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Histoire
A propos des Arcangues, fondateurs et lauréats du Prix des Trois Couronnes
A propos des Arcangues, fondateurs et lauréats du Prix des Trois Couronnes
© Félix Dufour

| Alexandre de La Cerda 3558 mots

A propos des Arcangues, fondateurs et lauréats du Prix des Trois Couronnes

Il est peu d'exemples dans l'histoire des vieilles familles de France et de Navarre qu'une seule et même lignée se confonde aussi étroitement avec son château et le village, depuis plus de huit siècles.
Un seigneur d'Arcangues et de Curutcheta laissa-t-il son nom, au XIe siècle, à ses terres et au village qui s'y forma, tout comme le nom originel de Beiarritz eut ainsi désigné le domaine d'un certain Beiar, de même à Baigorri, la Nive était peut-être moins "rouge" (ibaï gorri) qu'il n'y paraissait ? Des générations de linguistes et d'experts en toponymie continueront de s'affronter, tant que couleront les "latxia" basques, et qu'ils arroseront des "Latché", présidentiels ou non !
Alors, concernant l’origine de ce nom, Jean-Baptiste Orpustan, expert en toponymie, propose un alliage des mots basques ar-gain, 'hauteur rocheuse', et -goiz, 'position ouverte vers l'est', ce qui amènerait à la formule complexe 'hauteur rocheuse vers l'est'. Son nom basque, Arrangoitze, pourrait aussi venir des mots basques aran, vallée, et goi-, hauteur.
Mais une chose est (presque) sûre : quand on entre à l’église d'Arcangues, une inscription murale de la chapelle des Marquis fait mention d'un Sancos d'Arcangues dès 1150.
Cette histoire ancienne d'Arcangues s’inscrit également dans le blason du village, adopté par la commune en 1986. Il correspond à celui des marquis d'Arcangues.
L’écu se partage entre celui des Arcangues " de gueules à trois chevrons d'or (gueules = rouge en héraldique/science du blason) et celui de la maison noble d'Elizagarai de Bunus en Basse Navarre, qui est plus compliqué. Jean d'Arcangues était devenu seigneur de cette terre après son mariage avec l'héritière d'Elizagarai en 1582. Certains historiens disent qu’à l'origine, Arcangues faisait partie de Bassussarry ; la séparation se produisit, sans doute au XVI° siècle, après la construction par les Arcangues d'une seconde église, ainsi que l'indique une inscription sur la chapelle seigneuriale " la paroisse et l'église Saint Jean Baptiste ont été fondées en 1516 par Augier d'Arcangues "
Depuis lors, la dynastie des Arcangues s'y succéda, elle assura la pérennité des demeures qui furent patiemment réédifiées au gré des caprices et des aléas de l'histoire, et du remarquable entêtement des Arcangues : alors que tant d'autres s'usèrent jusqu'à éteindre leur lignée aux Croisades, dans d'aventureux conflits, ou abandonnèrent leurs terres pour servir la monarchie à Versailles, les leurs, "ni guerriers ni courtisans, firent passer leur attachement à la terre des ancêtres avant tous les mirages et promesses de gloire ou de fortune".
Car, c’est bien dans leur fief que les seigneurs d'Arcangues ont acquis de l’importance comme en témoigne l’histoire assez dense de cette seigneurie d'Arcangues.
Comme nous l’avons dit, la seigneurie d'Arcangues est mentionnée depuis le XIIe siècle. Sanche d'Arcangues et Aner de Archangos sont cités comme témoins ou cautions de transactions immobilières entre 1150 et 1170.
Au XVIIe siècle, ses seigneurs deviendront procureurs du roi : Laurent d'Arcangues, seigneur et patron d'Arcangues, de Curutcheta et d'Elissagaray, fut procureur du roi au bailliage du Labourd de 1614 à 164314. Son fils Jean d'Arcangues reçut la charge de procureur du roi par lettres patentes de Louis XIII du 4 juillet 1643. Pierre d'Arcangues assura la charge de 1670 à 1692. Enfin Gaspard d'Arcangues, qualifié d'écuyer, seigneur et patron d'Arcangues et de Curutcheta, fut procureur du roi et le dernier membre de la famille à occuper cette charge, de 1714 à 1749.
