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Bayonne : revivifier l'arc atlantique aux 2èmes Rencontres transfrontalières
Bayonne : revivifier l'arc atlantique aux 2èmes Rencontres transfrontalières

| Alexandre de La Cerda 1141 mots

Bayonne : revivifier l'arc atlantique aux 2èmes Rencontres transfrontalières

La deuxième édition des Rencontres transfrontalières qui s'est déroulée mercredi dernier à Bayonne a connu un franc succès de par la qualité des intervenants, l'intérêt des sujets abordés ainsi que la grande affluence du public qui remplissait le Théâtre Michel Portal : près de 500 participants, parmi lesquels de nombreuses "sociétés savantes" des deux côtés de la "muga", en particulier la renommée Real Sociedad Bascongada de Amigos del Pais qui avait affrété un autobus avec des délégués de toutes les provinces basques, on citera Amelia Baldeón Iñigo, ancienne élève de l'abbé Barandiarán et directrice du musée archéologique d'Álava qui préside la section alavaise de la société ; une délégation de la Sté des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne avec sa présidente Josette Pontet ; l'association "Ensanche XIX de Vitoria/Gasteiz" qui dynamise le cœur de la capitale d'Euskadi et correspond avec son homologue "Bayonne Centre ancien - Patrimoine & avenir". Et combien d'autres entités culturelles, comme Itzal Aktiboa de Josette Dacosta et Nicholas Bray venus de Garazi, ainsi que de nombreux maires et élus basques des deux côtés (Yves Ugalde, adjt à la Culture bayonnais) et responsables (Matthieu Bardiaux, directeur des Aff. Cult. biarrot)...

Un succès dû en grande partie à l'organisateur de cette manifestation, Joseba Erremundeguy, conseiller délégué aux Coopérations Internationales, Européennes et Transfrontalières à la Communauté d'Agglomération Pays Basque, ainsi qu'à Ttotte Darguy, directeur de France Bleu Pays Basque (un ancien de Radio Adour Navarre où il avait « fait ses armes », comme nombre de journalistes et d’animateurs radio de la région) qui avait animé avec brio, selon son habitude, les tables rondes, en étant secondé par Oihane Mateos, journaliste à la télévision basque Euskal Telebista.

Ouverte par le président de la Communauté d'Agglomération Pays Basque, Me Jean-René Etchegaray, et Marian Elorza Zubiria, secrét.-gén. de l'Action extérieure du Gouvernement basque qui représentait le Lehendakari Iñigo Urkullu, hélas empêché à cause du décès de sa mère dont les funérailles avaient lieu ce même jour, le colloque s'ordonna autour du thème « La Cité au cœur du défi européen et transfrontalier »

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Joseba Erremundeguy et Jon Insausti ©
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Après une matinée consacrée à l’Europe (avec la participation de Jean-Jacques Lasserre, président du Conseil départemental qui cita plusieurs exemples de coopération avec Aragon, Navarre et Euskadi, par exemple en matière de sécurité et sauvetage en zone montagne, sans occulter les difficultés qui subsistent du fait de normes et de budgets différents, avec une centralisation poussée de notre côté et une réduction de l'autonomie financière), une nouvelle table ronde ouverte par Joseba Erremundeguy et Jon Insausti, Conseiller pour la Culture et l’Euskara à la Mairie de Donostia-Saint Sébastien fit dialoguer les maires des deux côtés de la Bidassoa sur leurs visions de l’aménagement des villes. 

En particulier, une introduction d'Ander Gortazar Balerdi, architecte diplômé de l'Université du Pays Basque, spécialisé dans la planification urbaine, territoriale et la mobilité, évoqua, après un développement équivalent des deux côtés du Pays Basque jusqu'au XVIIIème siècle, l'apparition d'une "bifurcation" entre densité et verticalité du fait d'une industrialisation poussée au sud, et une horizontalité et peu de densité au nord, alors qu'à présent, les deux directions devraient se rapprocher en vue de la consolidation d'un réseau de villes moyennes, bénéficiant chacune de services adéquats.

