0
Conférence
Un « Eloge du Connétable Anne de Montmorency » à l'Université du Temps Libre de Bayonne
Un « Eloge du Connétable Anne de Montmorency » à l'Université du Temps Libre de Bayonne

| ALC & UTLB 929 mots

Un « Eloge du Connétable Anne de Montmorency » à l'Université du Temps Libre de Bayonne

zPortrait du Connétable Anne de Montmorency par Corneille de Lyon.jpg
Portrait du Connétable Anne de Montmorency par Corneille de Lyon ©
zPortrait du Connétable Anne de Montmorency par Corneille de Lyon.jpg
zConférence vitrail cananéenne.jpg
Cathédrale de Bayonne : le vitrail de la Cananéenne ©
zConférence vitrail cananéenne.jpg

La prochaine conférence de l'Université du Temps Libre de Bayonne aura lieu ce vendredi 7 janvier à 15h, au Centre municipal de réunions, 10 rue Sainte-Ursule, à Saint-Esprit.
Le conférencier Georges Lefaivre présentera un « Eloge du Connétable Anne de Montmorency ».

Relatera-t-il à ce propos la venue du connétable au Pays Basque ? Il s’agit d’un épisode que j’avais évoqué dans mon livre « Pays Basque entre Nive et Nivelle » (Privat, 1996, prix Georges Goyau de l’Académie française). 

Un an après avoir été fait prisonnier par Charles Quint à la bataille de Pavie, François Ier était échangé contre ses deux fils, le dauphin Henri et le duc d'Orléans, retenus désormais en otages jusqu'au paiement d'une rançon de douze cent mille écus d'or que l'on mettra quatre ans à réunir au Château-Vieux bayonnais, sur les bords de la Nive. Quatre longues années après que le Roi de France, sa liberté à peine recouvrée, se fût écrié en traversant le pont qui enjambe la Nivelle entre Ciboure et Saint-Jean-de-Luz : « Je suis encore roi de France ! », une file de trente mulets suivait le chemin en sens inverse, transportant vers l'Espagne l'or réuni par le maréchal Anne de Montmorency.

Et le soir de ce 1er juillet 1530, fort tard, c'est encore le grand maître de l'artillerie de François Ier qui vint au devant de la reine Eléonore et des jeunes princes, transportés dans une litière de drap d'or, précédant un somptueux cortège richement harnaché qu'entoure une escorte de cinq cents jeunes gens, porteurs de torches. A l'entrée du pont, ils sont reçus par le clergé, les magistrats et les notables de Saint-Jean-de-Luz, eux aussi une torche à la main, accompagnés de leurs épouses dont la coiffure, selon la mode du pays, leur faisait arborer comme de grandes cornes sur la tête.

Est-ce donc en cette solennité que le duc de Montmorency, voulant quelque peu rabattre la trop grande fierté de ton d'un jurat luzien, lui rappela qu'il s'adressait à un connétable de France, dont la race datait de plusieurs siècles ? Et le basque de répliquer incontinent : « Nous autres, nous ne datons plus ! ».

De cet épisode historique, la cathédrale de Bayonne garde dans sa chapelle Saint-Jérôme un vitrail de la Renaissance datant de 1531. Il représente le Christ chassant le démon du corps de la fille de la Cananéenne. Le vitrail de « la Cananéenne », réalisé un an après l'échange des enfants de France contre la rançon, constitue « un clin d’œil à cet événement », d'autant plus qu'on y remarque les armes royales et la salamandre, emblème de François Ier. Une frise de statues gréco-romaines dans le style de la Renaissance et les « mécènes » du vitrail en orants ajoutent à l'intérêt de ce chef-d'œuvre. 

Pour en revenir au Connétable Anne de Montmorency, étonnante fut la prodigieuse carrière de cet homme de guerre, dont l’inlassable activité ne peut nous laisser indifférent, particulièrement dans notre région, qui l’a vu s’illustrer à de nombreuses reprises au cours de l’une des périodes les plus critiques de l’histoire de notre pays. 
Né le 15 mars 1593, sous le règne de Charles VIII, mort sous Charles IX, il connut et s’illustra sous les règnes de six rois de France, avec Louis XII, François Ier, Henri II et François II. Au cours de cette longue carrière, il connut des triomphes et des revers, dont l’un des plus critiques est la défaite de la bataille de Saint-Quentin, en Picardie, gagnée par les troupes espagnoles le jour de la Saint-Laurent, le 10 août 1557. D’où la construction du Palais de l’Escurial et le jumelage et l’amitié entre ces deux villes. 

Homme d’état, il a par son travail acharné, préparé l’avènement de la monarchie absolue, poursuivie après lui et dans la même ligne par Richelieu, Colbert et Louvois, dans cette période charnière entre la Féodalité et la Renaissance. 

Homme de guerre, il conserva jusqu’à sa mort, la réputation du meilleur capitaine de son temps. Son souci a été avant tout l’ordre intérieur et la sauvegarde de l’autorité du souverain. Il voulait la paix, par souci de donner à la France ses frontières naturelles et par sens de l’économie, autant du sang de ses hommes que des finances de l’Etat. 

Diplomate, il a obtenu dans des moments cruciaux, le renforcement de nos frontières, cherchant et obtenant l’alliance avec l’Espagne de Charles Quint et de Philippe II et avec l’Angleterre d’Henri VIII et de Marie Tudor. 
Grand collectionneur et introducteur de la Renaissance en France, nous lui devons des bâtiments et des collections d’œuvres d’art qui servent encore aujourd’hui la renommée internationale de notre pays. Il soutient les architectes Jean Bullant et Jean goujon, des peintres, ceux de l’école de Fontainebleau, en particulier les frères Jean et François Clouet, Léonard Limosin. Protecteur des hommes de lettres, sans être un grand érudit, il était l’ami de Ronsard et de Du Bellay. 
Obligé de composer avec la Réforme qui se propageait à cette époque, d’accepter également l’alliance avec Soliman Le Magnifique ou Barberousse, il était resté homme profondément fidèle à sa foi catholique, comme en témoignent ses contemporains. Ayant toute possibilité, avec sa fortune colossale, de mener s’il le voulait la plus agréable des vies de Cour, il a déployé tout au contraire et tout au long de sa longue vie, une inébranlable activité pour l’intérêt de l’état, jusqu’à épuisement de ses forces. 
Il trouva la mort, à cheval, à 74 ans, frappé de plusieurs coups de masse d’arme, pour le service de son roi et de sa religion. 

Entrée non adhérent : 6 € / Passe sanitaire et masque / Renseignement tél. 05 59 59 81 20

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription