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Patrimoine
Philippe Néri le 26 mai
Philippe Néri le 26 mai

| François-Xavier Esponde 1155 mots

Philippe Néri le 26 mai

1 - Les Italiens vénèrent Philippe Néri, tous les 26 mai comme l’un des principaux patrons de Rome et du pays. 
Les circonstances récentes de la pandémie et ces milliers de victimes évaluées en Italie-France-Espagne ont réveillé ces cultes plus anciens des populations à l’adresse de leurs saints protecteurs. 
L’Italie décompte 29 000 morts dont les anciens nonni- en nombre élevé. 
L’histoire fait la preuve que toute guérison personnelle s’accompagne d’une harmonie nécessaire du corps et de l’esprit, en bataille dans le combat mené contre toute maladie de telle gravité. 

Né en 1515 et mort en 1595, Philippe Néri est considéré comme l’un des plus grands saints du XVIème en pays latin, des deux côtés des Alpes. 
Sa béatification fut prononcée vingt ans après son décès en 1615 et il fut canonisé en 1622, le même jour que Ignace de Loiola, Francisco de Javier, Thérèse d’Avila et Isidore le laboureur, canonisés à la fois, en cette même année, faisant de ce parterre de sainteté le florilège imposant d’une date mémorielle inoubliable. 
Pour les Italiens, Philippe Néri deviendra le second patron de Rome avec Pierre, l’apôtre des origines chrétiennes de la cité. 
Philippe dispose des attributs chers aux italiens, la joie de la foi et le feu de l’esprit qui illuminèrent ce fils de famille que rien de prédisposait à cette vocation. 
Né à Florence dans un temps troublé de ce début du XVIème siècle, l’adolescent fréquentera les dominicains de San Marco et les bénédictins du Mont Cassino. L’influence religieuse de ces moines décidera de son destin. 
Il était initialement prévu qu’il embrasserait une carrière de marchands de tissus comme François d’Assise quelques siècles plus tôt, mais voyant le Sac de Rome en 1527 et l’état de destruction morale et spirituelle de la population, Philippe Néri initie “ce mouvement de renouveau intellectuel et spirituel de l’italie première qui portera à terme le nom de la Contre Réforme catholique face à l’influence de la Réforme protestante première mal vécue par les italiens pour le cas, dans leur totalité”. 
Philippe Néri comprend le pouvoir des études, de la philosophie et de la théologie. Saint augustin fait l’objet de ses lectures. 
Par défaut, il en mesure le bénéfice et se consacre à ce travail personnel exigeant et nécessaire pour comprendre le sens des Ecritures et de la Bible. 

Associant l’étude et les oeuvres charitables de la Société du Divin Amour, Philippe Néri change de monde en cette Pentecôte 1544. 
Son esprit développe une vocation personnelle d’engagement et de disponibilité. Il devient prêtre auprès de la jeunesse romaine, et le sens du service des plus pauvres de la ville lui inspire la fondation de la Congrégation de l’Oratoire. Une communauté de prière et d’action sociale immédiate face aux urgences d’une société troublée et sans repère. 
La congrégation fondée développe ses rangs et trouve en France un relai important en la personne du Cardinal de Bérulle qui fonde l’Ordre de l’Oratoire de France. 
Les similitudes comparées entre l’Italie et la France sont tangibles. Les idées religieuses de l’Oratoire traversent les Alpes. 
La spiritualité de l’Oratoire est propice pour temps de crise, d’épreuve spirituelle et de renouvellement personnel. 
La congrégation aura la charge de formation du clergé français au XVII ème siècle et assura la création de l’Ecole Française de spiritualité, mondialement connue, initialement préparée par Philippe Néri, dont les témoins rapportent le ton enjoué, heureux de vivre et contagieux de son influence  sur ses proches. 
“Il est plus facile de guider vers le bien les natures joyeuses, disait-il, que les âmes mélancoliques”

