’hendayais le plus emblématique, qui fait l’honneur de s’en retourner dans sa ville tous les ans, à l’occasion des fêtes de la Bixintxo, faisant quelque peu ombrage (par omission d’informations) à un de ses aînés bardé de médailles et mort au combat.
Il est vrai que, situé à portée de canon d’Hondarribia, le port d’Hendaye vit le départ pour celui de Bayonne des armements, pour des raisons de facilité et sécurité. Dont celui de la famille de Joannis de Suhigaraychipy.
Quelque peu oubliée, la mémoire du corsaire Joannis de Suhigaraychipy est désormais ravivée avec une place à son nom située sur le Vieux-Port.
Après six mois de travaux de rénovation, ce lieu emblématique d’Hendaye, apprécié des habitants comme des touristes pour sa vue imprenable sur la baie de Txingudi et Hondarribia, offre un espace d’observation accessible, inclusif, confortable et sécurisé qui fait la part belle à l’histoire. La place, par son nom, honore la mémoire du corsaire hendayais également connu sous le nom de Coursic ou Croisic.
L’idée du projet était de concevoir un « îlot de fraîcheur » autour de terrasses, d’escaliers séparés par des garde-corps d’origine (renforcés et revêtement repris selon l’avis des ABF), sur les côtés nord-ouest et sud-est, afin d’être visibles à la fois de loin et depuis la rue du Port. Arbres et arbustes fourniront de l’ombre et renforceront la présence végétale autour du panorama central. De la même manière, des plantes de petite taille suivront le tracé des balustrades pour rejoindre les arbres existants. Cet aménagement a été réalisé pour être en cohérence avec ceux prévus pour la place de la République.
Cet aménagement s’élève à 279 318 € TTC. Il a bénéficié de subventions de la part de l’Etat (DSIL- 39 851€) et la Communauté d’Agglomération Pays Basque 30 000€). Il s’agit du second grand chantier terminé du projet cœur de ville. En quelques chiffres :
250m² de pierre des Carrières de la Rhune
180m² de béton désactivé
70m² d’espaces verts plantés
9 bancs rétroéclairés LED avec dossiers
Des marches éclairage LED
1 plaque explicative sur la position et type bunker (construit entre mars et juillet 1944) Préservation des arbres présents et transplantation de 2 jeunes arbres depuis la Place de la République
1 panoramique réalisé par Bertrand Linne
1 stèle commémorative
Une plaque illustrée d’une gravure de Pablo Tillac, peintre et illustrateur, rappelle son histoire. Quelques cailloux et un peu de terre, ramenés par Axel Brücker du cimetière de Plaisance (Québec) où repose le corsaire ont été déposés sur un espace vert de la place par le maire Kotte Ecenarro et l’historien local Andoni Etxarri.
L’histoire de cette place est liée à celle du Vieux-Port, autrefois connue sous le nom de place du port. Au début, il s’agissait simplement d’un promontoire naturel, où les habitants venaient contempler le coucher de soleil ou observer les événements se déroulant à la frontière. Cependant, son potentiel fut rapidement reconnu par les habitants, qui y voyaient l’opportunité de créer un point d’échanges, de passages et d’observation sur l’estuaire de la Bidassoa et l’Espagne.