Quand nous évoquons les basiliques nous pensons naturellement à des édifices religieux quasi exclusifs mais en oublions l'origine qui fut un édifice civil que les croyants s'approprièrent pour leurs cultes.
A l'inverse, en France, on sait que le Panthéon fut une église classifiée par la république pour y honorer les grands hommes méritants de la Nation. L'histoire ne se faisant jamais à l'univoque, on épouse selon les époques des pratiques différentes pour le même espace public !
Dans l'histoire de la citoyenneté latine dont nous héritâmes, l'empereur Constantin, sur le conseil d'Hélène, sa mère, devenue chrétienne, autorisa à adopter des édifices civils de l'empire pour en faire des basiliques. Renonçant aux temples funéraires primitifs permettant aux chrétiens d'avoir et leurs lieux cultuels et ériger des codes culturels à cette intention.
Un temple correspondant selon les codes conventionnels à un carré fermé comme une cella, chambre où se trouve la statue de Dieu, entouré d'une colonnade et d'un vaste espace ouvert où se déroulent les sacrifices mais le lieu n'est guère hospitalier pour s'y rassembler.
Les chrétiens ont donc besoin de la maison de l'ecclesia, ou l'Eglise.
Les juifs, nos aînés, nous firent partager leurs salles dépouillées où l'on venait lire, étudier la parole de Dieu, comme Jésus l'avait fait à Nazareth chez les juifs, Luc 4, 17 s
Dans les anciens bâtiments il existait bien un espace vaste, harmonieux et simple qui semblait plus approprié à la célébration communautaire, on l'appelait la basilique !
Basilikos était un édifice royal visible et majestueux que l'on contemplait et pratiquait comme un lieu utilitaire de première main.
Les fidèles religieux adoptèrent un horizon rectangulaire habillé de files de colonnes de plusieurs nefs, et les cathédrales issues de ces figures originelles en sont l'illustration la plus orthodoxe.
Lors de la Révolution française et par la suite, les basiliques devinrent parfois de véritables marchés couverts pour le commerce et les échanges publics. On a peine à le croire, mais de facto, les cathédrales-basiliques le devinrent quelque temps au Moyen Age mais sans durée !
On apprit de l'architecture religieuse le langage des nefs, des absides, des ambons, des tribunes, ou pupitres.
Mais à l'origine, ces espaces réservés à des procès, aux juges aux assesseurs, n'avaient été pensés pour y répartir les hommes, les femmes, les pénitents et les catéchumènes lors des services cultuels.
Au risque de froisser la sensibilité vive des classiques défenseurs de la tradition inchangée, on dut se résoudre à adapter la basilique comme l'église par la suite, à ces assemblées plurielles sans siège pour des fidèles, debout, et un maître de chœur également debout !
La cathèdre et le siège venant ajouter et marquer la différence de fonction et de la mission du titulaire, on citait en latin la formule "honor sedendi et jus offerendi", comprenez pour les incorrigibles, l'honneur de pouvoir s'assoir et le droit d'offrir le sacrifice !
Les liturges n'ayant jamais manqué de singularité au fil du temps, on adopta des formes rituelles différentes pour les temps successifs du culte chrétien, la lecture de la parole, le chant, la place du chantre, la place attribuée au chant grégorien et la particularité du graduel, comprenez la place donnée à ce qui se chante sur les degrés du sanctuaire !
Mais en ce cadre austère, sans siège pour l'assemblée, il y avait un objet indispensable pour le culte, l'autel.
Dans les basiliques civiles et royales, l'autel des sacrifices et de l'encens ne pouvant en l'état servir d'autel eucharistique, chacun le comprenait, il fallut ajuster finement l'altaris religieux à l'ara terme civil primitif de l'autel des basiliques !
Question de terminologie ou véritable création chrétienne d'un support spécifique et cultuel ?
Une question en l'état ?
Il fallait sans doute ménager les vieux rituels païens sans les confondre avec les chrétiens, curiosité du sujet, comment se fit cette évolution des esprits ?
Une question ouverte pour nous !