Au début du mois de septembre dernier, France 2 avait diffusé « Les Filles du feu », une série télévisée en six épisodes tournés en novembre et présentés comme historiques car prétendant retracer l’histoire de la chasse aux sorcières au Pays Basque qui s’était déroulée en 1609 sous Henri IV.
Or, si quelques-uns des faits relatés dans la série sont effectivement véridiques, malheureusement beaucoup contredisent la réalité historique telle qu’elle est effectivement documentée !
Ainsi, Tristan d’Urtubie, aïeul de l’actuel propriétaire du Château d’Urtubie, Laurent de Coral, y est décrit comme un épouvantable personnage et son château comme un lieu ayant hébergé un tribunal, des salles de tortures et des bûchers ! Assertion complètement fausse, et pour permettre de rétablir la vérité sur Tristan d’Urtubie et son château, mais aussi pour mieux comprendre cette période sombre de l’histoire du Labourd, Laurent de Coral avait fait appel à Beñat Zintzo Garmendia, auteur du livre « Histoire de la sorcellerie au Pays Basque, les bûchers de l’injustice » ainsi qu'à Alexandre de La Cerda, auteur des « Histoire extraordinaires du Pays Basque » qui ont animé deux conférences (où on avait dû refuser du monde) sur la véritable histoire de la chasse aux sorcières en Labourd introduites au préalable par Laurent de Coral qui avait évoqué, à la suite d’une visite du château d’Urtubie, la véritable histoire de son ancêtre, si malmené dans la série télévisée.
Voici l'intervention d'Alexandre de La Cerda :
Les publications de toutes sortes et même des films sur ces procès de sorcellerie en Labourd instruits il y a un peu plus de quatre siècles par Pierre Rostéguy de Lancre, un conseiller au Parlement de Bordeaux d’origine basque, ne manquent pas dernièrement : Laurent de Coral vient de vous dire ce qu’il pensait de la récente série télévisée, et l’on pourrait encore citer « Akelarre » (la lande du bouc, en basque, où étaient censés se dérouler les sabbats des sorcières autour du diable figuré par un bouc dans la mythologie basque)
il s’agit du cinquième long métrage du cinéaste argentin Pablo Agüero qui met en scène une fête nocturne improvisée dans la forêt avec des filles d’un village basque alors que les hommes de la région naviguent au large.
Ce film, tourné à l’origine en espagnol et en basque, le plus primé du cinéma ibérique – il remporta cinq « goya » (prix décernés par l'Académie des arts et des sciences cinématographiques d'Espagne) – a évidemment servi à actualiser les revendications de certains mouvements féministes et entraîné les commentaires complaisants de certains critiques journalistiques « louant une prise de conscience de mœurs archaïques toujours ancrés » (service culture sur France Info, cela n’étonnera pas grand monde).
Car, malheureusement, dans les "déclarations d'intention" des uns et les commentaires des autres, il est toujours question de ce "marronnier" (en termes journalistiques, un sujet qui revient chaque année) que constitue l'aspect "répressif de l’église catholique romaine et de son Inquisition" auquel de bonnes âmes ajoutent encore "un antisémitisme échevelé" !
Or, en ce qui concerne les procès de 1609, instrumentalisés par le pouvoir royal, ils répondaient à des questions essentiellement "géopolitiques", et ce sera plutôt l'évêque de Bayonne qui y mettra fin lorsque des prêtres du diocèse seront accusés de... sorcellerie ! D'où ce bref et modeste rappel historique que je me permet d’introduire à présent.
Dans une lettre datée du 17 janvier 1609, le roi Henri IV qui venait de nommer le conseiller au Parlement de Bordeaux Pierre Rostéguy de Lancre à la tête d’une commission chargée d’enquêter sur la sorcellerie au Labourd,
« pays quasi infecté en tous endroits par un si grand nombre de sorciers et de sorcières », Henri IV précisait donc dans sa lettre que « les condamnations à mort des sorciers seraient sans appel ».
