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Patrimoine religieux
Te Deum laudamus
Te Deum laudamus

| François-Xavier Esponde 1318 mots

Te Deum laudamus

A - Te Deum

 Te Deum en Notre-Dame pour célébrer en prière la résurrection de la cathédrale de Paris et de tous les Français, un événement historique en ce 7 décembre 2024. Depuis cinq ans ce jour fut attendu par les Parisiens et le monde. 800 ans contemplent cet édifice et se remémorent depuis son origine le souvenir de la France célébré en cet endroit. Philippe le Bel, Napoléon Bonaparte, Clémenceau, de Gaulle, se sont rendus auprès de Notre-Dame de Paris en des moments impérieux Le Deum est daté de la fin du IVème siècle ou du début du Vème siècle. Elle  est attribuée à deux auteurs Ambroise de Milan en Italie et Augustin penseur chrétien converti, évêque d'Hippone en Algérie. On évoque aussi Nicétas de Némeslana en Serbie, auteur de traités de liturgie. Cette prière déborde les frontières et remémore la louange au divin auteur de la création.

On s'interroge sur son sens spirituel de prière à Dieu qui embrasse le ciel et la terre. Dans la première partie le chant des anges et des archanges reprennent le sanctus, suivi de la prière des apôtres, des prophètes et des martyrs. Le ciel des vivants en leur plénitude.

On trouve encore dans le cœur de cette hymne une acclamation trinitaire : "Dieu nous t'adorons, Père infiniment saint, Fils éternel et bien aimé, Esprit de puissance et de Paix". Un texte narratif suit encore, reprenant le mystère de l'incarnation. Allusion à la Passion posant le pas de la rédemption, la résurrection du Christ  et son retour à la fin des temps. "Par la victoire sur la mort, tu as ouvert à tout croyant les portes du Royaume ; tu règnes à la droite du Père ; tu viendras pour le jugement".

Au terme de cette hymne une intercession : "Montre toi le défenseur et l'ami des hommes sauvés par ton sang ; prends -les avec tous les saints dans ta joie et dans ta lumière". Le recueil de cette prière réunit le cœur d'un acte de foi d'une vie chrétienne accomplie dans ce dessein spirituel.

On s'interroge encore sur l'existence de deux versions de la composition du Te Deum.

"L'une disent les liturges, en version solennelle grégorienne, la seconde également en grégorien simplifiée. Le Te Deum laisse aux organistes de la liberté d'interprétation avec des versets alternés à l'orgue, comme dans le Livre d'orgue de Montréal; du début du XVIIIème siècle. Une source d'inspiration pour des improvisations musicales de louange et d'acclamation tel Jean Langlais 1907-1991 !"

Le thème fut repris en versions polyphoniques, avec chœur et orchestre. Tel Marc Antoine Charpentier, 1643-1704 à la viole, au clavecin, et avec les trompettes. Se souvenant du célèbre "Prélude" repris lors de concours de l'Eurovision. Mozart d'une part, Haydn donneront leur interprétation magnifique à cette œuvre. Sans oublier Berlioz dans sa version romantique de ce chef-d'œuvre.

Le Te Deum est chanté par les moines et les moniales le dimanche et lors de solennités, exception en temps de carême, A Rome cette prière résonne en la basilique saint Pierre le 31 décembre pour le début de l'année civile qui se profile. L'élection d'un nouveau pape, la fête nationale, le sacre d'un roi, une victoire militaire ou un traité de paix, un événement national sont rapportés par cette hymne d'acclamation et de louange à Dieu.

A Notre Dame de Paris outre le souvenir de la présence du Général de Gaulle en 1944 pour célébrer la fin de la guerre, la venue du pape Benoit XVI en 2008 donna l'occasion de jouer le Te Deum  en la cathédrale. Une page d'histoire rappelée ces jours derniers. Le 26 août 1944, le Général de Gaulle est à Paris pour fêter la libération de Paris. Il veut se rendre à Notre Dame pour y chanter un Magnificat et une messe de Te Deum. Mais la présence du cardinal Suhard et d'une frange d'évêques compromis avec le maréchal Pétain refroidit le projet.. Le projet du Général trouve son écho le 9 mai 1945 avec le Te Deum retardé !                                      Après ce jour historique du 7 décembre, une autre version orchestrale sera donnée le 12 juin 2025 par l'organiste Thierry Escaich.  Une œuvre nouvelle et contemporaine du Te Deum "empruntant des sources et les revisitant à nouveau avec d'autres inspirations littéraires" imaginer maitrise de Notre Dame de Paris sera renforcée lors de cette exécution publique par le chœur du Forum national de musique  de Wroclaw en Pologne et l'Orchestre symphonique allemand de Francfort. Une œuvre magistrale en projet avancé désormais.

