Chacun connait l’origine du saint patron de la ville de Bayonne : né à Carentan à une date peu vérifiée par l’état-civil de l’époque, il partit avec ses parents rejoindre la cour du roi Louis II de Germanie le long du Rhin, en Bavière, puis rejoint Paris pour des études dans une école fondée par Charlemagne. Nommé en 888 archevêque de Rouen, il est envoyé vers le pays de Labourd afin d’évangéliser les Basques, Vascons du temps jadis. Dure épreuve, car les dits Basques adoraient le dieu Mars parmi le panthéon généreux des divinités de l’époque.
Où se trouvait ce temple érigé depuis l’époque romaine dans la cité de Bayonne ? Point d’archives pour le dire. La question demeure sans réponse ! Mais de notoriété, les Bayonnais adoraient cette divinité, par les aléas du temps, en subissant l’envahisseur viking dans leur citadelle peu ou prou protégée. Ces visiteurs belliqueux ratissèrent le lieu et coupèrent la tête de Léon et de deux de ses frères – oubliés -, Philippe et Gervais, qui connurent le même sort.
Frères de sang, frères d’armes, les deux à la fois sans doute, car à l’époque, le bras armé de ces hommes conduit leur itinéraire de la mission.
Léon fut célébré - et l’est jusqu’à nos jours - en début mars de chaque année dans la cathédrale et le diocèse dont il est le patron. La tradition lui demeure attachée par des cantiques et des chants populaires, des confréries disparues, un lien avec la proximité de la Nive où, selon la mémoire passée, il y fut décapité.
A propos du « roi » Léon, en revanche, baudruche exhibée lors des fêtes de l’été, il reste encore le souvenir du Bayonnais rabelaisien, épicurien et singulier qui inspira le personnage trônant au balcon de la ville. Un quidam gourmand et pittoresque, amuseur et saltimbanque, que l’on célèbre dans le dédale de l’été (voyez l’article suivant).
Quoi de commun entre les deux personnages de l’histoire ?
Gargantua et Pantagruel illustrèrent les récits bouffons de Rabelais, ce moine gourmand qui célébrait les joies terriennes du bon vivre de son époque. Ils se reconnaissent lors des festivités bayonnaises : la tradition du printemps de l’un (au carnaval), celle du second aux Fêtes estivales de la ville.
Mais, tradition double, Bayonne aime les célébrer à la fois dans leur différence et leur originalité ! L’âme bayonnaise dans son sens gascon du bien-rire, du bon vivre, du savoir-faire légendaire, demeure le cachet d’une cité empreinte de passé et de la « vista » pour ceux qui la découvrent au détour d’un voyage dans un pays autre et tout autre selon leur imaginaire !
François-Xavier Esponde