Le 13 décembre 1553, le prince Henri de Navarre naissait au château de Pau, fils d'Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, et de Jeanne d'Albret. Bien que farouche calviniste, la reine de Navarre, dans les douleurs de l'enfantement, entonnait d'une voix forte le cantique Notre Dame du Bout du Pont (Pont qui donnait l'accès au château de Pau) :
Nouste Daume deu cap deu pount /Ajudatz-me a d'aquesta òra ! / Pregatz au Diu deu ceù / Que'm volha vier desliurar lèu. / D'un mainat que'm hàcia lo don / Tot, dincau haut deus monts, l'implòra. / Nouste Daume deu cap deu pount / Ajudatz-me a d'aquesta òra !(Notre-Dame du bout du pont / Aidez-moi à cette heure ! Priez le Dieu du ciel / Qu'il veuille venir me délivrer bientôt / D'un garçon qu'il me fasse don / Tout, jusqu'en haut des monts, l'implore / Notre-Dame du bout du pont / Aidez-moi à cette heure !).
L’ancien cantique béarnais se rapportait à un oratoire situé au pied du château de Pau - « au bout du pont » - dédié à la secourable « Nouste Dame » qui était invoquée avec constance par les bergers afin de traverser le Gave sans incident, et par les femmes durant leur grossesse.
Qui eut alors dit que la mélodie de l’ancien cantique béarnais serait, plus tard, empruntée pour le chant de tradition des parachutistes : « Saint Michel, patron des paras / Trempe nos cœurs de hardiesse / Conduis nos pas joyeux… ».
Au Pays Basque, Saint-Michel est célébré en plusieurs endroit. A Hendaye, la Zarpaï Banda continue la tradition : samedi, de 10 heures à 13 heures, sept compagnies feront résonner le son des tambours et des barils en défilant entre le centre nautique et le boulevard de la Mer jusqu’au rond-point du Palmier. Un repas sera ensuite partagé au club-house Ondaraitz.
Un village au pied des montagnes bas-navarraises
En pays de Cize, ou Garazi en basque (on ne sait pas trop, d’ailleurs, si ce nom de Cize, altération de Garazi en basque, provient de "via Caesaris" - la voie ou le chemin de César, à cause du passage de la voie romaine Bordeaux-Astorga – ou bien des traces d’un culte rendu au Dieu Garus), se trouve le village de Saint-Michel-le-Vieux. Son nom basque, Eiheralarre, signifie textuellement la « lande du moulin » . On le trouve mentionné en 1140 sous la forme latine « Villa sanctis michaelis » et les deux crosses de l’abbaye de Roncevaux contenues dans son blason permettent de mieux situer géographiquement notre village. En effet, semble-t-il, avant même la fondation vers la fin du XII° siècle de Saint Jean Pied de Port, son plus puissant voisin entouré de remparts, notre petit village avait déjà pour fonction principale l'accueil des pèlerins. C’était l'ultime halte avant l'ascension vers les ports de Cize et l'abbaye de Roncevaux. Pour cela, les chanoines de Roncevaux possédaient à Saint-Michel une commanderie située à la maison Arbelaenia, qui porte encore sur son linteau deux crosses croisées de Roncevaux. Un village qui avait son importance au Moyen-âge : on ne comptait pas moins de trois églises à Saint-Michel-le-Vieux, dont deux seront réunies à la paroisse voisine de Saint Martin de Çaro ; autour de ces églises et prieurés, on dénombrait en 1350 vingt et une maisons de laboureurs, dont une partie de la production agricole devait sans doute alimenter les divers établissements jacquaires.
On y trouvait également une douzaine de maisons nobles : la plus connue était Alzu qui sera liée aux propriétaires de Larrea à Ispoure. A la Révolution, leur descendant Bernard d'Alzu se réfugia à Pampelune où il y mourut en 1792 ; les révolutionnaires en profitèrent pour le spolier de ses biens et les vendre aux enchères comme biens nationaux.
Le village de Saint-Michel-le-Vieux en pays de Cize ou Garazi constituait également l'ultime halte avant l'ascension vers les ports de Cize et l'abbaye de Roncevaux, d’où les deux crosses de Roncevaux contenues dans son blason.
En 1793, le village fut le théâtre d’une importante bataille : Château-Pignon le 6 juin 1793. Trois jours auparavant, au combat de Baïgorry, qui en fut comme le prélude, 700 Français avaient repoussé à la baïonnette un corps de 1 800 Espagnols qui se préparaient à revenir à la charge.
Or, profitant d’un épais brouillard plusieurs colonnes espagnoles avec de l'artillerie cherchèrent à surprendre les avant-postes du camp français, gardés par les fameux « chasseurs cantabres » commandés par le capitaine de Moncey qui fondit sur l'ennemi, le renversa, massacra ses canonniers et pénétra jusqu'à la hauteur de Mendihelza. Un corps de troupes espagnoles, précédé de 6 pièces de canon, voulut s'opposer à son mouvement. Moncey, soutenu par le capitaine Jean Boudet, commandant une compagnie franche de Bordeaux, s'élança sur l'ennemi et réduisit canons et canonniers à l’impuissance.
Hélas, le brouillard se dissipa, ce qui permit aux Espagnols de voir le petit nombre de leurs vainqueurs. Honteux de leur méprise, protégés par une batterie de 4 canons et de 2 obusiers, ils reprirent l'offensive avec acharnement. Déjà ils étendaient leur ligne pour envelopper les Français.
Sagement, Moncey ordonna le repli sur les retranchements. Car, les nouvelles recrues chargées de défendre le camp de Château-Pignon prirent peur des obus que les Espagnols lançaient sur les chasseurs cantabres de Moncey. Sans attendre ces derniers, et au lieu de se joindre à eux, ces nouvelles recrues prirent la fuite en désordre, et se retirèrent dans une seconde position qu'elle abandonnèrent presque aussitôt. Une compagnie de grenadiers arrêta néanmoins l'ennemi, et soutint pendant trois heures toute la vivacité de son feu.
Les troupes légères espagnoles tournèrent alors la droite du camp, l'entamant par une attaque vive et l'obligeant à se retirer et se précipiter dans l'intérieur des retranchements. En vain Moncey, aidé de La Genetière, fit de nouveaux efforts pour arrêter les fuyards ; il ne put y parvenir. Les Français, sur le point d'être enveloppés de toutes parts, fuirent en désordre et coururent se réfugier sous le canon de Saint-Jean-Pied-de-Port.
Cependant, cette bataille, si pleine de péripéties bizarres, causa plus de mal aux vainqueurs qu'aux vaincus. Car, si les Espagnols restèrent maîtres du camp de Château-Pignon, où ils trouvèrent deux pièces de canon qui avaient été abandonnées, 1 200 de leurs soldats jonchaient la terre, tandis que du côté des Français, on comptait à peine 100 morts et 200 blessés. Ce fait d'armes avait révélé la bravoure et le sang-froid d’un futur maréchal de Napoléon : Bon Adrien Jeannot de Moncey, duc de Conegliano. Nommé capitaine le 12 avril 1791, il commandait, au mois de juin 1793, le 5e bataillon d'infanterie légère devant Saint-Jean-Pied-de-Port. Moncey prêta serment entre les mains du roi Louis XVIII, en qualité de maréchal de France, le 14 juillet 1816.