Du marquisat en Espagne au Second Empire à Biarritz
Toutefois, Madrid étant peut-être plus proche que Versailles, n'est-ce pas de Charles III d'Espagne, dont il fut le ministre des Finances, que Simon d'Aragorry d'Arcangues reçut en 1769 le titre de marquis d'Iranda, reconnu une douzaine d'années plus tard par Louis XVI qui recherchait l'alliance espagnole dans le conflit qui l'opposait à l'Angleterre à propos des "Insurgés" d'Amérique ? 
Car, c’est par Rose d'Aragorri (épouse de Michel d'Arcangues, seigneur d'Arcangues et de Curutcheta, baptisé à Bayonne en 1719, capitaine des milices provinciales du Labourd) que le titre espagnol de marquis d'Iranda était passé à leur fils Nicolas François Xavier d'Arcangues (Arcangues, 1753 - Saint-Pierre-d'Irube, 1826). Le port de ce titre fut autorisé en France, à titre viager, en avril 1781 par lettres patentes de Louis XVI.
Plus tard, les fastes du Second Empire à Biarritz donnèrent aux Arcangues l'occasion de s'illustrer : plusieurs générations de Marquis d'Arcangues aidèrent puissamment au renom, et partant, au développement touristique de Biarritz et de la région, dont ils furent d'exceptionnels amphitryons.
Déjà, après la désastreuse aventure en Espagne quand, au château, le lit qui reçut d'abord Napoléon en 1807, fut obligé d'accueillir six ans plus tard le vainqueur de Soult, Wellington, le marquis Nicolas-François-Xavier d'Arcangues fit des remontrances à l'occupant sur les déprédations commises au village par ses troupes : le "Lord" lui fit don d'une cafetière en argent et, plus tard, les petits-fils de ses soldats, qui avaient "découvert" le pays au gré de la retraite de la Grande-Armée, sont revenus pacifiquement peupler une villégiature à la mode, dans le sillage du prince de Galles, futur Edouard VII et grand ami du marquis Michel d'Arcangues, avec lequel il partageait la même corpulence et la même joie de vivre !
Dans ses « Carnets de la vie mondaine dans les Basses Pyrénées », le Vte de Vaufreland, en passionné de chasse et d’équipages, décrit avec humour ces rendez-vous de chasse de la Belle époque, lorsqu’une « foule cosmopolite et bruyante se rendait en procession depuis l’hôtel du Palais jusqu’au château d’Arcangues où, devant la grille du parc, l’énorme marquis Miguel, béret basque en tête et l’écharpe de maire ceinturant sa formidable bedaine, présidait une table où s’entassaient apéritifs, cocktails, drinks de toutes espèces, tandis que ses électeurs se pressaient de vider à sa santé des fûts de piquepot (piquepoult, mauvais cépage ?) au caboulot d’en face, au-dessus de la porte duquel l’inscription « On ne commence pas sans boire » était bien la devise de cette joyeuse réunion.
L’esprit, les bons mots, les réparties du marquis Miguel d'Arcangues, autant que ses farces et ses mystifications l’avaient rendu célèbre au Pays Basque, des deux côtés de la frontière : du côté espagnol, il avait eu maille à partir avec les carabiniers un jour où ses chants carlistes ayant enthousiasmé la population, celle-ci s’était ameutée aux cris de « Eviva Don Carlos » ; du côté français, les gendarmes avaient dû lui passer les menottes avant de venir à bout de sa résistance et de celle de ses administrés aux spoliations de la loi de Séparation. De Bayonne à Pampelune, conclut Vaufreland qui avait pourtant assez souvent la dent dure pour ses contemporains, de Bayonne à Pampelune il n’y avait pas plus populaire que Miguel » !
