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Patrimoine
Quand Philippe Lartigue surfe sur les rayures du déconfinement
Quand Philippe Lartigue surfe sur les rayures du déconfinement

| Anne de Miller-La Cerda 810 mots

Quand Philippe Lartigue surfe sur les rayures du déconfinement

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Atelier local et ses rouleaux de tissu ©
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Nappe et serviettes assortis ©
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Depuis le début du mois, l’entreprise Lartigue 1910 a rouvert ses portes au public et reprend progressivement ses activités. 
Cependant à cause de l'épidémie, Philippe Lartigue a dû réduire drastiquement ses effectifs. Pendant le confinement,  l’entreprise qui n'avait pas totalement fermée, fabriquait des masques professionnels en polyester et molleton en catégorie 1 homologuée.  Un nouvel article qu'elle propose aujourd'hui à la vente.

Courage et ténacité, voilà ce qui caractérise le basco-béarnais Philippe Lartigue qui avait établi depuis près de neuf ans son magasin-atelier dans la zone artisanale Larre Lore à Ascain, à plus d’une centaine de km de la maison-mère Lartigue située à Bidos près d’Oloron. Au Pays Basque, l’entreprise s’est développée et gère 4 boutiques supplémentaires à Ascain, Biarritz, Saint-Jean-de-Luz - actuellement en travaux jusqu’en juin - et Espelette, encore fermée suite au confinement.  
Après quatre générations aux pieds des Pyrénées, ce sexagénaire s’était lancé un défi en agrandissant son entreprise sur la Côte  Basque.. 

Son arrière-grand-père Calixte, qui avait appris le métier de tisserand dans le Nord de la France, avait fondé en 1910 son propre atelier de filature. Au fil du temps, la toile à espadrilles, puis le béret, seront vite prisés pour leur qualité. Quarante ans plus tard, son entreprise Lartigue employait 100 personnes.  

Cependant, cet essor allait pâtir, à partir de 1980, des importations asiatiques et de l’industrialisation, le tissage chutant progressivement. Quatre générations plus tard, pour sauver l’entreprise familiale, l’actuel héritier Philippe Lartigue ajouta le linge basque à sa panoplie. En conservant l’acquis traditionnel de la qualité de ses ancêtres, il redynamisa la société et choisit de l’étendre à la Côte Basque sous la marque « Lartigue 1910 ». Il y développe un tourisme industriel vivant et refuse le terme de Musée. 

Dans l’atelier de plus 1000 m2 de la zone artisanale d’Ascain qui compte un grand magasin aux nombreuses gammes de produits, bruissent habituellement les métiers à tisser, un ourdissoir avec des milliers de bobines dispose le fil sur un tambour de 1,75 m de large par exemple – ce sera la largeur du tissu – qui tournera afin d’enrouler les 500 m constituant la longueur de la pièce créée, en terme de métier, il s’agit de « la chaîne ». L’entreprise propose aussi du « sur mesure ». « De la bobine de fil au produit fini, tout est fabriqué ici, sauf le fil de coton acheté par courtage en Inde. Grande nouveauté, à partir de 2020, le fil a été labellisé 100% Bio, sans pour autant trop augmenter le prix de revient au consommateur.  

Afin de moderniser la fabrication, une styliste travaille à plein temps. A l’affût des dernières tendances, celle-ci ajoute aux rayures rouges et vertes traditionnelles des gammes de couleurs variées qui décorent le linge, les nappes, les espadrilles  et autres objets insolites tels que trousses, plateaux... Pour la nouvelle collection de cet été, les couleurs seront rouille, sable, vert, jaune sur des fonds blancs. Anti-allergiques de très bonne qualité, les couleurs sont certifiées Oekotex, norme de contrôle adoptée en Allemagne.    
Depuis trois ans, l’entreprise Lartigue a reçu le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV), une marque de reconnaissance de l'État, mise en place pour distinguer des entreprises françaises détenant, entre autres, des savoir-faire industriels et artisanaux d'excellence. 
« Il faut protéger la qualité », insiste Philippe Lartigue qui espère obtenir le label IG / indication géographique  (*) d’ici la saison estivale prochaine. 
Ce qui est indispensable pour l’artisanat, l'est pour toutes les autres productions locales, particulièrement l’agroalimentaire. 
En ce début de déconfinement, tout en respectant les mesures d’hygiène avec port des masques du personnel, gel hydro alcoolique, l’atelier Lartigue vous invite à redécouvrir ses nouvelles vagues de rayures .  
Reouverture des magasins à Ascain, Biarritz et prochainement pour la saison estivale à Saint-Jean-de-Luz et Espelette.

(*) NDLR : l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) a annoncé l’ouverture de l’enquête publique sur l’indication géographique « Linge basque », suite à la demande d’homologation du Syndicat des tisseurs du Linge d’origine basque, dont font partie les tissages "Lartigue 1910". Une indication géographique distingue un produit originaire d'une zone géographique déterminée, qui possède des qualités, une notoriété ou des caractéristiques liées à ce lieu d'origine. Si le label est homologué, il reviendra au syndicat des tisseurs de linge d’origine basque de délivrer ce dernier aux entreprises qui le souhaitent et qui prouvent qu’elles respectent le cahier des charges correspondant. L’INPI indique que trois ateliers de tissages sont concernés, à ce jour, par l’homologation de l’indication géographique : les deux ateliers de Philippe Lartigue, à Bidos et à Ascain, ainsi que les tissages Moutet. Avec l’appellation, il sera plus facile de distinguer leur savoir-faire 100 % local et leurs productions respectives dans un secteur où il y a de plus en plus d’importations. Les consommateurs sont très sensibles à ce genre d’appellation, comme l’a prouvé le succès des IGP dans l’agro-alimentaire.






 

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