Or, les célèbres procès en sorcellerie qui ont furieusement agité la province basque pourraient être mis en relation avec la traite des fourrures que les Basques pratiquaient au Canada bien avant l’arrivée des Français et de Champlain, lesquels voulurent y imposer « leur » monopole d’un commerce si fructueux.
La proximité des dates et des protagonistes des deux affaires ne serait pas dus au seul hasard, même si l’un des éléments déclencheurs procédait certainement d’âpres rivalités entre Luziens et Ziburutar (beaucoup plus que de supposées basses manœuvres du seigneur d’Urtubie, comme le précisait à raison Laurent de Coral).
Inimitié aussi vieille que la formation, par sa division d'Urrugne au XVIe siècle, de Ciboure que seule la Nivelle sépare de sa voisine Saint-Jean-de-Luz. Des rencontres sanglantes opposaient souvent les adversaires sur une île située entre les deux localités.
Les marais qui l'entouraient s'étendaient tout au long de la rivière jusqu'à la maison Lohobiague qui reçut Louis XIV ; ils ne furent pas asséchés avant le milieu du XIXe siècle, et valurent aux luziens l'épithète de « Basakoak », ou habitants de la vase, contre celle de « Arekoak » ou habitants des sables aux Cibouriens (où s’étaient parfois établis quelques cadets « revendicatifs » des familles d’armateurs luziens qui n’avaient pas eu droit à l’héritage familial, revenu aux aînés).
Ces luttes atteignirent leur paroxysme au début du XVIIe siècle, précisément à l'époque des procès en sorcellerie. Elles étaient sans doute encore attisées par la présence à Ciboure des célèbres Cascarots ou Kaskarotak venus d’Espagne.
La fine silhouette de la marchande de poisson « cascarote » au parler à l’accent si guttural, qui courait, pieds nus, porter au marché de Bayonne les sardines le panier sur la tête, est encore resté très populaire. Cette gracieuse et aimable vision ne saurait cependant nous faire oublier les excès et les rapines de cette partie de la population qui réveillèrent une fois encore, peut-être, les éternels antagonismes entre Luziens et Cibouriens.
D’autant plus que s’y joignaient alors des Gitans souvent miséreux et fixés dans les paroisses frontalières, d’Urrugne à Ciboure et de Sare à Saint-Pée et Saint-Jean-de-Luz. Ils étaient appelés « Bohamiak » par les Basques qui voyaient avec frayeur s'installer parmi eux ces étrangers aux mœurs bizarres, diseurs de bonne aventure promptement accusés de magie.
Cet assemblage de populations aussi hétéroclites que bigarrées constitua dès lors un « brouet des sorcières » particulièrement explosif, pimenté encore de quelques vieux conflits d’intérêt entre seigneurs du voisinage. Les affrontements atteignirent leur paroxysme en débouchant sur des accusations mutuelles de maléfices et de diablerie. En attendant l'éradication de ce véritable état de guerre entreprise par les magistrats qui installèrent en 1611 sur « l'île-champ de bataille » un couvent des religieux Récollets afin de pacifier les esprits, un prétexte idéal s’offrait ainsi à la répression de ces débordements !
Un autre fait survenu quelques mois auparavant accéléra sans doute le cours des événements. Les Basques qui pêchaient depuis des décennies au large des « terres neuves » et le long des rives du Saint-Laurent au Canada, s’adonnaient également au commerce ou traite des fourrures grâce à leurs relations privilégiées avec les autochtones amérindiens, lesquels avaient même adopté un certain nombre de mots et d’expression de l’euskara : par exemple, le terme orignal désignant l’élan du Canada proviendrait du basque !
Car la fin du XVIème siècle était spécialement marquée par l'élaboration de quelques projets de colonisation de la Nouvelle-France. La traite des fourrures prenait de l'importance. Le 14 janvier 1588, le roi de France Henri III accorda à deux neveux de Jacques Cartier, Étienne Chaton et Jacques Noël, « un privilège de douze ans pour le trafic des mines et pelleteries au pays de Canada ».
