Le maître-verrier Gérald Franzetti et ses confrères sont très inquiets pour l'avenir des vitraux du patrimoine :
« Le 2 février dernier, une nouvelle phase de consultation publique par l’Union Européenne a été ouverte en vue d’interdire totalement le plomb dans tous les pays Européens ! Cette phase de consultation durant laquelle nous pouvons encore intervenir sera close le 2 mai 2022. »
Cette mesure excessive, si elle est appliquée, aura des conséquences dévastatrices sur le patrimoine et les entreprises du secteur du vitrail au Pays Basque, en France et en Europe. Rappelons que le vitrail français représente 60 % du patrimoine européen.
La technique du vitrail est apparue à partir de l’époque romane dans l’Est de la France et l’Ouest de l’Allemagne. A Bayonne, la Collégiale de Saint-Esprit renferme des fragments du plus ancien vitrail de la fin XIIIème siècle. Sous l’ère gothique , cet art prospéra jusqu’à la révolution française et les guerres qui suivirent. Détruits puis reconstruits, les édifices d’Art sacré ressurgissent avec des artistes tels que Matisse, Chagall, Braque…
Dans le Sud-Ouest au début du XXème siècle, la famille des frères Mauméjean ressuscite les vitraux des églises.
Au Pays Basque, Jean Lesquibe (1910-1995) en réalisa sur le thème de l’Art Sacré tout en travaillant le vitrail avec les architectes tels que les frères Gomez pour des villas privées. A son décès, son assistant Charles Carrère (1927-1921) reprit le flambeau avec une note surréaliste.
Aujourd’hui lui succèdent Gérald Franzetti et sa fille Pauline. Tous deux travaillent pour la restauration des vitraux des églises inscrites aux monuments historiques ainsi que des villas privées de la Côte Basque.
« Composée de pièces de verres assemblées par du plomb sous forme de baguettes profilées, cette technique du vitrail est utilisée depuis plus de 1000 ans », explique le maître-verrier Gérald Franzetti. L’assemblage au plomb des morceaux de verre peut durer jusqu’à 100 ans. Aussi ce savoir-faire avait-il permis de conserver ce patrimoine exceptionnel. A ce jour, il n’existe toujours pas vraiment d'autre métal. Et d'ajouter : « Peut-être le cuivre pourrait éventuellement le remplacer mais cette technique onéreuse est beaucoup plus difficile à traiter et ne dure seulement que 30 ans ».
Depuis 1990, une réglementation européenne oblige à utiliser des savons spéciaux, des masques et des aspirateurs pour la poussière. De plus, les femmes qui travaillent le plomb doivent effectuer une vérification du taux de plombémie tous les six mois (une fois par an pour les hommes). « Après 46 ans de métier, j’ai toujours eu un taux normal qui oscille autour de la norme 0,04 %. Les quantités de plomb utilisées pour la restauration des vitraux sont minimes ! », poursuit le maître-verrier.
Aussi l’Europe propose une possible dérogation en échange d’un chèque de 200.000 euros et sans garantie de l’obtention de cette dite dérogation, une mesure qui serait à renouveler tous les 4 ans. Seules les grandes entreprises pourraient souscrire à cette dérogation.. Une mesure qui empêcherait la restauration des vitraux du chantier en cours à Notre Dame.
Une interdiction qui obligerait 450 ateliers d’Art « du sur mesure » à fermer leurs portes.
Pétition ci-jointe : https://www.change.org/p/patrimoine-en-danger-sauvons-le-patrimoine-vitrail-europ%C3%A9en-et-les-m%C3%A9tiers-d-art-verrier
Légende : Fragments d'un vitrail du XIIIème siècle situé à la Collégiale de Saint-Esprit