Et à propos de cet incident évoqué par Vaufreland, il est vrai que Miguel d'Arcangues s’était rendu célèbre par la fameuse photo publiée en une dans « L’Illu  stration » où on le voit menotté par les gendarmes pour s’être opposé aux « Inventaires » des biens ecclésiastiques de 1906. La population craignant le pillage, s'opposa aux forces de l'ordre ; le maire Miguel d'Arcangues sera arrêté. Il s’était joint, lors de la loi de séparation de l’Eglise et de l’État de 1905, véritable loi de spoliation, aux fidèles décidés à défendre activement ou tout au moins symboliquement l’église, bâtiment sacré, en empêchant l’inventaire des objets qu’elle contenait…
Le fils du marquis Michel d'Arcangues, Pierre, continua la tradition d'accueil des souverains, particulièrement le roi d'Espagne Alphonse XIII, pour qui il organise en 1922 une des plus somptueuses fêtes jamais donnée sur la côte, "Le bal Second Empire" mis en scène par Worth, Poiret, Jean-Gabriel Domergue, etc.
Mais surtout, parcouru lui-même par la fibre littéraire, il fera de son château un salon où se retrouvent toutes les gloires artistiques, Rostand, Loti, Ravel, Stravinsky, Guitry, le basse Chaliapine, le chorégraphe Balanchine, et bien d'autres dont on voit les signatures autographes exposées sous vitrine dans un des salons du château. Sans oublier le compositeur Ermend Bonnal avec qui il eut des liens très étroits : lorsqu'il assista à l'interprétation au Châtelet par quelques trois cents exécutants des célèbres Concerts Colonne de l'oratorio "Les Poèmes Franciscains"composé par Ermend Bonnal sur des poèmes de Francis Jammes, Pierre d'Arcangues, émerveillé par la qualité de l'œuvre et le succès de son auteur, ne put réprimer cette remarque si juste : « Nul n'est prophète en son pays, prétend le vieux proverbe. Hélas ! C'est vrai et combien regrettable. Il semble que pour apporter à un artiste que nous connaissons le tribut d'admiration auquel il a droit, nous ayons besoin qu'on vienne de l'extérieur, nous dire : - c'est beau, vous pouvez admirer » !
C'était en 1936 et Bonnal, organiste talentueux né à Bordeaux (en 1880), condisciple de Nadia Boulanger au conservatoire de Paris et de Maurice Ravel dans la classe de Gabriel Fauré, avait choisi délibérément "la solitude relative, la paix, le calme et l'air pur de la campagne" à la direction du Conservatoire de Bayonne auquel il imprima un souffle et un élan nouveaux, créant "L'Orchestre Rameau" et "Les Chanteurs de la Renaissance".
Sa fille Marylis m’a relaté ce qui était devenu un véritable rite à Noël : la Messe achevée à l'église Saint-André dont Bonnal était titulaire de l’orgue, on félicitait le maître, la famille rentrait à Biarritz dans sa villa « Ene Gutizia » située au Parc d'Hiver à Biarritz et le lendemain, les Bonnal étaient traditionnellement invités au château d’Arcangues. D’ailleurs, n'avez-vous pas, cher Michel, écrit la biographie du compositeur, publiée chez Séguier il y a quelques années ?
Parmi les amis de Pierre d’Arcangues, il conviendrait encore de mentionner Cocteau avec lequel il organisa en 1949 un "festival du film maudit" qui s’accompagna d’une belle fête – comme il se doit - au Lac de la Négresse. Mais le festival est surtout célèbre pour avoir été le point de rencontre entre deux générations de cinéastes, parmi les plus créatifs de l’histoire du cinéma français. Parmi les jeunes gens venus assister au festival, on ne compte pas moins que François Truffaut, Jacques Rivette ou encore Eric Rohmer. Sans qu’on en ait été conscient à l’époque, le festival de Biarritz viendra à symboliser l’un des passages de témoin entre les deux époques les plus riches artistiquement de l’histoire du cinéma français.
Et il y eut le prix littéraire des « Trois Couronnes » à la création duquel Pierre d'Arcangues avait participé dans les années cinquante avec les membres du corps préfectoral Pierre Daguerre et Gabriel Delaunay, que présida l’écrivain Joseph Peyré – que nous commémorerons également aujourd’hui - et auxquels une certaine connivence de plume adjoignit les poètes Pierre Espil et Louis Ducla, fondateur de l'Académie pyrénéenne. Il compta dans ses rangs, entre autres, Jean et Maurice Rostand, Pierre Benoît, le Professeur Delay, la princesse Galitzine, etc.
