Dans un courrier qu’il vient d’adresser aux dirigeants et aux membres de l'Académie Internationale de musique Maurice Ravel et du Festival Ravel, son président confirme, comme il était prévisible, l'annulation des manifestations du Printemps de l’Académie qui permettaient, entre autres, de retrouver les derniers lauréats dont les récitals seront reprogrammés ultérieurement, ainsi que la « suspension pour le moment de toute inscription à l’Académie dont l’organisation risque de s’avérer plus que complexe tant les difficultés que nous connaissons tous entravent le parcours des étudiants cette année ».
Quant au Festival-Académie Ravel (dépendant en grande partie des directives gouvernementales), Jean-François Heisser indique qu’il est prévu « un événement ramassé, du 27 août au 1er septembre, rassemblant grands artistes et jeunes musiciens en début de carrière ».
Mais la bonne nouvelle est l’intégration de Bertrand Chamayou à l'équipe du Festival-Académie Ravel: luzien d'adoption et ancien élève de l’Académie, la carrière internationale de ce pianiste renommé ne cesse de s'affirmer. « Il a accepté pour notre plus grande joie cette invitation. Bertrand incarne la jeunesse, le dynamisme, le talent ainsi qu’un engagement appuyé pour la musique de Ravel. Il arrive en temps de crise, mais nous mettons ensemble à profit cette période particulière pour travailler à la construction d’un avenir riche et ambitieux », se réjouit Jean-François Heisser qui précise encore qu’après trois éditions du Festival Ravel né en 2017 de la mutualisation des savoir-faire, compétences et dynamiques des deux associations « Musique en Côte Basque » et « Académie Internationale de musique Maurice Ravel », ces deux structures sont destinées à « se rassembler en une seule organisation qui puisse développer un grand événement européen, totalement reliéà l'esprit ravélien, ouvert sur la jeunesse et la transmission, ambitieux par une présence renforcée d'artistes internationaux, exigeant par l'originalité de ses programmes : un Festival-Académie totalement novateur dans le paysage français et européen.
Dans cette perspective, nous travaillons à la programmation d'un Festival 2021 prestigieux qui serait le lancement du grand évènement que nous appelons tous de nos vœux ».
Partageant désormais la co-direction artistique du Festival-Académie Ravel avec Jean-François Heisser, son ancien professeur, le pianiste Bertrand Chamayou - qui préside également le Comité d'organisation de Musique en Côte-Basque – se déclare « très heureux de rejoindre l’aventure du Festival-Académie Ravel, et ce, à plus d’un titre, car si Ravel est un de mes compositeurs de prédilection depuis mon plus jeune âge, beaucoup d’autres raisons personnelles me relient à ce projet.
Tout d’abord Saint-Jean-de-Luz, qui est ma « deuxième maison » en quelque sorte - j’ai par ailleurs été un élève assidu de l’académie durant mon adolescence.
Ensuite, Jean-François Heisser, qui a été mon professeur au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, mais aussi bien plus que cela : une rencontre, décisive pour moi, et qui a orienté ma carrière pianistique.
C’est une joie doublée d'une immense fierté de pouvoir travailler aujourd’hui à ses côtés à l’élaboration de ce projet, qui trace en quelque sorte l’histoire d’une filiation : Jean-François fut lui-même élève de Vlado Perlemuter, grand légataire de l’interprétation ravélienne ayant travaillé toute l’Œuvre pour piano avec le Maître, dont il possédait des versions annotées par lui, donc des notes transmises depuis Ravel sur trois générations…
Cet "alignement de planètes" ne pouvait que m’inciter et m’inviter à prendre part à cette aventure et à relever le défi de lui insuffler un sang neuf, afin que le nom de Ravel soit associéà un grand événement de niveau international. Et le Pays Basque se doit d’en être le ferment. Le compositeur, natif de Ciboure, affectionnait, plus que tout, ses racines dont il a porté les couleurs dans le monde entier en affirmant puissamment ses origines basques au travers de sa musique ».
Chamayou-Ravel, une belle complicité
Si à travers cette manifestation, Bertrand Chamayou désire « rendre pleinement justice au génie universel de Maurice Ravel », c’est bien parce que le compositeur ziburutar est l’un de ceux qui l’auront le plus marqué depuis son enfance : « Il est le tout premier auteur du XXème siècle que j'ai connu. La partition était celle des "Jeux d'eau". Je revois bien la scène », précisait encore le jeune pianiste lors d’une entrevue sur France Musique : « j'étais encore petit et un voisin de Toulouse qui était plus avancé que moi au piano me l'a montrée. Or cette partition est noire de triples croches, alors qu'à l'époque je ne jouais que des petits morceaux, je n'avais jamais dépassé en complexité les œuvres du style classique.
Ce qui m'a interpellé, c'est le graphisme. Même avec mon niveau, je percevais qu'on pouvait décrire un élément, en l'occurrence l'eau, avec la musique. Rien qu'avec le graphisme, on le voyait : des gouttes d'eau se dessinaient sur la partition. Ça a été le point de départ de ma fascination pour Ravel et pour la musique du XXème siècle en général. Car j'ai, du coup, voulu tout connaître sur Ravel, plus tard j'ai abordé"Gaspard de la nuit", j'ai continué au Conservatoire de Toulouse, j'ai même eu les enregistrements de Vlado Perlemuter (qui fut l'élève de Ravel)... Très peu de temps après d'ailleurs, je suis alléécouter ce dernier en concert à Toulouse et il a joué"Jeux d'eau" en bis pour me combler. Aujourd'hui, "Jeux d'eau" est la première plage de mon intégrale Ravel, et ce n'est pas un hasard ».
En retrouvant prochainement Bertrand Chamayou, lauréat (entre autres) à quatre reprises des prestigieuses Victoires de la Musique Classique, les mélomanes se souviendront en particulier de sa magnifique interprétation du deuxième Concerto pour piano de Camille Saint-Saëns avec l'Orchestre Français des Jeunes en septembre dernier à l’église de Saint Jean de Luz. Et il découvriront avec plaisir son « Intégrale » des œuvres pour piano de Ravel éditée chez Erato.
1 Le pianiste Bertrand Chamayou
2 Double lauréat en octobre à Londres des prestigieux Gramophone Awards