Depuis quarante ans, Aïtor de Mendizabal se bat pour préserver la nature. A l’occasion de l’exposition “L’arbre et sa forêt de signes”, le sculpteur-dessinateur délivre à travers ses œuvres un message sur les affres de la déforestation à la galerie contemporaine d’Arte Bideak à Ciboure, suite à celle qu’il avait présentée le mois dernier à l’Institut Cervantes à Toulouse et qui lui avait permis de sensibiliser l’opinion et de lier de nombreux contacts.
Inspiré par la musique de Durosoir auquel il avait rendu hommage par une imposante sculpture à l’entrée de Bélus, Aïtor de Mendizabal vit et travaille entre Saint-Sébastien ou sa famille paternelle est établie, et sa maison-atelier d'Arcangues, entourée de chênes et de cyprès.
Comme tous les Basques, Aitor de Mendizabal voue un culte particulier au chêne. Depuis le XVème jusqu'au XIXème siècle à Gernika, le parlement, avant la construction de la Casa de Juntas, se réunissait sous cet arbre symbolique pour prononcer un serment et voter les lois.
Basque mâtiné d’italianisme par ses études aux Beaux-Arts à Rome, il a appris à tailler à main levée sans esquisse d'après la technique de son premier maître espagnol Reinaldo le marbre blanc à Carrare, et celui de couleur crème, plus réputé pour sa qualité, de Pietra Santa où il habita durant une dizaine d'années. Son œuvre, à l'image de l'école italienne, reflétait celle d'un Michael Ange. A son retour sur la Côte Basque, il sculpta avec spontanéité divers supports sauf le bois, matière qu'il respecte et sacralise ! Depuis lors, ses bronzes, ses marbres se métamorphosent en des représentations plus abstraites à l’image de bas-reliefs en marbre blanc d’une écorce d’arbre ou d'une forêt.
Dessinés également à main levée à l'aide d'une plume à l’encre noire, les racines, les troncs jusqu'au aux branches décharnées se déchaînent sur le papier canson poursuivant leurs chemins désordonnées avant d'être figées au pinceau à l’acrylique noir ou vert forêt sur de grandes toiles.
"Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent", avait écrit François-René de Chateaubriand. Blessés non respectés, des quantité d'arbres vont mourir des suites des maltraitances de l'homme : déforestation en Amazonie, en Indonésie, en Afrique, pratique du brûlis, incendies ravageurs comme celui de la Pignada à Anglet où 90 hectares de forêt avaient brûlé à cause d'un acte de vandalisme ! Echappant aux investigations des agents immobiliers sur cette zone très prisée et protégée, le maire Christian Olive a réussi à y faire replanter à la place de jeunes pins et chênes. Cependant la forêt réelle, il ne la reverra pas de son vivant !
Au-delà d’une simple représentation, c’est l’âme de l’arbre que l’artiste nous révèle !
“L’arbre et sa forêt de signes” du 26 mars au 15 mai à la galerie d’art contemporain du Pays basque, Arte Bideak à Ciboure. Ouvert du jeudi au samedi, 11h-13h et 16h-19h et le dimanche de 10h30 à 13
Légende 1 : "Forêt" - Encre sur papier © Photo Col Arte Bideak