A l’époque « moderne »...
Le second conflit mondial, s'il n'affecta pas le château, touchera la nouvelle génération des Arcangues... Il faut dire que les prémices en avaient déjà été ressenties au moment de la guerre civile espagnole, lorsque le fils aîné de Pierre d’Arcangues, Michel, qui avait pris fait et cause en faveur de la culture basque et du gouvernement d’Euskadi dirigé par le président Jose Antonio Aguirre, prit part à une algarade avec son oncle le comte de Aguilar, proche du camp nationaliste espagnol de Franco. Michel qui disparaîtra mystérieusement dans la nuit du 3 février 1946 à bord d’une barque de pêche en pleine mer au large de Saint-Jean-de-Luz. Avec ses quatre compagnons, Michel d’Arcangues tentait, depuis l’Espagne, de rejoindre la côte française par l’océan, la frontière étant fermée. La météo, cette nuit-là, était paraît-il particulièrement mauvaise et la mer très agitée. Mais quelques éléments troublants jettent le doute sur cette version communément admise à l’époque. Les corps des quatre hommes n’ont jamais été retrouvés malgré les recherches intensives menées par les familles et les amis sur la côte basque et jusque sur les plages des Landes. Seul un morceau de la barque portant le nom du bateau, le « Sans-Souci », a été retrouvé échoué sur la grève près du fort de Socoa…
Mais revenons au début de la 2ème Guerre : en 1940, son père Pierre et son frère aîné Michel étant encore mobilisés, le jeune Guy, âgé de seize ans, dut "recevoir" et loger une vingtaine d'officiers accompagnant trois cents hommes des troupes d'occupation allemandes. Très inquiet, car il pense que les soldats vont tout voler, piller, brûler peut-être, le jeune homme conduit le général allemand au salon, et lui montrant la cafetière offerte par Wellington, lui rappelle que les occupants anglais en 1813 n'ayant rien emporté, avaient même laissé ce "cadeau" en partant...
Et à propos du fameux lit, encore conservé au château d'Arcangues, où avait couché Napoléon lorsqu'il plaçait son frère Joseph sur le trône espagnol, et où, donc, lui succéda quelques années plus tard Wellington, après avoir bouté hors d'Espagne la Grande Armée, Guy m’avait raconté que fort heureusement, Hitler avait oublié d’y coucher, alors qu’il en avait formé le projet : le führer était alors au comble de l' irritation pour s'être vu refuser par Franco le passage de ses troupes vers Gibraltar; c'était en 1940 à la gare de Hendaye, et le Comité d'Alger, artisan de la future libération de la France, tout comme le château d'Arcangues l'avaient échappé belle!
Mais pas ses propriétaires… Sans doute à cause des activités de Michel, son frère aîné, qui entretint une filière d'évasion en Espagne avant de rejoindre l'Angleterre et combattre dans les rangs de la 2e DB de Leclerc, la Gestapo arrêta le Marquis d'Arcangues et son fils Guy, accusés d'aider la résistance.
Après leur incarcération commune au Fort du Hâ, Guy d'Arcangues accepte de se laisser déporter en Silésie à la place de son père, à qui il fera dire plus tard, au frontispice de son roman "Le Silésien":
« Je t'ai donné la vie,
Tu m'as rendu la liberté,
Nous sommes quittes ».
De fait, rentrant de captivité il reprend ses études interrompues et achève de passer brillamment son baccalauréat de philosophie grâce aux efforts éclairés de son " précepteur " à qui il restera toujours redevable, Gabriel Darquet, ami de son père, que l'exode fit résider au château d'Arcangues. Ne s'entendant guère avec sa mère, très autoritaire, il prend définitivement son envol vers la liberté, en pigeant pour l'Aurore, Paris-Presse et France-Soir avant de devenir grand reporter à Paris-Match et Jours de France, puis rédacteur en chef de la revue Adam, du groupe Condé-Nast, à laquelle il donnera une tournure très "moderniste".