Son successeur, le roi Henri IV malgré tous les problèmes auxquels il devait faire face, manifesta de l'intérêt pour le Nouveau Monde. Le 12 janvier 1598, il nomma Troilus de La Roche de Mesgouez son «lieutenant général dans les pays de Canada, Hochelaga, Terre-Neuve, Labrador, rivière de la Grande-Baie de Norembègue et terres adjacentes desdites provinces et rivières. Les lettres patentes émises à cette occasion donnaient à La Roche le droit de lever des hommes de guerre pour conquérir par la force, s'il le faut, les terres qui lui sont concédées.
À la suite de la signature, le 13 avril 1598, de l'Édit de Nantes, les protestants et les catholiques se trouvèrent sur le même pied en France. Un calviniste notoire, Pierre de Chauvin de Tonnetuit. obtint d'Henri IV pour une période de dix ans le monopole de la traite des fourrures en Nouvelle-France.
Avant même qu’il n’y ait des affrontements sur place avec les marins basques, en Bretagne, nombreux sont ceux qui protestent contre ce monopole de traite. Mais le roi Henri IV maintint, en 1603, ce genre de privilège. Au début de cette année, Chauvin meurt. Aymar de Chaste, gouverneur de Dieppe et chevalier de Malte, obtient d'Henri IV le monopole de commerce que détenait Chauvin. II formera une compagnie regroupant plusieurs marchands de Rouen.
Pierre Du Gua de Monts obtint, à la fin du mois d'octobre 1603, une commission le nommant vice-amiral de l'Acadie. Quelques jours plus tard, Henri IV lui accordera le monopole de commerce sur tout le territoire compris entre les 40' et 46' degrés de latitude nord. La durée du monopole est fixée à dix ans. En échange de quoi, de Monts s'engage à établir en Acadie un certain nombre de colons chaque année, « y compris les vagabonds qu'il pourra conscrire ». Pour réunir les sommes nécessaires à un établissement valable, de Monts forme une compagnie avec des marchands de La Rochelle, de Saint-Malo, de Rouen et de Saint-Jean-de-Luz. Au début du mois de mars 1604, deux navires quittent le port du Havre. À part l'équipage, il y a à bord cent vingt personnes qui ont accepté d'émigrer en Acadie : des artisans, des soldats, des charpentiers, des maçons, des tailleurs de pierre, des architectes, quelques nobles, deux prêtres catholiques et un ministre protestant. Samuel de Champlain fait partie du voyage à titre de géographe et de cartographe.
L’hiver 1607, Pierre Du Gua de Monts doit faire face, en France, à une opposition de plus en plus forte qui conteste son monopole de commerce en Nouvelle-France. Même ses associés ne se gênent pas pour pratiquer la contrebande des fourrures.
Son monopole retiré, il proteste auprès du roi Henri IV qui lui renouvelle son privilège le 7 janvier 1608, pour la durée d'une seule année : Nous faisons très expressément inhibitions et défenses à tous marchands, maîtres et capitaines de navires, matelots et nos autres sujets, de quelques qualités et conditions qu'ils soient, d'équiper aucuns vaisseaux, et en ceux-ci d'aller ou envoyer faire trafic ou troc de pelleterie et autres choses avec les Sauvages de la Nouvelle-France, fréquenter, négocier et communiquer durant ledit temps d'un an en l'étendue du pouvoir dudit sieur De Monts, à peine de désobéissance, de confiscation entière de leurs vaisseaux, vivres, armes et marchandises au profit dudit sieur de Monts pour assurance de la punition de leur désobéissance. » De Monts conserve son titre de lieutenant général de la Nouvelle-France et il donne à Champlain celui de lieutenant.
Champlain, qui avait visité la vallée du Saint-Laurent au cours de l'été 1603, réussit facilement à convaincre de Monts que Québec est l'endroit idéal, tant pour un établissement que pour y faire la traite des fourrures.
Champlain quitte Honfleur sur le Don-de-Dieu, le 13 avril 1608. Huit jours auparavant, un autre navire affrété par de Monts avait également fait voile vers la Nouvelle-France. Le 3 juin, le Don-de-Dieu arrive devant Tadoussac. Champlain fait aussitôt mettre la barque à l'eau pour voir si Grave, qui était sur l'autre navire, était arrivé.
