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Musique
Des fleurons de la musique de chambre dans la thébaïde artistique du château d’Arcangues
Des fleurons de la musique de chambre dans la thébaïde artistique du château d’Arcangues
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| Alexandre de La Cerda 655 mots

Des fleurons de la musique de chambre dans la thébaïde artistique du château d’Arcangues

C’est encore une merveilleuse soirée musicale qu’a connue la demeure des célèbres marquis, amphitryons de la côte basque depuis près de deux siècles : l’énergie déployée par Michel d'Arcangues pour continuer la tradition familiale ne le cède en rien à ses aïeux : l’actuel marquis restaure patiemment et fait revivre son magnifique château en l'inscrivant dans une nouvelle épopée qui l’intègre au tissu des activités sociales, culturelles et économiques contemporaines avec l'aide précieuse de sa collaboratrice Régine-Claire Boissard. On ne compte plus les grands talents que Michel d'Arcangues a invités ces dernières années, particulièrement ceux issus du Royaume de la Musique : de la regrettée Brigitte Engerer et de Clara Malraux ainsi que Mikhail Rudy, tous ont « essayé » le remarquable piano demi-queue Bechstein de 1915 que Michel d'Arcangues a restauré et sur lequel avaient joué Ravel, Stravinsky, Henri Sauguet, Ermend-Bonnal (dont Michel d’Arcangues a écrit la biographie chez Séguier), Cortot, Rubinstein, Ricardo Viñes, et bien d’autres… Sans oublier Augustin Dumay, un des meilleurs violonistes de notre époque, et l’enregistrement des CD de l’intégrale des quatuors d’Andres Isasi pour le label Naxos.

Cette fois, l’orchestrateur musical de cette soirée « à guichets fermés » était Bertrand Latour, le distingué créateur d’Artemonia qui attire dans notre région les meilleurs jeunes et prometteurs musiciens de l’époque, lui-même talentueux hautboïste et organisateur sans pareil, père d’une fratrie de premiers prix de conservatoire brillant œuvrant déjà sur les plus belles scènes européennes. En l’occurrence, ce concert faisait revenir pour notre plus grand bonheur son fils, le violoniste virtuose Guillaume Latour et sa sœur Hélène, violoncelliste tout aussi remarquable, ainsi que plusieurs de leurs amis chambristes – Florian Maviel, violon, Aurélie Deschamps, alto, ainsi que Barbara Le Lièpvre et Jacques Perez, violoncelles - pour constituer un merveilleux sextette à cordes.

Le programme choisi offrait les meilleurs fleurons de la musique de chambre, à commencer par le Concerto pour deux violoncelles en sol mineur de Vivaldi, une pièce d'orfèvrerie unique en son genre dont nos jeunes talents ont su si bien laisser éclater le caractère de légèreté et d'allégresse imprimé par le compositeur au volumineux instrument. Particulièrement Hélène Latour qui confère une extraordinaire expressivité à son violoncelle qu’elle maîtrise admirablement en évoluant avec aisance entre vivacité soutenue et sentiment méditatif.

Quant au Duo en sol majeur pour violon et alto de Mozart, il permettait à Guillaume Latour de révéler toute sa virtuosité non sans manifester une complicité certaine avec le compositeur, qui se lisait dans le regard du jeune soliste : un éclair de malice rejoignant celui du jeune Mozart qui avait très rapidement écrit ce duo pour aider son ami Michael Haydn, frère de Joseph, en peine d’achever un cycle de duos commandés par le « terrible » prince-archevêque de Salzbourg… Ravi de jouer ce tour à son illustre ennemi auquel ce duo avait été livré sous le nom de Haydn, la « supercherie » n'ayant été révélée qu'à la mort du « bénéficiaire » ! Beaucoup d’entrain dans le troisième mouvement, et le dernier coup d’archet était donné par un Guillaume « tout sourire », comme rendu heureux d’avoir joué une bonne blague… Sous le crépitement des applaudissements, également destinés à ses compagnons qui n’ont pas démérité de l’ensemble !

Suivait l'Allegro moderato du Quatuor en Fa majeur de Ravel, chef-d'œuvre du genre composé à l’âge de vingt-sept ans seulement : une sensibilité prégnante qui enveloppa littéralement le public de sa tonalité grave, comme surgie d’un univers empreint de mystère. Enfin, l'Allegro du Quintette à deux violoncelles en do majeur de Schubert permit également d’apprécier le talent du violoniste Florian Maviel, sympathique en diable, dont la parfaite entente avec Guillaume Latour servait la richesse sonore que le compositeur avait imprimée à son œuvre en « animant » les autres instrumentistes dans un ensemble parfaitement à l’unisson, transcendant presque le cadre habituel de la musique de chambre. Le concert était suivi d’un apéritif dînatoire remarquablement apprêté par le traiteur Barrère et arrosé de champagne et de bordeaux du château Miller La Cerda, permettant aux mélomanes de fructueux échanges avec les concertistes.

ALC

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