Le châtelain d'Arcangues joua même les précurseurs en matière de presse masculine; il dirigea le magazine "Adam" qu'il essaya de rendre attrayant, en y faisant écrire le biarrot François-Régis Bastide, Alexandre Vialatte et Philippe d'Ormesson, collaborer comme illustrateurs Buffet, César, Goude, etc... et en publiant des photos féminines qui paraissaient originales pour l'époque, Claudia Cardinale déguisée en homme... Le journal fut victime de la loi "Giscard" qui ne permettait pas aux tarifs publicitaires de suivre proportionnellement l'augmentation du tirage, passée de dix à quatre-vingt mille exemplaires; et Claude Perdriel, son nouvel acquéreur, ne manifestant point les mêmes soucis avant-gardistes, Guy d'Arcangues tira sa révérence après un essai infructueux de collaboration, pour se consacrer à "Vogue-Hommes", sans négligerses travaux littéraires.
Remarqué par Supervielle qui, peu de temps avant sa mort, écrivait de Montevideo à l’un de ses amis : « Nous avons en Guy d’Arcangues un nouveau poète. C’est une chose si rare ! »,il publia chez Seghers « Dix-sept poèmes à la craie de lune »(1954), « Eugenia »(1958), « Le cheval Andalou »(1967), puis chez André de Rache « Madame, Petit soldat »(1975), que Roger Caillois fit couronner par l’Académie française, et en 1982, « La Nuit Princesse » et « Dialogue, avec Pierre d’Arcangues »(Prix des Trois Couronnes), « Châteaux de plâtre »(1983, couronné par l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse) qui, selon ses propres termes « indiquent, avec les flèches du cœur, le chemin d’Arcangues », et « Le jardin à la Française » aux Editions Opales en 1992. Digne fils de son père, Pierre, à qui Francis Jammes écrivait, (l’original se trouve dans une vitrine du salon Espagnol): « le château d’Arcangues est flanqué de deux ailes bleues, le ciel et la mer, et c’est pourquoi votre rythme plane si haut», Guy est présenté ainsi par Seghers dans son Livre d’Or de la Poésie française (Editions Marabout, 1969) : « Pierrot d’asphalte…ce poète lucide et mélancolique traverse les nuits comme un baladin de bonnes et mauvaises fortunes, une épine appelée Poésie fichée dans le cœur ».
Parallèlement, Guy d’Arcangues continuera de travailler au service de Biarritz en tant que directeur artistique du Casino Bellevue.
Guy d’Arcangues engagera de gros travaux afin de sauver des termites le château ancestral et, en sportif accompli, créera un golf dans sa propriété à la fin des années 80, projet de golf, dont il s'était déjà entretenu avec son père Pierre, avant son décès, en 1973. Sa construction, préservant le site magnifique du village, participa dès lors à la " récupération de la qualité touristique " de Biarritz et de la Côte Basque. Ce n’était pas fortuit. Champion de France de pelote basque à pala ancha en trinquet en 1941, avec son frère Michel) Guy d’Arcangues avait commencé à jouer au golf de Chiberta à l’âge de sept ans, et gagna maintes compétitions internationales avec l'équipe de France dont il fut le capitaine de 1960 à 1965. Mais l'écriture resta sans doute sa vraie passion.
Actuellement, la relève est bien assurée en la personne de son fils Michel, partagé lui aussi entre la demeure de ses ancêtres et l'écriture.
L’énergie déployée par Michel d'Arcangues pour continuer la tradition familiale ne le cède en rien à ses aïeux : l’actuel marquis restaure patiemment et fait revivre son magnifique château en  l'inscrivant dans une nouvelle épopée qui l’intègre au tissu des activités sociales, culturelles et économiques contemporaines.
