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Histoire
Villa Belza, Ilbarritz et Donosti : la tradition du 7ème Art au Pays Basque
Villa Belza, Ilbarritz et Donosti : la tradition du 7ème Art au Pays Basque
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Villa Belza, Ilbarritz et Donosti : la tradition du 7ème Art au Pays Basque

L’intérêt des cinéastes pour nos contrées ne date pas d’aujourd’hui. En 1908, le cinématographe naissant avait pris pour cadre la villa Belza à Biarritz pour le film « Le chevrier » qui connut un grand succès au « Cinéma-palace ». La même année, l’écrivain russe Nabokoff, dans ses « Speaks Memories », avait décrit une fugue enfantine depuis la plage de Biarritz vers « un cinéma proche où était projetée une course de taureaux à Saint-Sébastien, saccadée, clignotante, mais passionnante comme tout ».

Par la suite, les projets cinématographiques n’avaient pas manqué sur la côte basque, en particulier, celui de grands acteurs du cinéma sonore – avant qu’il ne devienne « parlant » - consistant à créer à Ilbarritz une « Cité française du Cinéma. La « Revue de la Côte basque » du 21 mars 1926 prévoyait à ce propos que dans cette Cité du Cinéma « le bon goût français et la splendeur des côtes pittoresques et multiples, baignée de leur admirable lumière, qu’offraient Biarritz et ses alentours, suppléeraient à la munificence dont faisaient preuve les Américains à Hollywood ». Pas moins ! Mais malheureusement, ce projet ne vit pas le jour par manque de capitaux pour le réaliser…

Succédant à une première version réalisée à l’époque du cinéma muet, Sare offrit son cadre en 1937 à un nouveau « Ramuntcho » d’après Pierre Loti avec l’inoubliable Louis Jouvet, Françoise Rosay, Madeleine Ozeray, Paul Cambo, etc. Après les prises de vue, de sympathiques zikiros (grillades de moutons) réunissaient les artistes que rejoignaient de nombreux résidents de Biarritz, la jeunesse dorée du pays et les Sud-Américains, les poches remplies de pesos. 

Le Marquis Guy d’Arcangues avait assisté à ce tournage accompagné d’un formidable numéro de contrebande exécuté par Paul Dutournier : « Devant les vrais douaniers convoqués par le metteur en scène pour les besoins du film et qui devaient se tenir sagement cachés derrière des arbres, « Popaul » avait réussi à faire passer la frontière espagnole, selon le scénario, mais en fait pour sa convenance personnelle, à quelques dizaines de chevaux pottoks, au nez et à la barbe de la maréchaussée » ! C’était l’époque où l’on voyait sur la Grande Plage Eleanor Boardman, encadrée par son éphémère mari King Vidor, et le suivant, le réalisateur Harry d’Arrast, neveu du savant constructeur d’Abbadia (voyez l’article ci-contre).

De Romy Schneider à Beigbeder
Après la guerre de 39, Pierre Apesteguy et Paul Dutournier avaient créé, toujours à Ilbarritz, la société « Eusko-Film » qui produisit en 1951 « Au Pays Basque avec Luis Mariano ».

Et, plus près de nous, la côte basque accueillit en 1980, peu de temps avant sa disparition, Romy Schneider pour le tournage – essentiellement à l’Hôtel du Palais – de « La Banquière ». Dans ce film de Francis Girod, l’immortelle interprète de Sissi incarnait une femme d’origine modeste parvenue à la tête d’une banque et d’un journal financier, victime d’une machination politique.

Depuis lors, les tournages se sont multipliés : « Hôtel des Amériques » d'André Téchiné en 1981 avec Catherine Deneuve et Patrick Dewaere, « Le Rayon vert » en 1986 d'Eric Rohmer et « Quelqu'un de bien » de Patrick Timsit en 2002. L’animateur Jimmy Faure se souvient d’une « veillée cinématographique des sorcières » à Arcangues en 1996, avec Vanessa Paradis et Jean-Pierre Reno qui venaient de tourner un film au château d’Abbadia.

En mai 1999, c’était au tour de Nicole Garcia, de Jean-Pierre Bacri et de Jean-Claude Brialy de participer au tournage de « Kennedy et moi » de Sam Karmann, dont c’était le premier long-métrage. Parmi les principaux décors du film, la maison de retraite Caradoc à Bayonne et la clinique Saint-Etienne où on avait dû construire une bibliothèque entièrement ronde et dont l’une des patientes faillit vendre sa maison au réalisateur. Et à Ciboure, la maison d’un retraité fut si complètement « refondue » au bout de nombreuses semaines de travaux que son propriétaire ne la reconnaissait plus ! La même année eut lieu le tournage par Chantal Akerman de « La Captive », libre adaptation du roman « La prisonnière » de Proust, entre la Digue aux Chevaux de Saint-Jean-de-Luz, la route de la Corniche et l’Hôtel du Palais. Le Casino Barrière a accueilli en 2004 « Qui perd gagne » de Laurent Bénégui, puis « Hors de prix » avec Audrey Tautou et Gad Elmaleh ; et Frédéric Beigbeder tourna « L'amour dure trois ans ».

Il y eut encore l’installation à Saint-Jean-de-Luz du réalisateur Jean-Pierre Grasset : sa société « Atlan-film » produisit des œuvres pour le cinéma et la télévision à partir du Pays Basque avec le maximum d’intervenants techniques et artistiques implantés dans la région : « Le Rock basque », « Ravel », des documentaires sur la Soule, la pelote. Sans oublier les coproductions « transfrontalières » des élèves du BTS audiovisuel de BTZ avec la Escuela de Cine y Video d’Andoain, près de Saint-Sébastien, la création inaboutie du pôle de Cinéma « Zinealdea » à Oyarzun dont les bâtiments déjà élevés et les terrains ne semblent pas avoir accueilli beaucoup de tournages, ainsi qu’une « Commission du Film des Pyrénées-Atlantiques » en quête de séries télévisées…

Zinemaldia, le « Cannes » du Pays Basque
Fidèle au rendez-vous depuis sa création en 1953, le festival de cinéma de Saint-Sébastien « Zinemaldia » a déroulera à nouveau aux stars les plus célèbres et aux grands réalisateurs le tapis rouge de sa 65ème édition. L’évènement phare du Gipuzkoa, à la fois prestigieux, glamour et cosmopolite se déroulera du 22 au 30 septembre au Centro Kursaal. En fait de palme – comme à Cannes -, c’est une Concha de Oro – coquille d’or ainsi nommée en l’honneur de la célèbre baie donostiar - que le jury international décernera au film primé. Le Festival s’étendra également aux Théâtres Victoria Eugenia et Principal, aux cinémas Príncipe et Antiguo-Berri, ainsi qu’au Vélodrome. Cette année, en dehors des films en compétition et des « sections » habituelles, le Festival et la Filmoteca Española consacreront une rétrospective au réalisateur américain établi en Angleterre, Joseph Losey.

Et ne manquez pas la passionnante la Ciné conférence de Jean-Louis Requena sur le thème : ARCHITECTURE ET CINEMA le jeudi 23 mars à 17h30 à la Médiathèque de Biarritz !

 

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