La montagne, ses paysages, son écosystème et ses cours locaux, Manex tête noire et vaches Pirenaika, seront mis à l'honneur dimanche 24 juillet au col d'Iropile lors du "Bortuaren Eguna" à Estérençuby organisé (en partenariat avec les Ikastolas, écoles immersives en langue basque) par l'Association Buru Beltza qui rassemble des éleveurs de brebis Manex Tête Noire (Buru Beltza) pour travailler collectivement au développement durable de cette filière ovine tournée vers des pratiques résilientes telles que la transhumance longue en montagne.
Programme :
9h, signature de l'accord de coopération entre Cize et Aezkoa et hommage. Promenade en VTT et location de VTT électriques - 9h30 petit déjeuner. Concours de fromage de brebis ferme et estive - 10h, excursion musée Orbaizeta, départ toutes les 30 mn jusqu'à 13h. Randonnée cromlechs d'Aspeguy. Marché et démonstrations, produits fermiers de la vallée de Cize et d'Aezkoa. Tonte - 11h concours de chevaux
12h, apéritif, danses par le groupe Pipirripi - 13h, repas animé avec Zabaltza Ihidoi et Mugi Muga
Après-midi : coin pour les enfants, talo - 20h, soirée Kultur Ola avec DJ Masai - Tout au long de la journée : exposition photos dessins et poèmes.
Plein tarif : 25 € (Repas animé) / Tarif réduit : 10 € (Petit-déjeuner) / Autre tarif : 3€ (Excursion).
Une histoire plus que millénaire
La journée de l’estive Bortuaren Eguna est l’occasion de ratifier l’accord passé entre la Commission Syndicale du Pays de Cize et Aezkoa. Cet accord, vieux de près d’un millénaire, règle encore aujourd’hui les questions relatives "à l’utilisation des estives limitrophes, de part et d’autre de la frontière, entre les éleveurs des deux côtés".
Les relations entre les vallées remontent à la nuit des temps, tout du moins depuis la protohistoire. On en trouve les premières traces dans les vestiges néolithiques. Les "cromlechs, dolmens, menhirs sont identiques sur les différents versants de la montagne". Les populations de l’époque, sédentarisées, pratiquaient l’élevage, et l’intérêt des estives a donc très vite nécessité que les hommes s’accordent quant à leur utilisation.
Des conventions furent créées dès l'époque féodale (XIème-XIIème siècle). Elles assuraient la paix et la jouissance commune des pâturages entre les différentes vallées. Régulièrement au cours des siècles, elles recevaient confirmation, ou modifications.
C'est le 13 août 1556 qu’a été signé l’accord le plus ancien qui nous soit parvenu entre les pays de Cize et d’Aezkoa, époque à laquelle se forment institutionnellement les États français et espagno. Cet accord, appelé en droit coutumier « pacerie », vient entériner entre les souverains des différents royaumes l’utilisation commune de terrains transfrontaliers et éventuellement le paiement de redevances. Elle donne le droit aux frontaliers d’aller faire paître leurs troupeaux de l’autre côté de la frontière, en fonction de "l'éclairage" du soleil.
La signature se faisait auparavant au Col d’Arnosteguy - alors appelé Iribiateco lepoa - afin d'entériner les décisions prises pour les estives de l’endroit, au niveau d’une borne située la borne frontalière n°205, au lieu dit Jaraldea.
Depuis lors, l'accord instituant la liberté de commerce et la solidarité a été régulièrement renouvelé lors d'assemblées frontales, parfois pour délimiter de manière plus officielle et préciser les frontières administratives et nationales ou, comme au XVIème siècle, pour garantir la sécurité des communautés face aux brigands, leur indépendance économique et politique face aux attaques extérieures.
Désormais, c'est chaque 4ème samedi de juillet que se déroule le renouvellement du traité de 1556 près du cromlech d’Iropile qui comporte 30 pierres symbolisant les 9 villages d’Aezkoa et les 21 villages de Cize/Garazi : elles avaient été installées en 2006 pour le 450ème anniversaire du traité.