Comme j'étais en chemin, raconte le fondateur de Québec, je rencontrai une chaloupe et le pilote et un Basque qui venaient m'avertir de ce qui leur était survenu pour avoir voulu faire quelques défenses aux vaisseaux basques de traiter, suivant la commission que le sieur de Monts avait obtenue de Sa Majesté.
Gravé, arrivé quelques jours avant Champlain, trouve à Tadoussac un navire basque commandé par Martin Darretche qui y fait la contrebande des fourrures. Ce dernier, n'acceptant pas la mise en demeure de Gravé Du Pont, tire sur le Lévrier force coups de canon et de mousquet. Le capitaine français est blessé, ainsi que trois de ses hommes, dont un mourra par la suite. Les Basques se rendent ensuite à bord du navire français et enlèvent canons et munitions, « disant qu'ils traiteraient malgré les défenses du roi ».
Champlain désire savoir pourquoi un Basque est monté à bord de la chaloupe venue au-devant de lui. Le contrebandier répond « qu'il venait de la part de son maître et de ses compagnons pour tirer l'assurance de moi que je ne leur ferais aucun déplaisir, lorsque notre vaisseau serait dans le port ». Avant de prendre une décision, Champlain rencontre Gravé Du Pont qu'il trouva mal en point : «Nous considérâmes que nous ne pouvions entrer dans le port que par la force. »
Pour ne pas compromettre l'installation à Québec, décision fut prise d'user de diplomatie et d'attendre que le problème se règle en France.
Pendant que l'on travaillait à l'installation au début du mois de juillet 1608, quelques jours après l'arrivée de Champlain à Québec, quelques-uns de ses ouvriers complotèrent pour l'assassiner et vendre l'Habitation à des contrebandiers basques - sans doute français et espagnols - qui pratiquaient cette traite des peaux si convoitée.
Jean Duval recruta quatre colons afin de comploter l'assassinat de Champlain, s’emparer du fort et le remettre aux contrebandiers basques qui promettaient de très bien les rémunérer pour cette traîtrise, et de les emmener en Espagne à bord d'un navire de pêche.
Mais le serrurier Antoine Natel révéla le complot, malgré la menace de se faire poignarder par les autres. Duval subit un procès : il fini pendu, sa tête mise au bout d'une pique a l'endroit le plus élevé du fort. Trois des complices retournèrent en France pour y être jugés.
Rendu furieux, Henri IV conseillé par le chancelier Brulart de Sillery, choisit ce moment pour charger Pierre de Lancre d’enquêter sur la sorcellerie au Labourd. Bien que né à Bordeaux en 1553, ce dernier était le fils d'Étienne de Rosteguy, conseiller du roi et seigneur de Lancre, issu d'une famille de marchands basques.
On notera encore que, parmi les acteurs décisifs dans la création de ce tribunal itinérant, outre Brulart de Sillery, on trouve le juriste originaire du Lyonnais Pierre Cotton, qui connaissait le Pays Basque ainsi que les conflits qui agitaient Saint-Jean-de-Luz, Ciboure et les environs… Et il avait pour priorité depuis 1606 l’installation des Français au Canada…
Le 2 juillet 1609 commence l’une des plus terribles chasses aux sorcières en Labourd et la commission présidée par Pierre de Lancre sévira jusqu’à l’automne lorsque les marins basques, prévenus, rentreront précipitamment des « terres neuves » canadiennes.
Entre-temps, Lancre et ses enquêteurs auront « purgé le pays de tous les sorciers et sorcières sous l'emprise des démons » et fait la lumière, en particulier à Saint-Jean-de-Luz sur « les actes des réfugiés juifs et mauresques expulsés d'Espagne et du Portugal », mais aussi sur « les mœurs réputées libres des femmes de marins en l'absence de leurs maris, et sur les comportements des guérisseuses et cartomanciennes ».
