Lors d’une forte tempête à la fin du mois de janvier dernier, un bloc de pierre de 50 m3 s'était désolidarisé de la base supportant l'esplanade du Rocher de la Vierge, si prisée des promeneurs.
Les travaux ont débuté à la mi-février pour conforter le parement vertical avec des projections de béton réalisées par une entreprise spécialisée en travaux acrobatiques. Mercredi dernier, la dalle béton qui surplombe le rocher a bénéficié d’une réhabilitation sur une surface totale de 200 m² grâce à un hélicoptère qui a fait plusieurs navettes entre les toupies de béton stationnées sur la Côte des Basques et le chantier sur l’esplanade du rocher où le coulage a pu avoir lieu. Un chantier qui se poursuivra encore au mois d’avril afin de bien agglomérer ce rebouchage avec la roche elle-même. Ce travail effectué, le Rocher de la Vierge pourra être réouvert au public.
Témoin d’une riche histoire
Véritable vigie spirituelle des marins, le Rocher de la Vierge (anciennement nommé « Cucurlon ») faisait partie à l’origine d’un port de refuge destiné à offrir un abri aux navires de commerce dans l'incapacité de franchir la périlleuse Barre de l'Adour. Tel était le grand projet de Napoléon III qui présentait également un avantage militaire : en cas de guerre, ce « Port Neuf » servirait d'appui à une station militaire chargée de surveiller la côte d'Espagne. Il fallut très vite en rabattre car la configuration de cette côte déchiquetée n’aurait jamais pu permettre de dépasser l’envergure d’un refuge accessible seulement aux bateaux de dix mètres de long.
La digue devait au départ s'avancer de trois cent quarante mètres au large ; puis on parla de deux cent soixante dix mètres ; en 1868, on atteignait à peine une centaine de mètres lorsqu'une tempête d'une rare violence y creusa une brèche. Napoléon III, qui avait activement suivi les travaux, vint cette année-là juger de la situation en assistant, impassible, aux dégâts causés par l’océan à son ambitieux « Port Neuf ». C'était son ultime voyage à Biarritz… C’est sous son règne, le 11 juin 1865, qu’une statue coulée dans les ateliers Ducel et achetée à l'Exposition franco-espagnole de Bayonne avait été installée sur le rocher.
Cependant, malgré les apparences, l’initiative impériale ne fut pas sans lendemain.
Elle aura tout au moins permis d'aménager ce rocher en un merveilleux site de promenade. On y perça un tunnel. Un mât pour la mise à l'eau d’un canot de sauvetage se dressait à la sortie du tunnel.
Le grand-duc Alexandre Mikhaïlovitch, frère de l’empereur Alexandre III de Russie et qui aimait séjourner à Biarritz, assista en compagnie de son épouse, la grande-duchesse Xenia Alexandrovna, sœur de Nicolas II, à la bénédiction sur l’esplanade du Rocher de la Vierge de la nouvelle barque acquise par la Société de Sauvetage de Biarritz.
Parmi les promeneurs, Monique Rousseau dans ses « Biarritz-Promenades » raconte que le roi Alphonse XIII, vainqueur des régates Saint-Sébastien - Biarritz, débarqua sur les blocs et gagna à quatre pattes l'esplanade du Rocher de la Vierge, échappant ainsi à la curiosité de la foule et à la réception officielle.