1 – Rome, l’unique.
Rome nous fascine sans cesse pour la qualité de la visite de ses monuments et son histoire chrétienne, la nôtre, la plus ancienne et la première. Voyager et visiter la Ville Eternelle, prier et se souvenir de tant de vies consumées dans ce lieu de mémoire, entretiennent la ferveur de ces millions de pèlerins qui s’y rendent sans discontinuer, le temps d’un séjour.
Comment ne pas s’émouvoir en admirant la fresque d’Adam et d’Eve dans les Catacombes de Domitille. Il aura fallu attendre le XVIème siècle pour redécouvrir les scènes de la Genèse du monde et se laisser attendrir.
Poursuivons par la contemplation de l’Arche de Noé, et la colombe qui s’envole vers le ciel, la scène du Bon Pasteur dans la Tombe dite des Boulangers.
Le Christ est le bon berger et porte sur ses épaules toutes ces brebis de l’humanité qui le regardent in situ.
Il y a encore l’Arcosolium des apôtres Pierre et Paul, représenté par les deux lettres du Nom du Christ, symbole des premiers chrétiens en ce lieu. On y reconnait également la Fresque des douze apôtres autour du Christ au-dessus de la première.
Tout cela est bien daté comme le seront les origines chrétiennes de la ville contemporaine.
En continuant la visite hors les soubassements de la cité, retrouvons la Prison Mamertine où Vercingétorix fut étranglé par Jules César, et où la tradition de la foi chrétienne rapporte que Pierre et Paul furent également emprisonnés sur les ordres de Néron.
Tradition et légende venant auréoler la mémoire, Pierre le fougueux aurait baptisé ses geôliers avec l’eau d’un puits jailli du sol, et Paul le narrateur aurait écrit plusieurs lettres.
Le site, creusé dans le roc du Capitole, serait daté du VIIème siècle et se trouve aujourd’hui au sous-sol de l’Eglise Saint Joseph artisan.
Autre site mémoriel de Rome, l’église des Trois Fontaines où Saint Paul aurait été décapité selon une tradition du Vème siècle.
Moins connue que la Basilique Saint-Paul-hors-les-murs, elle serait située - selon les guides - dans l’actuelle Abbaye du même nom, sur le site antique des Aquae Salviae. A sa mort, la tête de Paul ayant rebondi par trois fois, trois sources naquirent donnant au lieu le nom de Trois Fontaines...
2 - De saint Paul à saint Pierre.
La tombe de saint Pierre et l’obélisque occupent une place majeure dans la mémoire des chrétiens de Rome. La nécropole de Pierre contiendrait les os conservés de son corps physique bien que des discussions entre spécialistes rendent cette authenticité invérifiable. En 1939, Pie XII fit faire en ce lieu des fouilles qui se poursuivirent dans le plus grand secret pendant la guerre.
L’obélisque égyptien se dresse près de l’endroit même où eut lieu le martyre de Pierre, proche du Cirque de Caligula.
Autre site mémoriel unique, les catacombes historiques de Saint Calixte le long de la Via Appia, où le Christ serait apparu à Pierre qui tentait de fuir de Rome. Portant le nom du diacre Calixte préposé par le pape Zéphyrin à la gestion des cimetières des martyrs, le lieu représente pour l’église universelle une attestation incontournable de la vie des fidèles du Christ au IIIème siècle.
Les catacombes de Priscille renferment la scène la plus ancienne de la Vierge à l’Enfant selon une nativité datant de la première moitié du IIIème siècle. Priscille serait le nom de la mère d’un sénateur devenu chrétien - sans doute Prudens - qui aurait donné ce nom à ce cimetière.
A Rome, on trouve encore l’oratoire sous la Basilique des saints Jean et Paul. Dans les parties basses des lieux, subsiste une maison aristocratique des IIIe - IVe siècles, habillée de fresques où se mêlent des scènes syncrétiste de ce temps. Sans doute un oratoire païen devenu chrétien, contenant deux traditions successives et de premier intérêt pour lire les us et pratiques religieuses des époques consécutives à Rome. Une église « peuple de croyants » devenue église bâtiment de la foi « domus ecclesiae ».
Poursuivant la visite, le mausolée de Sainte Constance attire le regard. Construit pour la fille de Constantin, le Mausolée de Sainte Constance se trouve à l’intérieur de la Basilique Sainte-Agnès-hors-les-murs, objet de vénération pour l’empereur. Les mosaïques du IVème siècle qui ornementent le site demeurent un joyau rare de l’art paléochrétien. Le Christ y transmet le message à ses deux apôtres Pierre et Paul mais, disent les commentateurs, la croix ne figure pas encore dans la représentation chrétienne de ces origines. Il faut comprendre qu’elle était symbole de mort violente, de torture et de sacrifice, difficile à accepter de la part des empereurs et des sujets les plus proches de sa mission.
Enfin, autre site incontournable, la Basilique Saint-Jean de Latran. Après la victoire du pont Milvius en 312, l’empereur Constantin victorieux prend le pouvoir. Etablissant la liberté de culte pour les chrétiens par l’Edit de Milan, il met un terme à leur persécution. Ce sera le signe impérial de l’édification de la première église d’occident avec la majestueuse Basilique Saint-Jean de Latran, splendide, visible et publique désormais offerte aux Romains. Eglise cathédrale du pape, Mère des églises-mères du monde entier, elle fut construite sur des terrains militaires des gardes de l’empereur, hors les murs pour ne trop froisser les sensibilités de l’époque, qui ne partageaient sans doute pas toutes la ferveur de Constantin et son intérêt pour cette nouvelle religion chrétienne apportée dans l’Empire romain...
De Rome toujours, depuis désormais plus de deux mille ans, l’histoire et la ferveur chrétienne sont venues habiter nos terres. L’histoire de ces origines épouse la nôtre. Elle ne retire en rien la particularité de nos modes de pensée et la faculté de nous en inspirer. Mais de toute évidence, la référence romaine de la foi chrétienne appuyée sur cette mémoire spirituelle et artistique millénaire, résiste à l’oubli et nous conforte dans la foi de nos origines.
François-Xavier Esponde