Lydia Deetz (Winona Ryder) anime un talk-show pour la télévision américaine intitulé Ghost House (maison hantée). Elle est exténuée par les enregistrements publics successifs dont le metteur en scène, Rory (Justin Theroux), est à la fois son manager et son compagnon. Elle craque et fuit dans sa loge où Rory, empressé, tente de la convaincre de revenir sur le plateau. De retour sous les projecteurs elle hallucine : le fantôme de Beetlejuice (Michael Keaton) apparait, furtivement, au milieu du public. Peu de temps après, Delia (Catherine O’Hara) sa belle-mère, l’informe de la nouvelle du décès de son père Charles Deetz (Jeffrey Jones) dévoré par un requin ( !) après le crash de son avion dans l’océan.
Lydia, Rory et Delia partent dans l’état du Connecticut afin d’assister aux funérailles de Charles dont la dépouille a été rapatriée. En route, ils prennent à bord la fille de Lydia Astrid (Jenna Ortega), une lycéenne, adolescente farouche, renfermée, qui entretient des relations tendues avec sa famille recomposée. A Winter River, la maison familiale à l’architecture tourmentée, habillée de crêpe noir en signe de deuil, trône, isolée, au sommet d’une colline. Après la cérémonie d’inhumation, les invités y accourent.
Trente-six ans après, Lydia retrouve cette maison hantée où elle a vécu avec Delia sa belle-mère et Charles son père. Impatient, Rory l’accable de demandes en mariage. Elle temporise sous divers prétextes. Astrid intriguée visite la maison à étages aux multiples recoins. Elle découvre une grande maquette dans le grenier et un livre étrange décrivant les passages (portes) de la mort à la vie et vice versa. Sa mère inquiète la surprend, la met en garde. Rory ne tarde pas à accéder au grenier où il découvre la maquette …
Beetlejuice Beetlejuice est le vingtième long métrage de Tim Burton (66 ans) près de quarante ans après son premier opus : Pee-Wee Big Adventure (1985). Après ce premier succès inespéré, son deuxième opus a été Beetlejuice (1988) autre grand succès au box-office, avec comme interprètes, une partie du casting de sa dernière œuvre : Winona Ryder (Lydia Deezt), Michael Keaton (Beetljuice à 36 ans et … 72 ans !), Catherine O’Hara (Delia Deetz).
Tim Burton a une filmographie étonnante ou des monstres et des créatures peuplent ses films dans un mélange de macabre, d’humour noir, et d’ironie. Ses réalisations au gré des financements des studios hollywoodiens (Walt Disney, Warner Bros, Fox, etc.) ont touché tous les genres : film d’épouvante (Charlie et la Chocolaterie - 2005), conte mélodrame (Ed Wood – 1994), science-fiction (Mars Attacks – 1996, La Planète des singes – 2001)), comédie fantastique (Big Fish – 2003), etc., peuplés de personnages marginaux, hors normes, farfelus, vivant dans un univers médiocre, trop étroit pour eux.
Ses films recèlent des emprunts au cinéma fantastique américain (Frankenstein – 1931 - de James Whale), à l’expressionniste allemand (Nosferatu le vampire – 1922 - de Friedrich Wilhem Murnau), (le Cabinet du Docteur Caligari – 1920 – de Robert Wiene) ainsi qu’au studio anglais Hammer Film Productions spécialisé dans les films d’épouvante à petit budget de la décennie 1950/1960 (Dracula, Frankenstein, Quatermass).
Tim Burton s’est « nourri » de toutes ces influences pour bâtir son propre langage cinématographique. Dans un interview, il déclare : « Mon truc à moi ce sont les monstres. Déjà, môme, je les aimais. Je me sentais proche d’eux : en marge de la société et incompris, comme eux. De plus, j’ai toujours un faible pour les outsiders, ceux que l’on pense méchants alors que, en fait, ils ne le sont pas ». Aidé d’une solide écurie fidèle, quel que soit le budget alloué au film (de 10 millions à 200 millions $ !), elle demeure toujours très créative au niveau des personnages, des costumes, des décors, etc. De concert, celle-ci crée un univers artisanal mélangeant les techniques cinématographiques anciennes en droite ligne de celles de Georges Méliès (1861/1938) : animation en volume, marionnettes, trucages rudimentaires, et peu … d’effets spéciaux numériques. La toile, le bois, le carton, le staff, les maquillages outranciers sont de mise.
Certes, le scénario de Beetlejuice Beetlejuice est mince, prétexte au déferlement de personnages excentriques, improbables, excessifs, mais qui, dans l’univers macabre qui nous est proposé, prête à sourire. Ce long métrage faisant suite au premier de 1988 est un voyage hilarant des vivants dans le royaume des morts. Les translations soudaines d’un monde à l’autre abolissent les barrières humainement infranchissables.
Mais ce déluge d’images orchestrées de main de maître par Tim Burton nous aspire dans sa folle équipée trouée de séquences de pur délire : apparition de Monica Belluci (Delores) en ex-épouse (reconstruite !) de Beetlejuice, le bon lutin « bio-exorciste » excité et déjanté.
Ce film épatant pour les spectateurs en mode « roue libre », se laissant capturer par cette comédie horrifique, jubilatoire, plus subtile qu’il n’y parait, seront comblés. D’autres percevront le film comme foutraque, ce qu’il est et assume. Toutefois, le talent protéiforme de Tim Burton (et de son équipe !) est incontestable.
Beetlejuice Beetlejuice a été projeté à la Mostra de Venise 2024 hors compétition en ouverture du festival.