Poursuivant le thème du suicide de Cléopâtre par Henri-Achille Zo, le musée Bonnat-Helleu continue sur sa lancée dramatique avec « l’acquisition de « Sophonisbe » de Nicolò Bambini (Venise, 1651 - Venise, 1736 ), peintre italien baroque de la fin du XVIIème et du début du XVIIIème siècle, acheté à la Galerie Tarantino-Olsld Masters à Paris.
Cette peinture italienne représente le moment crucial où la reine berbère Numide, originaire de Carthage, entourée de soldats barbares au second plan, s’apprêtait à boire le poison afin d’éviter le déshonneur d’être livrée aux armées romaines en guerre contre l’Afrique (en 203 avant Jésus-Christ).
Représentée avec une touche délicate, le peintre vénitien Niccolò Bambini avait séjournée lors son séjour à Rome participa à Venise à la plupart des décors de l’église Santo Stefano aux palais vénitiens dont le palais des Doges au dans lequel il restaure des œuvres de Tintoret.
Aussi le tableau baroque "Sophonisbe" de Niccolò Bambini viendra s’ajouter à la collection actuelle des tableaux vénitiens de Cima da Conegliano, Andrea Celesti et Giandomenico Tiepolo du musée Bonnat-Helleu.
Plus locale, l’imposante toile des « Bacchanales » signée de l’élève de Léon Bonnat Gabriel Deluc fut acquise en novembre dernier par le musée Bonnat-Helleu lors d’une vente aux enchères de Drouot à Paris. Datée de 1911, cette œuvre reflète l’une des facettes de ce peintre complexe et rappelle l’esprit symbolique de la superbe œuvre du « Lac » acquise en 1912 par le Musée.
C’est dans la maison « Urquino » des Bernoville à Saint-Jean-de-Luz que Bonnat découvrit les prémisses artistiques de ce futur talent de la peinture. Sur son conseil, l’élève fut dirigé vers l’école l’École municipale de dessin et de peinture de Bayonne où il obtint plusieurs médailles d’argent à la suite de son autoportrait puis de la « Cuisinière plumant une poule ». Ces deux tableaux de la première période académique figurent à l’exposition.
A l’âge de 17 ans, Gabriel Deluc fut admis dans l’atelier de Bonnat à l’école des Beaux-Arts à Paris. Après ses études, il s’installa à la cité des artistes de la Ruche dans le XVème arrondissement.
Il revint régulièrement au Pays Basque où il exposa à la Société des Amis des Arts de Bayonne-Biarritz après le Salon des Artistes français à Paris.
A Saint-Jean-de-Luz, sa ville natale, Gabriel Deluc offrit l’œuvre « Le Chevrier » (Paysage basque, 1908). Parallèlement, il participa à l’un des premiers Salon de l’Exposition Internationale de Russie (Odessa, Riga, Kiev et Saint-Pétersbourg) en envoyant ses œuvres aux côtés de celles de Bonnard, Vuillard, Kandinsky, Bakst, Valloton, Maurice Denis, Larionov, Marquet... Parmi les autres œuvres de Gabriel Deluc appartenant à la ville de Bayonne, figurent l' « Intimité (1906) ainsi que le portrait du « frère de Deluc » (1904) et « La danse dans le bois sacré » (1910), don du mécène Edmond de Rothschild. Actuellement, la toile est placée dans la salle des mariages à l’Hôtel de Ville bayonnais.
Gabriel Deluc fonda un groupe artistique : La Libre Peinture. Coloriste talentueux , il fit entrer la lumière dans son œuvre. Se libérant progressivement des touches de l’impressionnisme, il opta pour les aplats savamment composés au thème symboliste. Sa palette où prédominent les tons pastels de rose violine se métamorphosa en des sables, et des Véronèse renforcés de mauve océan comme en témoigne l’oeuvre des "Bacchanales". Une atmosphère qui rappelle celle de Léon Bakst et de Puvis de Chavanne que le public avait pu découvrir lors de l'exposition rétrospective de son oeuvre organisée en 2016par l'ancien professeur d'histoire, passionné d'art Etienne Rousseau-Plotto au musée de Géthary.
Pourtant, ces belles perspectives s’effondrèrent soudainement pour faire place aux cruelles tranchées dans lesquelles gisaient esquissés des soldats de la guerre de 14. En cette fatidique année 1914, l’artiste s’engagea volontairement dans l’Armée française. En 1916, après avoir reçu la Croix de Guerre en février, nommé officier, Gabriel Deluc s’éteignit pour toujours dans les lignes ennemies à Souain dans La Marne, en Champagne. Pour le centenaire de sa mort héroïque, Gabriel Deluc qui n’avait que 35 ans reste à jamais un modèle !
Aussi, lors de ses recherches sur le peintre, Etienne Rousseau-Plotto également musicologue, découvrit par hasard que Maurice Ravel avait dédié « la Forlane », troisième pièce du « Tombeau » de Couperin, à la mort héroïque du jeune Gabriel Deluc.
Erratum : Une autre et dernière acquisition reste à traiter dans un futur, il s'agit d'une aquarelle - Chez l’armurier, dessin d’Achille Zo. Don de la Société des Amis Bonnat-Helleu au musée Bonnat-Helleu.