B - Trésors enfouis de Notre-Dame

Le Museum National du Moyen Age propose quelques découvertes faites lors de ces fouilles après l'incendie de l'édifice. Fragments restaurés de sculptures des XIIème et XIIIème siècles.

Issues de destructions des révolutions et de refondation des chanoines au XVIIIème siècle  dans le chœur ou sur le portail central. On y a ajouté des découvertes du jubé récentes, à la croisée du transept permettant de réimaginer le décor primitif des deux premiers siècles de l'édifice.

En revoyant les statues-colonnes décapitées et coupées en tronçons du portail Saint-Anne en 1793-1794, ces rois, reines et apôtres n'ont pas retrouvé leur tête mais les fragments de leur corps ont été nettoyés et rassemblés. Les techniques modernes utilisées par le centre de recherche et de restauration des musées de France C2RMF permettent de déceler des détails esthétiques invisibles à l'œil nu mais incrustés dans les œuvres.

Ou encore des peintures et couleur comme l'ancien vermillon , vert pomme et bleu roi ont été trouvées sur des anges à la trompette ou sur les ressuscités sortant de leurs tombeaux. Sublimes !

Les experts ajoutent "les ailes des anges offrent même des dégradés allant du vert au jaune doré". A l'opposé, des teintes violacées sur des condamnés assuraient un effet contraire du précédent.

Objets de restauration, de commentaires et de contestation parfois de conclusions hâtives déjà retenues de recherches plus anciennes, les études réalisées depuis trois ans in situ ont permis d'enrichir le patrimoine archéologique du lieu sacré, regrettant pour certains de n'avoir pu prolonger leurs recherches en des lieux refermés dessous le pavement.

Ajoutant la reconstitution récente d'un manuscrit démembré de 1340 dont six feuillets, réunis au Musée de Cluny, font voir la clôture du choeur de notre Dame. Les amoureux inassouvis de pierres de ces origines apprécieront selon les experts en archéologie une trentaine de morceaux de la grande paroi sculptée isolant jusqu'au XVIIIème siècle les chanoines et les fidèles.

Le Musée de Cluny réunit de petites architectures d'église, des statues décapitées d'Aaron et de Moïse, des frises ornées de raisin et de vignes, avec les couleurs propres aux époques et à l'histoire sainte, l'ocre rouge étant consacré à l'Ancien Testament. La partie supérieure représente entièrement polychrome sur un fond bien lapis-lazuli montre les scènes de la passion jusqu'à la mise au tombeau. Une tête de deux larrons, le buste du christ, aux yeux clos, laissent dans l'émotion ceux qui les contemplent désormais sortis des profondeurs oubliées de Notre Dame. Avec regret il fallut interrompre les recherches de trésors conservés pour la postérité in situ !

C - La bibliothèque de Notre-Dame

Autre sujet d'intérêt demeure les parchemins, incunables réunis au Musée de Cluny en rapport avec la Bibliothèque Nationale, dépositaire d'une quarantaine de manuscrits de valeur inestimable. On devine que la liturgie, les missels, les partitions musicales, l'antiphonaire enluminé parmi des livres de théologie et de droit de l'Eglise ont été précieusement conservés pour le patrimoine national et religieux. On cite le don d'un ancien chantre d'ancien régime d'un volume d'époque mérovingienne, de l'Histoire des Francs de Grégoire de Tours figure dans ce trésor ainsi que des Evangiles carolingiens venus de Reims et le plus ancien exemplaire conservé de la Cité des dames de Christine de Pisan, d'une valeur unique ! (Photo de couverture : Manuscrit représentant Christine de Pisan au travail)

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