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Histoire
Richard Cœur de Lion à Bayonne (1169-1199)
Richard Cœur de Lion à Bayonne (1169-1199)

| Alexandre de La Cerda 1222 mots

Richard Cœur de Lion à Bayonne (1169-1199)

À propos de la prochaine conférence de l'Université du Temps Libre de Bayonne qui aura lieu ce vendredi 15 novembre à 15h au Centre municipal de réunions (10 place Sainte-Ursule, à Saint-Esprit) et qui verra Frédéric Boutoulle, professeur d' histoire médiévale, évoquez "Richard Cœur de Lion à Bayonne" , je vous propose ce bref rappel que j'avais eu l'occasion d'effectuer dans mes chroniques historiques radiodiffusées sur France Bleu ou publiées dans l'ancien hebdomadaire régional.

Ainsi, concernant Richard Ier d'Angleterre, surnommé « Cœur de Lion », fils d'Aliénor d’Aquitaine et d'Henri II Plantagenêt, deux dates concernant notre région sont le plus souvent mentionnées par les historiens : on sait qu’il fut chargé par son père de l'administration de l'Aquitaine à partir de 1170. En 1174, il assiège Bayonne et prend la ville en 10 jours. 

Richard Ier, roi d'Angleterre. Miniature du XIIIe siècle.jpg
Richard Ier, roi d'Angleterre. Miniature du XIIIe siècle ©
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Rappelons d’abord que la vicomté du Labourd avait été créée en 1023 par Sanche le Grand, roi de Navarre. En 1152, Aliénor d'Aquitaine, en se mariant avec Henri II Plantagenêt, apporte l'Aquitaine – et par conséquent le Labourd - à la couronne d'Angleterre lors de l'accession au trône de ce prince en 1155. 

Cette domination anglaise va durer trois siècles. En 1167, puis en 1174, plusieurs grands seigneurs aquitains se soulèvent contre la prise de pouvoir anglaise, parmi lesquels, Arnaud-Bertrand, vicomte de Labourd. Richard Ier d'Angleterre, surnommé Cœur de Lion, fils d'Aliénor et d'Henri II, chargé par son père de l'administration de l'Aquitaine à partir de 1170, doit assiéger Bayonne en 1174 pour affermir le droit des Plantagenêt sur la région.

Bayonne lui résiste, mais il prend la ville en dix jours. 

Le vicomte Arnaud est contraint de se réfugier à Ustaritz, au château de la Motte (emplacement de la mairie actuelle). C’est alors qu’Ustaritz deviendra la capitale du Labourd jusqu'à la révolution. 

Quant au vicomte du Labourd, il y demeurera jusqu'en 1193, année où Guillaume Raymond IV de Sault, successeur d'Arnaud-Bertrand par sa mère Marie Bertrand, hérite de la vicomté du Labourd. Il fut contraint de vendre ses droits sur la vicomté du Labourd au roi d'Angleterre pour 3680 florins d'or. En 1235, Henri III peut donc achever le projet de Richard Ier d'instituer un représentant permanent du roi auprès de l'administration locale. 

Mais on disait qu’à cette charge de bailli, installée à Ustaritz, ne pouvaient prétendre que ceux qui parlaient la langue du pays, c’est-à-dire le basque ! 

En fait, c’est la plus grande partie du Pays Basque continental, avec Bayonne, qui passa sous domination anglaise. Mais Richard Cœur de Lion, qui avait reçu de son père Henri II le gouvernement d'Aquitaine, dut faire face à de continuels soulèvements. En 1174, il décréta la séparation de Bayonne du reste du Labourd.

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Sceau de Richard Cœur de Lion ©
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Sous l’influence des Anglais, Bayonne fut en partie repeuplée de Gascons. Grâce à des bourgeois et commerçants actifs, la séparation de Bayonne avec le Labourd transforma la ville en un important centre commercial, attisant les rivalités avec les autres localités du Labourd. 

En 1215, Bayonne obtint une Grande Charte qui favorisa son expansion économique. De plus, à la suite de l’intervention de Richard Cœur de Lion séparant Bayonne de la Vicomté de Labourd, le maire était nommé par le roi et portait pour cette raison le titre de "Gouvernedor l’Offici de le maiorie de Baionne" - d’où l’indication d’une décision du "Gouverneur de la Ville".

