La chapelle impériale, édifice emblématique de Biarritz , nécessite de rappeler l’histoire de sa construction.
Inaugurée le 16 septembre 1865 - une dizaine d’années après le Palais -, fut érigée la chapelle privée entourée d’un parc reliée directement à la Villa Eugénie par un pont de bois qui enjambait un cours d’eau. Après le Second Empire, le cours d’eau fut recouvert par un parc dont les alentours furent envahis par près de 300 habitations en trois ans, donnant lieu à une spéculation effrénée au détriment d’un agencement cohérent qui aurait permis de garder reliée au Palais la chapelle impériale.
Conseillé par son ami le Conservateur des Monuments Historiques Prosper Mérimée, Eugénie de Montijo choisit de faire appel à l’architecte Emile Boeswillwald, disciple de Viollet-le-Duc. La Sainte-Chapelle à Paris figure parmi ses rénovations les plus connues. Habitué de la Côte Basque, l’architecte restaurera également la cathédrale de Bayonne, un « rêve néo-gothique ». Nommé inspecteur général des monuments historiques à la suite de Prosper Mérimée, l’ancien élève d’Henri Labrouste à l'école des Beaux-Arts, avait effectué une talentueuse carrière. Immortalisé par un portrait de Léon Bonnat à la fin de sa vie, il reste l’un des principaux architectes de cette époque.
En 1864, Emile Boeswillwald fit donc construire un édifice religieux original dans le style romano-byzantin aux accents andalous : une chapelle en briques marron-rouges coordonnées à celles du palais, ornée de frises en pierres blanches et de carreaux de faïence exécutés à la manufacture de Sèvres. A droite de la façade principale est sculpté le blason des Guzman et Palafox, comtes de Teba y Montijo, à l’origine de la famille d’Eugénie (et en mémoire de santo Domingo de Guzman). A l’entrée, le porche proéminent en pierres ouvre sur une nef unique aux fenêtres en demi-lune prolongée d’un chevet semi-circulaire. La fresque de la Vierge Notre-Dame de Guadalupe, recouvre le haut de l'abside. L’impératrice Eugénie avait dédié la chapelle - consacrée en 1865 - à Notre-Dame de Guadalupe rappelant que l'édifice religieux fut érigé principalement à la mémoire du succès des troupes françaises au Mexique mettant en place un régime favorable aux intérêts français et à la foi catholique. Aussi l'’épouse de Napoléon III avait émis le vœu, en gage de futurs succès de l’armée française, d’élever dans son domaine une chapelle dédiée à la Sainte Patronne du Mexique. En 1862, peu avant sa construction, l’empereur Napoléon III s’était vu remettre dans la cour de la Villa Eugénie des trophées pris aux Mexicains (le général De Gaulle les rendra lors de sa visite officielle à Mexico en 1964).
Peinte par Louis Charles Auguste Steinheil, Notre-Dame de Guadalupe, est entourée d’un halo de rayons à la feuille d’or. Spécialiste de l’art médiéval chrétien avait auparavant aidé à restaurer les ornementations de la cathédrale de Bayonne avec l’architecte Emile Boeswillwald. Sous l’égide de ce dernier, Steinheil dessina les cartons des futurs vitraux. s’ajoutant au décor sacré, de part et d’autre de l’hôtel, des médaillons vernis, figurent les quatre évangélistes Mathieu, Jean, Marc et Luc Louis Charles Auguste Steinheil, Sur les murs de la nef , le décor fut confié au célèbre -décorateur Alexandre Dominique Denuelle. Ce dernier réalisa des ornementations florales mêlées de rameaux d’olivier ornementations composés des abeilles et d’aigles symboles de l’Empire ponctués par le monogramme« NE » auxquels s’ajoutent les médaillons de colombes, symbolisant la paix. En écho, le plafond à caissons est étoilé d’or et vermillon entrecoupés de motifs géométriques. Afin de respecter le style hispano-mauresque andalou, il fit festonner le bas des murs de la nef par des azulejos.
A l’extérieur, non loin d’une broderie de fleurs, le buste d'Eugénie de Montijo veille sur sa chapelle.
Classée monument historique depuis 1981, la Chapelle impériale reste à jamais l’un des joyaux de Biarritz. Aujourd’hui après avoir fait restaurer en urgence le mobilier de la chapelle, la municipalité de Biarritz sollicite les bienfaiteurs afin d’entreprendre la seconde importante phase de travaux d’un montant d'environ 300 000 euros qui concernera principalement les murs Ouest (à gauche de la nef en entrant) abîmés par les embruns.
Annuellement, quatre messes y sont célébrées : prochainement le vendredi 11 juillet 2025 pour l'Impératrice Eugénie, le 12 décembre prochain pour la fête de Notre-Dame de Guadalupe, le 9 janvier pour l'anniversaire de la mort de Napoléon III, et le 1er juin en mémoire du prince impérial.
Pour en savoir plus : « Napoléon, Eugénie et la chapelle impériale » d’Alexandre de La Cerda, livre réédité en mai 2025 aux éditions Askatasuna. Cet ouvrage à la nouvelle conception graphique a été enrichi par des explications supplémentaires . 80 pages avec planches en couleur – Tarif 22 €
PS VOIR L'INSCRIPTION EN LATIN INDIQUE SUR L'ARC TRIOMPHAL