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Yves Ugalde et le Musée Basque : Mauléon et la Soule n'ont vraiment pas dit leur dernier mot...
Yves Ugalde et le Musée Basque : Mauléon et la Soule n'ont vraiment pas dit leur dernier mot...

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Yves Ugalde et le Musée Basque : Mauléon et la Soule n'ont vraiment pas dit leur dernier mot...

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Yves Ugalde, adjoint à la Culture et président du Musée Basque ©
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Réunion de travail à Mauléon, dans l'objectif de créer dans la capitale souletine une antenne du musée basque que j'ai l'honneur de présider. J'ai fait le déplacement avec Sabine Cazenave, la directrice du musée. Cette Soule, elle la connait sur le bout des doigts. Du coeur aussi. C'est celle de son enfance et d'une bonne partie de son adolescence. Prétexte parfait pour lui laisser le volant, ce qui, pour moi, n'est jamais une contrainte. Je vais ainsi pouvoir me remplir de ces paysages plus rugueux. Plus vrais aussi, que dans un Labourd complice hélas déjà de bien trop de concessions...

J'ai mieux compris le parti pris muséographique de madame la conservatrice en chef d'entrer dans le sujet de cette province la plus lointaine du Pays Basque nord par l'angle du paysage. C'est effectivement par lui que la Soule s'avance et présente ses si belles particularités : les clochers trinitaires, les toits d'ardoise, mais sans la dureté des hauts pays de montagne, le Saison qui joue à cache-cache avec les autres gaves cousins, les cromlechs... Le tout plongé hier dans une si belle lumière d'automne.

Midi trente, nous quittons élus et fonctionnaires de la CAPB. Ce n'est pas une heure pour quitter une ville aussi à part et faire bêtement une heure de voiture jusqu'à Bayonne qui aura déjà bien trop avancé vers son retour au travail. Et puis, en fait, j'ai trop envie de prendre la direction des "allées de saules coquettes" de la chanson d'Etxahun et la carte postale immuable de la cité. L'enfilade visuellement saisissante du fronton, de la gloriette et du château médiéval hiératique de la haute ville, est digne d'une grande ville. Nous nous garons là et nous entrons dans la brasserie de l'Europe dont la façade de pierre de taille témoigne à elle seule des heures glorieuses où l'espadrille faisait vivre tout un petit monde industriel. C'est bien l'Europe d'une immigration de labeur qui dévala à Mauléon, d'Espagne, de Turquie, du Portugal, pour confectionner ce fleuron de la chaussure à corde dont les Asiatiques, depuis, produisent un ersatz à coût modéré dont le monde entier se contente.

Rien ne traduit de l'extérieur une quelconque activité. Nous poussons la porte et c'est l'heureuse surprise. Tous les clichés d'une cité en souffrance, tombent d'un coup. La salle de restaurant est pleine. Et pleine de jeunes. Depuis le comptoir, lui aussi d'une noble pierre d'autel, les plats du jour sont envoyés à rythme soutenu. Le Mauléon qui s'active pour ne pas lâcher le bastingage, est à table. On nous en trouve une par miracle. On prendra de concert "l'assiette combinée basque". J'en lis la présentation sur un papier glacé et rigide, parrainé par la bière Leffe, qui me fait craindre, je l'avoue, du tout venant. A Bayonne, ces menus cartonnés et sponsorisés ne disent rien de bon, en tous cas d'exceptionnel ou de "maison" en tous cas.

Pas d'attente. Moins de dix minutes après la commande, la "combinée basque" est servie. Elle nous dit instantanément que la côte et ses ratios comptables de rentabilité, sont vraiment loin. On en aura, c'est sûr, pour son argent. Mais pour notre plaisir aussi ! Et le fait est qu'à bien regarder autour de soi, on ne peut amuser ces tablées de brandillons et de torse solides avec du frugal diététique ou du végan pincé.

Un oeuf frit au jaune de circuit très court, deux tranches très gouteuses de boudin, deux saucisses qui osent l'épice et une vraie densité de maigre. Cette charcuterie de gala sent bon le savoir-faire des fermes environnantes. Sabine et moi nous régalons, mais il y a un peu trop de quantité pour elle. Je regarde repartir sa seconde saucisse le coeur serré. Un déchirement...

Je vais au maître comptoir régler ce bon moment de vérité culinaire toute simple. Le patron a le regard coquin et batailleur des gens de cette terre. Il me fait une réflexion amusante dont je ne peux pas croire qu'elle n'émane que de son sens de l'observation. Mais bon, peut-être après tout : "Vous vous ressemblez à un élu vous !"... Je me présente, lui aussi. Mais oui bien sûr ! C'est Beñat Queheuille, le président du Sport Athlétique Mauléonais. Mon trombinoscope a des défaillance dès que je baisse la garde en dehors de ma ville. Il connait bien mon fils qui a terminé chez lui, et très dignement me dit-il - je veux le croire sur parole !- une soirée des célèbres fêtes de Mauléon. Un sourire gentil éclaire son visage et il nous offre un second café. La famille du rugby des champs a des élégances que les "pros" ont délaissées depuis longtemps. On se sent bien chez l'oncle SAM...

Il est 14 heures. Il faut repartir. Sabine et moi avons des rendez-vous avant 16 heures à Bayonne. Mais elle veut me montrer la haute ville. Et elle a raison. Le point de vue depuis là-haut est splendide, le foirail d'un charme fou, le château belvédère impose le respect.

Pour paraphraser un polémiste très en verve en ce moment, et alors que nous avons déjà emprunté le doux chemin ensoleillé du retour, je me dis que Mauléon et la Soule n'ont vraiment pas dit leur dernier mot...

Photo de couverture : les Allées de Mauléon depuis le fort

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