Un quartier de Bayonne parmi d’autres dut son développement à Richard

Au moyen-âge, sous la longue occupation anglaise pendant laquelle Bayonne obtient de Richard Cœur de Lion, des privilèges lui permettant de pratiquer une activité commerciale, et guerrière, prospère, les métiers de la mer et du commerce attirent dans le faubourg ouest une forte population. Ce nouveau quartier prit tout naturellement le nom des lourds bateaux de transports de marchandises inventés par les marins méditerranéens, les tarrides dont la dimension les empêche de manœuvrer dans le port intérieur. Entre le faubourg de Tarrides et le cœur de la cité où l’on forge les armes, rue des Faures, où l’on fabrique les bois de lances, rue des Hasters, l’échange est incessant. La porta occidentalis devient ainsi le Portail de Tarrides.

Mais l’action de Richard cœur de Lion eut encore d’autres répercussions sur le Pays Basque : après la prise de Bayonne, Richard Cœur de Lion détruisit les places fortes jusqu'en Cize. Ce n’est qu’en 1191, après le mariage de Bérangère, fille du roi de Navarre Sanche le Sage avec Richard Cœur de Lion, que les Anglais vont restituer l’Arberoue, Osses, Cize et Irrissari au roi de Navarre.

Au-delà de ses actions militaires, le souverain anglais légiféra afin de mettre de l'ordre dans ses possessions d'Aquitaine, Richard Cœur de Lion, duc d'Aquitaine devenu roi d'Angleterre, rendit une ordonnance vers l’an 1190, qui est conservée aux archives municipales de Bayonne, « pour la répression des crimes et délits dans la ville et dans la vicomté de Bayonne » : il s'agit d'un véritable code de droit pénal, promulgué par le roi-duc avec l'assentiment des évêques de Dax et de Bayonne, du sénéchal de Gascogne, des seigneurs « cavers » et du peuple, et qui s'imposait à toute la vicomté. Dans le fil de ces événements, fut constituée une milice labourdine nommée Armandat que les Labourdins conservèrent après leur annexion à la couronne de France en 1451. L' Armandat devenue la milice du Labourd fut conservée jusqu’à la révolution qui supprima d’un trait de plume les dernières libertés de la province.

Richard Cœur de Lion, une forte personnalité

Ce qui a fait la fortune du personnage aux yeux de la postérité et lui conserve son panache tient à ce qu'il rassemble en sa personne la plupart des éléments de la remarquable civilisation du XIIème siècle.

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Richard Cœur de Lion ©
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Né à Oxford en 1157, fils du duc de Normandie et roi d'Angleterre Henri II Plantagenêt et de la duchesse-reine Aliénor d'Aquitaine, il est élevé à la cour de Poitiers, brillant foyer de culture où se produisent musiciens et troubadours, initiateurs d'un nouvel art de vivre fondé sur l'amour courtois. A leur école, Richard deviendra lui-même poète, les protégera et favorisera la diffusion de leurs œuvres

C’est alors que l’Aquitaine est dévolue à Richard : lors de l'hommage que son père Henri II rend au roi de France Louis VII en 1169, le prince est reconnu comme futur détenteur de l'Aquitaine, alors qu'à son frère aîné, Henri le Jeune, reviendront l'Angleterre, la Normandie et les fiefs patrimoniaux des Plantagenêts, l'Anjou et le Maine. 

A partir de 1171, Aliénor, sa mère, le présente comme son héritier aux barons aquitains, mais la dévolution du pouvoir est fictive et, comme Henri II s'en réserve la réalité, la reine et ses fils se révoltent contre lui. 

La rébellion échoue et Richard en tire la leçon : il se réconcilie avec son père qui le charge de mettre à la raison dans des campagnes successives de 1174 à 1183 les seigneurs aquitains.

Au siège de Châlus, afin de se protéger des tirs - il ne portait que son casque -, Richard se pencha vers son écuyer pour s'abriter derrière son écu mais le carreau d'arbalète vint se ficher dans le haut de son épaule gauche, à la base de son cou. Richard arracha la flèche et rejoignit son campement. Mais la blessure, mal traitée par son médecin, fut gagnée par la gangrène. Richard mourut le 6 avril 1199.  
Sa mère, Aliénor d'Aquitaine, accourue de Fontevraud, put recevoir son dernier souffle. 

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Gisants de Richard Cœur de Lion et de sa mère Aliénor d'Aquitaine, abbaye de Fontevraud ©
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