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Manifestation
Bayonne : la compagnie de danse Argia crée « Martin Zalakain »
Bayonne : la compagnie de danse Argia crée « Martin Zalakain »
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| Alexandre de La Cerda 801 mots

Bayonne : la compagnie de danse Argia crée « Martin Zalakain »

À l’occasion de son 50ème anniversaire, le groupe de danse Argia - référence incontournable des arts populaires du Pays Basque – fondé par le chorégraphe iruñatar (de Pampelune) Juan Antonio Urbeltz, a créé un nouveau spectacle inspiré de « Zalakain l'aventurier », roman de l’écrivain basque Pío Baroja. Cette œuvre sera présentée samedi 17 février à 20h30 et dimanche 18 février à 17h au Théâtre de Bayonne. Publié en 1908, ce dernier roman de la trilogie « Tierras vascas » (avec « La casa de Aitzgorri, 1900, et « El mayorazgo de Labraz, 1903) conte l’histoire de Martin Zalacain, originaire de la ville imaginaire d'Urbía ou d'Urbide qui fut élevé par son grand-oncle Tellagori, lequel lui transmit son amour pour la nature et, par-dessus tout, à être fort dans chaque situation. Plus tard, arrivé à l’âge adulte, sont racontées les aventures de Zalacain et de ses compagnons durant la troisème guerre carliste, son amour pour son amie d’enfance Catalina Ohando qui l’entraînera jusqu’au village bas-navarrais de Çaro (Zaro), et ses affrontements avec Carlos Ohando, le frère de sa fiancée et son ennemi de toujours ; des personnages attachants dont les aventures s’enchaînent avec de l’action, de l’amour et de l’humour.

Une peinture de la société basque entre réalisme et impressionnisme

De Pio Baroja, on connaît (de ce côté de la « muga ») sa nouvelle « La dama de Urtubia » qui plonge son récit dans l’histoire mouvementée du château d’Urtubie à Urrugne et des lignages basques rassemblés en coalitions rivales qui luttaient férocement entre eux : les Gamboïnos (qui soutenaient la cause navarraise) et les Oñacinos, partisans de la Castille dans l’affaire de succession en Navarre. Jean de Monreal, qui faisait partie des Oñacinos, avait épousé Marie d’Urtubie après l’avoir enlevée. Parti pendant trente ans au service du roi Louis XI sans donner, semble-t-il, aucune nouvelle à sa famille, il retourna à Urtubie pour y trouver son épouse remariée avec Rodrigo de Gamboa, Seigneur d’Alzate, dont elle eut également des enfants.

On imagine la situation ! Les luttes durent être chaudes, d’autant plus que se posait la question : qui va hériter du domaine, entre les enfants du premier mariage et ceux du second ? Après d’innombrables procès, et l’incendie d‘Urtubie par l’épouse bigame – la fameuse « dama de Urtubia » racontée par Pio Baroja -, furieuse d’avoir été évincée du château en première instance, il fallut attendre plus d’un siècle qu’un règlement de l’affaire finisse par réunir leurs héritiers. Heureusement, c’était la partie en bois du château qui brûla, les pierres restèrent intactes jusqu’à nos jours ! Il y a quelques années, Alexandre Hurel avait eu le bon goût de réunir ce récit avec d’autres nouvelles de Pio Baroja traduites en français et publiées par ses éditions Pimientos (ouvrage en vente au château d’Urtubie). Rappelons encore que Pio Baroja figure parmi les grands noms de la littérature espagnole de la « Génération de 1898 » qui comprend également des scientifiques, des historiens et des artistes, tel le peintre Zuloaga dont une partie de l’œuvre, d’une couleur réaliste, voire « dramatique », sera d’ailleurs fortement influencée par la littérature de « 98 »…

Pour en revenir à « Martin Zalakain » mis en scène par la compagnie de danse Argia, c’est donc de cette penture, entre réalisme et impressionnisme, de la société basque de la fin du XIXe siècle et du début du XXe que s’est inspiré le chorégraphe Juan Antonio Urbeltz. Après un séjour parmi les danseurs du groupe Goizaldi, il avait investi la danse basque en créant en 1965 la compagnie Argia qu’il produisit dans de nombreux pays, tout en collectant danses et chants traditionnels de Navarre, parfois en voie de perdition telle « Axuri beltza ». Cela, dans un esprit de renouvellement afin de « montrer aux jeunes la possibilité de renouveler sans cesse la danse à travers le monde métaphorique », et de « jouer sur la relation dialectique entre les pas de danse appris et la réinterprétation qu’on peut en faire ».

Avec Martin Zalakain, Juan Antonio Urbeltz s’associe à l’auteur Harkaitz Cano et au metteur en scène Ander Lipus dans le but de rénover le langage et la forme de la danse traditionnelle basque en créant un nouveau modèle narratif associant danse et émotion. Le spectacle s’inspire de la tradition théâtrale de Soule, particulièrement de la pastorale, mais également des richesses de la Renaissance italienne, du ballet inventé en France par Louis XIV ou encore des Ballets russes du XXe siècle. Sur scène, le comédien Ander Lipus, narrateur du récit, incarne Pío Baroja. Venus des quatre coins du Pays Basque, de nombreux danseurs et musiciens sont réunis pour jouer l’histoire des bonnes et mauvaises fortunes de Martín Zalacaín (spectacle présenté en euskara et surtitré en français). 

« Martin Zalakain » par la compagnie de danse Argia, samedi 17 février à 20h30 et dimanche 18 février à 17h au Théâtre de Bayonne (plein tarif : 25 € - Tarif réduit A : 22 € - Tarif réduit B & enfant : 18 € - Abonnement : catégorie B - Places numérotées)

Alexandre de La Cerda

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