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Musique
Thibaud, Ravel, et l’âme du violon : un double anniversaire
Thibaud, Ravel, et l’âme du violon : un double anniversaire

| Alexandre de La Cerda 568 mots

Thibaud, Ravel, et l’âme du violon : un double anniversaire

24 août 1930 : après avoir assisté à l’hommage à Ravel rendu à Ciboure où une plaque avait été dévoilée sur sa maison natale, Jacques Thibaud retrouvait le compositeur lors du concert organisé au Salon Impérial de l’Hôtel du Palais afin d’y jouer devant « le Tout-Biarritz intellectuel et artistique » la fameuse sonate pour violon et piano. 
Ravel l’avait écrite quelques années auparavant – au cours « d’une longue période de gestation » - en y incluant (dans le 2e mouvement) des sonorités « jazzy » ou « blues » auxquelles il contesta d’ailleurs toute coloration « américaine » et où les critiques de l’époque virent « une volonté d’opposer perpétuellement la sécheresse du piano au bel canto du violon, et son rythme impitoyable du blues au mouvement perpétuel. C’est une sonate, disons, métallurgique, une usine avec des machines tournant chacune dans son rythme ».

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Thibaud et Ravel ©
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Or, ce « bel canto du violon », Jacques Thibaud y excellait : le même critique du « Courrier de Bayonne », louant le violoniste « d’avoir bien voulu apprendre rapidement pour nous l’œuvre nouveau-née du maître », n’avait pas de termes assez élogieux pour « sa sonorité riche et ardente, son talent dans cette exécution difficile, et son magnifique violon sensible et chantant comme les pierres touchées par Orphée ! » 

Le virtuose venait de se faire construire à Saint-Jean-de-Luz une villa nommée « Zortziko », la fameuse mesure rythmique « euskarienne » qu‘il avait entrevue dans « la Fantaisie Basque » de Gabriel Pierné et, sans doute, déjà, dans le « Trio en La » de Ravel, également annonciateur par certains côtés de la « Sonate ». Il était au sommet de sa carrière, et « son nom magique sur une affiche faisait affluer d’avides et enthousiastes foules… »

L’âme du violon en héritage : le Festival et l'Académie Ravel commémorèrent l'anniversaire de Thibaud 

Fondateur avec Marguerite Long du célèbre concours qui associe leurs deux noms pour l’éternité, Jacques Thibaud venait de participer à deux concerts au casino municipal de Biarritz avec, entre autres, le « Rondo Capriccioso » écrit par Saint-Saëns à l’intention de Sarasate, avant d’entreprendre la tournée qui lui fut fatale : le 1er septembre 1953, le « Constellation » d’Air-France qui l’emmenait vers Saïgon s’écrasait contre une colline près de Barcelonnette. 

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26 août 1953, bas-relief Thibaud au Casino de Biarritz ©
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Et pour commémorer en 2003 ce 50ème anniversaire de la disparition de Jacques Thibaud, c’était le jeune violoniste bayonnais Guillaume Latour, pétri de talent, et ses deux sœurs violoncelliste et pianiste – tous trois au Conservatoire de Paris, fait rare – que le Festival "Musique en Côte basque", ancêtre de l'actuel "Festival Ravel", avait choisi pour interpréter le « Rondo Capriccioso » tant aimé de Thibaud... 

Quant à l’Académie Ravel, elle s’était associée à la « thématique Thibaud » du Festival en reprenant le répertoire du trio formé avec Alfred Cortot et Pablo Casals. 

Elle avait fait venir le violoniste Régis Pasquier dont le frère Bruno remplaçait le violoncelliste Tasso Adamopoulos et, autre nouveauté de taille, c’est la célèbre artiste lyrique Françoise Pollet qui prenait la succession de Margret Honig à la tête du concours Pierre Bernac. Citons encore Gary Hoffman, Jean-Claude Pennetier et Peter Csaba dont la classe compte déjà 5 formations de trio, on entendit dès lors le célèbre Trio en La de Ravel.

On ne peut que souhaiter qu'enfin on remette à sa place à l'entrée du Casino Municipal de Biarritz le bas-relief de Thibaud sculpté par Ivan Choukline et commémorant le dernier récital qu'y avait donné le 26 août 1953 le célèbre violoniste avant l'accident qui lui coûta la vie : cette oeuvre avait été retirée lors de la réfection du Casino municipal en 1994... 

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La pianiste Marguerite Long, et le violoniste Jacques Thibaud ©
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VILLA ZORTZIKO.JPG
La villa "Zortziko" de Jacques Thibaud ©
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