2 – Une vie passionnelle à l’italienne.
Le récit bio-hagio et légendaire de l’homme est un recueil fleuri de récits sympathiques à l’italienne dirons-nous. Il est habitué des miracles de son vivant,  et les détails relatés ne manquent pas de charme. Extases, lévitations, actes inexpliqués fourmillent. 
On sort du lot habituel de la routine pour embrasser l’informel, inédit et impossible. 
L’homme rencontre sympathie et infamie. Il est taxé d’être dément, possédé et véniel dans ses conduites. 
Les histoires sur le culte porté à sa personne de son vivant sont dignes du culte porté aux artistes et aux fans des "people" d’aujourd’hui. 
La réputation de sainteté à l’italienne a son revers d’injure, de calomnies, et Philippe Néri en subit l’adage, “qui aime bien châtie bien”, et son cortège de diffamations publiques.. 
Qu’importe pour lui, le feu de l’esprit ne cesse de le brûler. 

Il connaîtra de son vivant le culte des saints et son florilège de feux brûlants d’ignominies dans un temps où disent les historiens, le Concile de Trente est en germination, la société et l’église sont en crise, le sens et la pratique des sacrements dont l’eucharistie absents de la vie personnelle des croyants.. 
Toute crise morale ayant eu son pendant de retournement personnel, il est à penser que ces temps que nous vivons malgré nous, apporteront un lot inespéré de conduites spirituelles, guidées d’un souffle invisible et premier. 

3 – Les artistes célèbrent Philippe Néri.
La figure populaire de Philippe Néri réjouit sculpteur et architecte en la personne du sculpteur Pierre Legros et de l'architecte Philippo Juvarra, qui réalisèrent dans l’église romaine de San Girolamo della Carita un chef d’œuvre conjugué de la création en ce XVIIIème siècle. La chapelle des artistes attire les foules italiennes. Réalisée en 1708, l’oeuvre présente au-dessus de l’autel une ronde bosse du saint en extase. 
Le saint italien était coutumier de ces extases. Philippe Néri déclarait de son vivant : “tous ceux qui recherchent les visions et les extases ne savent pas du tout ce à quoi ils aspirent ”. Le sculpteur est de son époque et le ciseau de ses oeuvres est considéré comme l’un des meilleurs de son temps. 
Il avait déjà réalisé pour les jésuites la figure en marbre polychrome du jeune Stanislas Kostka à Sant’Andrea Al Quirinale dans la veine baroque la plus fine du XVIIème siècle. Thérèse d’Avila avait aussi fait l’objet d’une création de l’artiste. 
La complicité artistique de l’architecte et du sculpteur est profonde : la figure de Philippe Néri en sainteté s’élève au dessus de l’autel soutenue par deux anges. Le visage est tourné vers le ciel, au delà, les mains ouvertes, fébriles suivent  le mouvement de son vêtement liturgique. Le saint vit l’extase qui fascine et séduit le priant, visitant, contemplatif qui se laisse transporter vers un ailleurs. 
Les italiens se reconnaîtront  en ce fils de Florence qui se laissa en son temps consumer par l’Esprit. 
Dans l’actuelle épreuve de ce pays éprouvé par la pandémie mortelle et ses victimes innombrables, on devine sans peine l’espérance désirée et nourrie par la croyance des humains de vouloir donner sens à ce sacrifice pascal de cette année 2020. 
Philippe Néri est invoqué comme l’ami de la jeunesse, contre les tremblements de terre dans le monde, matière à propos pour cette actualité d’une pandémie dévastatrice de vie humaine. 
Philippe Néri viendra comme une retouche spirituelle d’un passé revisité par le présent de l’histoire italienne d’un pays de passion, aujourd’hui déchiré de douleur et d’épreuve ! 

Légende : saint Philippe Néri par Pierre Legros (1666-1719), Rome, église San Girolamo della Carità 

Répondre à () :

Eymard Emmanuel | 16/05/2020 07:43

Pourquoi donc n’y a t il pas un saint Neri au calendrier ?

Alexandre de La Cerda | 16/05/2020 13:16

Saint Philippe de Néri, fondateur de la congrégation des Oratoriens (je suis un ancien de l'Ecole Massillon à Paris) fut béatifié le 11 mai 1615 par le pape Paul V, et canonisé le 12 mars 1622 par le pape Grégoire XV. Liturgiquement, il est commémoré le 26 mai.

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