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Patrimoine religieux
Des légionnaires romains suppliciés de Sébaste aux "Noyades de Nantes" sous la Terreur
Des légionnaires romains suppliciés de Sébaste aux "Noyades de Nantes" sous la Terreur

| Alexandre de La Cerda 1113 mots

Des légionnaires romains suppliciés de Sébaste aux "Noyades de Nantes" sous la Terreur

Le 22 mars, le calendrier religieux commémore les quarante saints martyrs de Sébaste, torturés et tués pour être restés fidèles à leur foi chrétienne en refusant d'offrir des sacrifices aux dieux païens, un épisode historique datant du quatrième siècle en Petite Arménie (actuellement en territoire turc). 
En 313, si par l'édit de Milan, l’empereur Constantin avait introduit la liberté de religion dans l'Empire romain, pour sa part Licinius, « co-empereur » qui régnait dans sa partie orientale, cessa de respecter l’édit quelques années plus tard en persécutant les chrétiens sur le territoire qui lui était soumis.

Il s’agissait des soldats de la douzième Légion « Fulminata » en garnison à Mélitène en Arménie romaine qui, ayant refusé de sacrifier aux dieux païens, furent mis aux fers par leur commandant Agricola, farouche partisan du paganisme. Les soldats se livrèrent à une prière fervente et une nuit ils entendirent une voix : « Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé » (il convient de rappeler que déjà en l’an 259, Polyeucte, martyr sous Valérien, était un officier de cette douzième Légion qui avait été formée à l’origine par Jules César afin de combattre les Helvètes lors de la guerre des Gaules.

Le lendemain matin, les soldats ont de nouveau été amenés à Agricola. Cette fois, le païen a utilisé la flatterie. Il se mit à louer leur courage, leur jeunesse et leur force, et les invita de nouveau à renoncer au Christ et à gagner ainsi l'honneur et la faveur de l'empereur Licinius lui-même. Face à leur refus renouvelé, Agricola ordonna d'enchaîner les soldats. Cependant, l'aîné d'entre eux, Kirion, déclara : « L'Empereur ne vous a pas donné le droit de nous imposer des chaînes ». Agricola fut embarrassé et ordonna que les soldats soient conduits au cachot sans entraves.

Sept jours plus tard, à Lysias, un noble dignitaire envoyé à Sébaste pour juger les soldats, les futurs saints répondirent fermement : « Vous pouvez confisquer notre dignité de militaires et même nos vies, car pour nous il n'y a rien de plus précieux que le Christ notre Dieu ».

Alors Lysias ordonna que les martyrs soient lapidés. Mais les pierres ratèrent leur cible ; une pierre lancée par Lysias dévia même pour frapper au visage leur chef Agricola ! Les bourreaux comprirent qu'une force invisible protégeait les suppliciés. 
On remit en prison les soldats qui passèrent la nuit en prière et entendirent de nouveau la voix du Seigneur les réconforter : « Celui qui croit en moi, même s'il meurt, reviendra à la vie. Ayez bon courage et n'ayez pas peur, car vous recevrez des couronnes incorruptibles ».

Le lendemain vit la reprise du procès et des interrogatoires devant le bourreau, mais les soldats restèrent inflexibles.

C'était l'hiver, il faisait très froid. Les saints guerriers furent mis à nu, emmenés vers un lac non loin de la ville et gardés sur la glace toute la nuit. Afin de briser la volonté des martyrs, un bain public fut chauffé à proximité sur le rivage. A la première heure de la nuit, alors que le froid devenait épouvantable, l'un des soldats ne put le supporter et se précipita vers les bains publics, mais dès qu'il franchit le seuil, il tomba mort. A la troisième heure de la nuit, le Seigneur envoya une consolation aux martyrs : tout à coup il fit jour, la glace fondit et l'eau du lac se réchauffa. Tous les gardes dormaient, un seul nommé Aglaius était éveillé. En regardant le lac, il vit qu'une couronne brillante apparaissait au-dessus de la tête de chaque martyr. Aglaius dénombra trente-neuf couronnes et se rendit compte que le guerrier en fuite avait perdu sa couronne. Alors Aglaius réveilla le reste des gardes, se débarrassa de ses vêtements et leur dit : « Et je suis chrétien ! » – en rejoignant les martyrs. Debout dans l'eau, il pria : « Seigneur Dieu, je crois en Toi, en qui ces soldats croient. Joins-moi à eux, afin que je puisse souffrir avec Tes serviteurs ».

Le lendemain matin, les tortionnaires furent surpris de voir que les martyrs étaient vivants, avec leur garde Aglaius qui glorifiait également le Christ. 

Par la suite, les soldats furent sortis de l'eau et leurs tibias furen brisés. Lors de cette douloureuse exécution, la mère du plus jeune des guerriers, Meliton, exhorta son fils à ne pas avoir peur et à tout endurer jusqu'au bout. Les corps des martyrs furent placés sur des chars et emmenés pour être brûlés. Le jeune Meliton, qui respirait encore, fut abandonné allongé sur le sol. Alors la mère prit son fils et le porta sur ses épaules après les chars. Lorsque Meliton rendit son dernier soupir, sa mère le plaça sur un char à côté des corps de ses saints compagnons. Les corps des saints furent ensuite brûlés sur un bûcher et les os calcinés, jetés à l'eau pour que les chrétiens ne les ramassent pas.

Trois jours plus tard, les martyrs apparurent en songe au bienheureux Pierre, évêque de Sébaste, et lui ordonnèrent d'enterrer leurs restes. L'évêque, avec plusieurs clercs, recueillit de nuit les restes des glorieux martyrs et les enterra avec les honneurs.

Il y a 230 ans, en prélude à la déportation des Basques, la Loire devenait un « fleuve républicain »

Cet épisode des martyrs de Sébaste sous l’Empire romain pourrait faire penser à un épisode du « populicide » vendéen rappelé récemment par la sortie sur les écrans du film « Vaincre ou mourir » / voyez notre article :
https://www.baskulture.com/article/avec-vaincre-ou-mourir-le-puy-du-fou-se-lance-dans-le-cinma-5117 

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Les Noyades de Nantes ©
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C’était en septembre 1793. La Convention nationale avait envoyé à Nantes le procureur Jean-Baptiste Carrier afin de casser la révolte vendéenne. À la recherche d’un moyen expéditif, il inventa la « déportation verticale », c’est-à-dire la noyade de masse.

Les Noyades de Nantes constituent un épisode méconnu de la Terreur. Entre novembre 1793 et février 1794, plusieurs milliers de personnes, parmi lesquelles des prisonniers politique, de guerre, de droit commun, des gens d’Église et autres meneurs d’opinions qui, suspectes aux yeux de la République, furent noyées dans la Loire sur ordre du procureur Jean-Baptiste Carrier. Un véritable génocide franco-français dont la méthode fut testée sur 90 malheureux prêtres le 16 novembre 1793. 

Ce « succès » engagera les effroyables assassinats de masse qui suivirent. Ainsi, de décembre 1793 à février 1794, hommes, femmes, vieillards et enfants – pour la majorité des Vendéens faits prisonniers après la bataille de Savenay qui se solda par la défaite de l’armée catholique et royale de Vendée – tous ces pauvres gens se retrouvèrent enfermés à la prison de l’Entrepôt des cafés, près du port de Nantes. En découlèrent moult exécutions sommaires par balles, et l’organisation de plusieurs noyades de masse qui exterminèrent la population carcérale. Un bilan terrible estimé entre 8.000 et 9.000 personnes.

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