Ce mardi 21 janvier à 15h, l'Université du Temps Libre - côte basque sud accueillera une conférence d'André Lestanguet sur les frontières pyrénéennes.
La frontière entre la France et l’Espagne a été définie par le Traité des Pyrénées de 1659, puis par ceux de Bayonne de 1856, 1862 et 1866. Ces derniers Traités ont précisé l’emplacement de bornes et croix frontière numérotées de 1 à 602 (1 à 311 pour le Pays Basque et le Béarn, notre photo de couverture : le député Vincent Bru et les maires frontaliers vérifiant les bornes-frontière avec la Navarre, 2019).
Ce sont souvent des faits historiques qui ont façonné la frontière depuis longtemps, conduisant à des tracés parfois éloignés de la ligne divisoire. Le conférencier fera découvrir cette frontière basco-béarnaise en s’attardant dans quelques endroits spécifiques de par leur histoire (l’Île des Faisans, le Pays Quint, la forêt d’Iraty…).
André Lestanguet, pyrénéiste, a parcouru nos montagnes au cours d’innombrables randonnées. Son site web https://frontiere-64.fr répertorie et commente ses multiples découvertes.
La conférence a lieu à la Villa Ducontenia (12, Avenue Ithurralde) à Saint-Jean-de-Luz / Entrées : 5 € pour les non abonnés.
Le professeur Jean Sermet, superviseur de l'a vort ement frontalier pyrénéen
L’occasion d'évoquer l'action dans le domaine frontalier du professeur Jean Sermet. Ce grand spécialiste de la question des frontières fut la véritable cheville ouvrière de la Commission Internationale des Pyrénées de 1950 jusqu'à 2002.
Il y a une vingtaine d’années, j'eus l'insigne honneur d'être reçu par lui au sein de l'Académie des Jeux Floraux - le plus antique cénacle littéraire d'Europe fondé à Toulouse en 1323 par sept troubadours - dont Jean Sermet était le Secrétaire perpétuel et le doyen. Lors de la remise de mes « Lettres de maîtrise », il avait rappelé ses origines maternelles à Ustaritz, ses années d'enseignement au lycée de Bayonne qui avaient précédé son entrée à l'Université de Toulouse II où il fut professeur titulaire de Géographie de l’Espagne et des Pays Hispaniques et Secrétaire Général du Centre d’Études Hispaniques.
Et, surtout, sa participation à la Commission Internationale des Pyrénées sur demande du Préfet de Région – à l'époque, il s’agissait d’un Préfet « Igame » – Emile Pelletier. Lié pendant un demi-siècle à l'examen et à la discussion de tous les problèmes politiques et économiques des régions pyrénéennes transfrontalières, il en supervisa également l'abornement.
La délimitation actuelle de la frontière date du traité de Bayonne conclu le 2 décembre 1856 entre la France et l'Espagne qui faisait suite au traité des Pyrénées (signé le 7 novembre 1659) dont il précise certains points : il détermine plus précisément la frontière depuis l'embouchure de la Bidassoa jusqu'au point où confinent le département des Pyrénées-Atlantiques (anciennement Basses-Pyrénées), l'Aragon et la Navarre, afin de surmonter aux difficultés rencontrées depuis des siècles. Ce sera traité suivi des traités de Bayonne "additionnels" en 1862 et en 1866 qui préciseront à leur tour le reste de la frontière franco-espagnole en vigueur de nos jours. @Chaque passage frontalier, le plus souvent un col, possède sa borne ou croix frontière : pour les routiers cela commence avec la BF 13 au Col d'Ibardin en Pays Basque et continue, en entre autres à Lizarrieta BF 44, Ispéguy BF 91, Larrau BF 237bis, Pierre Saint-Martin BF 262, etc. @@L'introduction du traité indique : « Napoléon III empereur des Français, et Isabelle II reine des Espagnes, voulant consolider et maintenir la paix et la concorde entre les populations des deux États habitant la partie de la frontière qui s'étend depuis le sommet d'Analarra, où confinent le département des Basses-Pyrénées, l'Aragon et la Navarre, jusqu' à l'embouchure de la Bidassoa, dans la rade du Figuier, et prévenir à jamais le retour des conflits regrettables qui, jusqu'à l'ouverture des négociations actuelles, ont eu lieu à de différentes époques sur plusieurs points de cette frontière par suite de l'incertitude qui a régné jusqu'à présent au sujet de la propriété de quelques territoires et de la jouissance de certains privilèges que les frontaliers des deux pays revendiquaient comme leur appartenant exclusivement, et jugeant que, pour atteindre ce mais, il était nécessaire de déterminer, d'une manière précise, les droits des populations frontalières, et en même temps les limites des deux Souverainetés, depuis l'extrémité orientale de la Navarre jusqu'à la rade du Figuier, dans un traité spécial, auquel devra répondre se rattacher plus tard les arrangements à prendre sur le reste de la frontière depuis le sommet d'Analarra jusqu'à la Méditerranée » .
A noter encore l'existence dans nos montagnes des antiques faceries ou paceries (paix), ces traités diplomatiques avant la lettre qui constituent une particularité des provinces basques : conclus et renouvelées entre les communautés des vallées frontalières (en dehors de Madrid et de Paris ou Versailles), elles assurent encore le pacage des troupeaux sur les versants les mieux exposés à l'ensoleillement. Comme sur mer, les « traités de bonne correspondance » préservaient la paix, les échanges commerciaux et les communications maritimes par cabotage jusqu'à quatre lieux de la côte entre Guipuzcoans et Biscayens d'une part, Labourdins de l'autre, quand les souverains respectif (anglais, français ou castillan) se faisait la guerre.