On ne compte plus les grands talents qu’il a invités ces dernières années, particulièrement issus du Royaume de la Musique : de la regrettée Brigitte Engerer et de Clara Malraux ainsi que Mikhail Rudy, tous ont « essayé » le remarquable piano demie-queue Bechstein de 1915 que Michel d'Arcangues a restauré et sur lequel avaient joué Ravel, Stravinsky, Henri Sauguet, Ermend-Bonnal, Cortot, Rubinstein, Ricardo Viñes, et bien d’autres… Sans oublier Augustin  Dumay, un des meilleurs violonistes de notre époque. Actuellement, le label Naxos diffuse les trois CD de l’intégrale des six quatuors d’Andres Isasi, compositeur de Bilbao, dont plusieurs en création mondiale. L’entreprise avait immédiatement séduit le mélomane averti qu’est le Michel d’Arcangues. Mentionnons encore la soirée Chopin – piano et poésies dites par Patrick Poivre d’Arvor. De grandes figures du jazz se sont également succédées dans la demeure des marquis, sans oublier les fameuses soirées gastronomiques destinées à promouvoir de jeunes chefs et de remarquables producteurs et viticulteurs. Aussi gourmet qu’excellent cuisinier lui-même, formé par des générations d’etxekandereak qui se sont succédées dans sa jeunesse devant les fourneaux des cuisines familiales, Michel d’Arcangues a souvent convié les meilleurs chefs cuisiniers de la région à exercer leur talent devant un public averti dans l’écrin prestigieux du château qui reçut encore dernièrement le Prince Edouard, comte de Wessex : le fils cadet de la reine d’Angleterre marquait une étape privilégiée au cours de sa tournée mondiale - aux Etats-Unis, en France et en Australie - destinée à promouvoir et faire mieux connaître le jeu de paume. Nous en venons ainsi à ce très bel album « Trinquets & Jeux de paume du Pays Basque » qui vient de paraître aux éditions Kilika, une somme érudite de plusieurs années de recherches dans ce domaine menées par Michel d’Arcangues : avec Sébastien Husté, reporter-photographe professionnel d’origine paloise qui vit et travaille dans le Bordelais et dont les belles photographies ornent l’ouvrage,  Michel d’Arcangues a parcouru le Pays Basque Nord avec pour objectif de préserver la mémoire de ce patrimoine essentiel de la culture basque que sont les trinquets qu’il a recensé au nombre d’une centaine, pour la plupart en activité !
Ils témoignent de la passion des Basques pour les jeux de pelote – sous leurs formes les plus variées – dont ils sont les inventeurs. Édifiés à partir de la fin du XIXème siècle, ils sont des lieux de vie, de convivialité et de rencontres sportives passionnées.
Transformés en trinquets depuis l’usage de la balle en caoutchouc, le Pays Basque abrite trois jeux de paume qui comptent parmi les plus vieux au monde.
Certains sont bien connus des pilotaris comme le Trinquet Saint-André de Bayonne ou encore, à Bidarray, le trinquet Artetxea et ses anciennes dalles en pierre rouge. D’autres étonneront par leur histoire, tel le trinquet Saint-Jayme de Saint-Palais avec sa magnifique charpente métallique dessinée par Gustave Eiffel... Et que dire du trinquet de Sainte-Engrâce, certes assez proche d’un fronton couvert, mais si singulier ?  Quant à Michel d’Arcangues, il est évidemment un fervent pratiquant de la pelote basque ainsi que du jeu de paume. Mais il a également travaillé plus de vingt ans pour le cinéma et l’audiovisuel. En 2001, il cofonde la société d’édition Caroni Music, entreprise spécialisée dans la production de partitions et de disques de musique sud-américaine. Émerveillé depuis son enfance par les récits d’aventure, il est l’auteur d’un Dictionnaire des explorateurs des Pôles publié chez Séguier en 2002. On notera encore la préface d’Yves Carlier, Conservateur général au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon (auteur d’« Un jour à Versailles » (Flammarion), de « Pelote Basque » (Arteaz) et du « Pays Basque avant la photographie », et celle de Lilou Echeverria, président de la Fédération Française de Pelote Basque. Nous avons décidé de lui attribuer le prix de l’essai historique.

Alexandre de La Cerda, de l’Académie des Jeux Floraux, président du Prix des Trois Couronnes

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