Très vite, dénonciations et inculpations installent la terreur dans nombre de paroisses où des femmes auraient avoué quelque dévotion pas très catholique ou l’utilisation de plantes aux vertus médicinales qui tenaient évidemment bien plus d’une pharmacopée ancestrale que de supposées pratiques de sorcellerie.
Le château de Saint-Pée – et non pas celui d’Urtubie comme l’affirment faussement les séries télévisées - constitua l’un des cadres privilégiés de ces funestes épisodes.
C’est là que Pierre de Rostéguy de Lancre avait installé provisoirement son tribunal pour enquêter sur des crimes de sorcellerie imputés à la châtelaine des lieux par la Murgui, une gitane qui lui servait d’indicatrice !
Pierre de Lancre décrit même une messe noire à laquelle il aurait assisté dans son sommeil, le diable ayant officié sur le ventre de la malheureuse châtelaine. En réalité, comme le soupçonne Michelet qui s’était intéressé à l’histoire, la fameuse gitane était jalouse de la châtelaine dont la beauté pouvait séduire, à ses dépens, le galant de Lancre…
Dans la ligne de mire de Lancre, également, les bains de mer à Biarritz qu'il jugeait contraires à la morale : « ce mélange de grandes filles et de jeunes pêcheurs qu'on voit à la côte en mandille, et tout nus en dessous, se pêle-mêlant dans les ondes »… Il perçut même des « auxiliaires zélées du Malin » dans les benoîtes qui faisaient vœu de célibat pour s’occuper d’entretenir l’église, organiser des cérémonies et, accessoirement, sonner les cloches afin d’appeler aux offices ou détourner les orages et la grêle.
Lancre ne manqua pas non plus de poursuivre des prêtres : on trouve encore à Ascain, non loin de l’église, la maison « Harguibelia », demeure du curé Arguibel qu’il fit brûler vif. C’est même ce qui engagea l’évêque de Bayonne à mettre un bémol aux poursuites de Lancre : Bertrand d’Echaux intervint auprès du roi alors que la résistance s’organisait dans tout le Labourd.
Avertis que leurs femmes, mères, parentes ou sœurs étaient emprisonnées, torturées et risquaient le bûcher, plusieurs milliers de pêcheurs étaient rentrés précipitamment des « terres neuves » canadiennes pour les sauver, faisant ainsi place nette aux colons destinés à peupler Québec et attirés par les profits de la traite des peaux. La fureur des marins basques calma les ardeurs de Lancre, rappelé à Bordeaux par le Parlement qui craignait une émeute. Nous voilà bien loin des soi-disantes mœurs « patriarcales » dénoncées actuellement par l’idéologie féministe...
Le grand peintre Goya s’inspirera du récit publié par Lancre en 1612 sous le titre de « Tableau de l’inconstance des mauvais anges et des démons, où il est amplement traité des sorciers et de la sorcellerie, livre très utile et nécessaire non seulement aux juges, mais à tous ceux qui vivent sous les lois chrétiennes… ». Avant de réaliser ses célèbres « peintures noires » d’où sourd l’hallucinante fureur du « Pré au bouc », il avait figuré un « Aquelarre » pour la demeure des ducs d’Osuna. On y reconnaît l’assemblée des « sorgins » autour d’un akerra « satanisé » et, dans « Asmodea », l’envol vers le sabbat avec au fond le profil caractéristique de la montagne des « Trois Couronnes » vue depuis La Rhune. Un siècle plus tard, dans les premières années de la création du Musée Basque à Bayonne, son directeur William Boissel fit appel à José de La Peña afin d’y créer un véritable « cabinet de sorcellerie ». Dans un de ses tableaux, le peintre prêta même les traits de l’équipe fondatrice du musée à des personnages en costume à fraise d’époque Henri IV censés assister aux fameux sabbats : on y reconnaît en particulier le commandant Boissel, le chanoine Daranatz, Philippe Veyrin, Joseph Nogaret, mais aussi le concierge du musée, M. Urbero, et sa secrétaire, Michèle Aguirre, en souriante et aguicheuse « sorcière »…