Un débat s'instaura entre les maires participants, spécialement ceux d'Eibar et de Vitoria, alors que celle de Bardos, Maider Béhotéguy : « le maire doit d’abord être convaincu lui-même. Ensuite, il faut faire évoluer les mentalités, mais sans imposer. Cela passe par de la pédagogie » ; à Bardos  qui compte près de 2 000 habitants, « on passe de 8 à 16 logements par hectare » ; quant à la hauteur, « on ne va pas faire des immeubles de 14 étages : il faut travailler avec les promoteurs pour bâtir des constructions qui s’intègrent dans le paysage. Il faut faire de la densité intelligente ».

Et si la députée générale de Guipuzcoa Eider Mendoza Larrañaga avait insisté, pour sa part, sur la nécessité d’une « collaboration transfrontalière de part et d’autre de la Bidassoa pour relever les défis et les transformations futures. En lançant des projets innovants, nous pouvons apporter une contribution forte à la construction de l'Europe depuis Euskal Herria », ce sont des perspectives très intéressantes qu'a évoquées Bingen Zupiria Gorostidi, ministre de la Culture et de la Politique Linguistique, porte-parole du Gouvernement Basque : ces derniers temps, « la construction européenne s'accroît vers l'Est (et continuera dans cette direction), alors que les populations de l'« Arc Atlantique » risquent d'en pâtir, d'où l'action du Lehendakari Iñigo Urkullu en vue de renforcer cet « Arc Atlantique de Bordeaux à Porto (au Portugal) ».
Déjà, Bilbao, Saint-Sébastien, Bayonne et Biarritz collaborent dans le domaine culturel et muséal, une extension serait désirable vers Santander et Bordeaux (informatisation, catalogues, digitalisation des oeuvres, etc.).   
Reste à voir si le Lendakari et son équipe issus des élections qui auront lieu le 21 avril prochain en Euskadi maintiendront ou altéreront cette - me semble-t-il, judicieuse - ligne politique… 

De quoi introduire la dernière table ronde intitulée « Ces musées qui font le Pays Basque » qui avait rassemblé les directeurs de plusieurs musées importants de notre territoire transfrontalier : Miguel Zugaza Miranda, directeur du Musée des Beaux-Arts de Bilbao, Sabine Cazenave, directrice des Musées Basque et Bonnat-Helleu, ainsi que Susana Soto, directrice de San Telmo à Saint-Sébastien.
Si le musée Bellas Artes de Bilbao n'a pas fermé à l'occasion de ses travaux - il présente actuellement une centaine de pièces liées au design industriel et à l'architecture dont s'occupa également le sculpteur Néstor Basterretxea dont on marque le centenaire cette année -, on retiendra essentiellement la confirmation de la réouverture du musée Bonnat à l'automne 2025, en même temps que la fin des travaux au Bellas Artes, ce qui permettrait une communication groupée ?
Avec en perspective l'installation d'une annexe à Saint-Palais - en fait un vrai musée autour de la réorganisation du musée de Basse-Navarre - et à Mauléon.
« Dans une société mondialisée, il importe, précisera encore Sabine Cazenave, de conserver nos spécificités, et en regard du Musée Basque, par exemple les objets vernaculaires, dont beaucoup ont disparu, constituent des objets d'art »... 

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Jon Maya Sein ©
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Et comme conclusion, j'adopterais volontiers celle d'Yves Ugalde, adjoint à la Culture bayonnais et président du syndicat gestionnaire du Musée Basque : « Deuxièmes Rencontres Transfrontalières à Bayonne, au théâtre Michel Portal : une belle affluence et des tables rondes de très bon niveau ; le tout conclu par un passage dansé de Kukai Dantza, la compagnie de danse guipuzcoane au sommet de son inspiration enracinée. 
Et cette phrase de son leader : "nous ne sommes sûrement pas les meilleurs danseurs du monde, mais personne ne danse comme nous dans le monde"...
Peut-être le plus beau résumé de tout ce qui s'est dit durant la journée, que ce soit en matière d'espace transfrontalier, d'urbanisme ou de culture, partagé avec nos "voisins", "amis" du 
sud ».

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Un pas de danse par Jon Maya ©
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