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Histoire
Nuit du 4 août 1789 : la fin des libertés provinciales en prélude à la déportation des Basques
Nuit du 4 août 1789 : la fin des libertés provinciales en prélude à la déportation des Basques

| Alexandre de La Cerda 776 mots

Nuit du 4 août 1789 : la fin des libertés provinciales en prélude à la déportation des Basques

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En ce sinistre 233ème anniversaire de la fameuse nuit du 4 août 1789, le regard documenté des historiens rend propice une réflexion sur "notre bel aujourd'hui" : "après le 14 juillet, une vaste insurrection éclate en France. Contre qui ? Contre le vieil objet de la haine générale, contre le fisc. Dans les villes, on démolit les bureaux d’octroi, on brûle les registres, on moleste les commis, manière sûre de se délivrer des impôts. Vaste jacquerie dans les campagnes, et ce n’est pas un phénomène nouveau : ainsi se traduisent les vœux, de forme si raisonnable, qu’ont exprimés les « cahiers ». L’ambassadeur de la République de Venise, observant comme toujours d’un œil aigu, écrivait : « Une anarchie horrible est le premier fruit de la régénération qu’on veut donner à la France… Il n’y a plus ni pouvoir exécutif, ni lois, ni magistrats, ni police »

Cette explosion, nommée par Taine l’« anarchie spontanée », n’échappa pas à l’Assemblée. Elle en fut effrayée et elle se comporta avec la foule comme le roi se comportait avec elle : par à-coups et sans réflexion. Un rapport sur le brigandage, qui concluait dans les mêmes termes que l’ambassadeur vénitien, répandit l’alarme. On se dit qu’il fallait faire quelque chose afin de calmer les populations pour qui la promesse d’impôts justes et régulièrement votés était une maigre satisfaction. Le 4 août, dans une séance du soir, un député de la noblesse, le vicomte de Noailles, proposa de supprimer les droits féodaux. 
Ce qui restait de ces droits était naturellement fort détesté. À la vérité, beaucoup avaient disparu, d’autres étaient tombés en désuétude. La féodalité déclinait depuis bien longtemps. Le sacrifice n’en était pas moins méritoire. Il l’aurait été encore plus si les propriétaires de droits féodaux ne s’étaient en même temps délivrés des charges féodales, dont la plus lourde était le service militaire. 

Surtout, ce sacrifice aurait gagné à ne pas être consenti sous le coup de la peur et, en tout cas, très étourdiment. En effet, dans une sorte de vertige, ce fut à qui proposerait d’immoler un privilège. Après les droits seigneuriaux, la dîme, qui avait cependant pour contrepartie les charges de l’assistance publique ; après la dîme, les privilèges des provinces, des communes, des corporations. Dans cette nuit de panique plutôt que d’enthousiasme, on abolit pêle-mêle, sans discernement, les droits, d’origine historique, qui appartenaient à des Français nobles et à des Français qui ne l’étaient pas, ce qui était caduc et ce qui était digne de durer, toute une organisation de la vie sociale, dont la chute créa un vide auquel, de nos jours, la législation a tenté de remédier pour ne pas laisser les individus isolés et sans protection".

Et pour nous, dans les provinces basques et en Béarn/Gascogne, la nuit du 4 août 1789, qualifiée dans tous les livres d'histoire depuis la IIIème république jusqu'à nos jours d’« événement fondamental de la Révolution française, puisque l'Assemblée constituante proclamait la fin du régime féodal et de ses privilèges », sonna en réalité le glas de tous les us et coutumes propres à chaque province du royaume. Le système féodal n’avait-il point été supprimé peu de temps auparavant, entre le 20 juin 1789, date du serment du jeu de paume, et le 27 juin, lorsque les trois états s’étaient réunis en Assemblée nationale ? Or, les souverains français avaient coutume de considérer, par opposition au « peuple français » cher aux idéologues révolutionnaires, « les peuples de France », en fonction de la diversité des traditions, des langues et des cultures des provinces de France. Et des « Privilèges », étymologiquement « lex privata », ou lois privées. Chaque décision royale devait-elle ainsi être enregistrée par les Parlements provinciaux pour avoir force de loi localement, selon un système prétendant à un certain équilibre malgré d’inévitables abus et la progression d’un certain centralisme dans l’air du temps.

Le 4 août 1789, l’abolition de ces « gardes fous » avec la suppression des parlements, des statuts particuliers, des franchises, libertés et coutumes provinciales infligea à tout le pays les décisions parisiennes : s'ensuivirent, entre autres, l’éradication par la violence des langues régionales – malgré une traduction occasionnelle en basque, du moins au début de la Révolution, des dispositions les plus importantes de la nouvelle législation - et un nouveau découpage administratif faisant fi de l'histoire locale et des bassins de vie...
En prélude, hélas, à la dramatique Terreur qui s'emparera du pays tout entier en étant à l'origine de la déportation en 1792 d'une bonne partie de la population du Pays Basque, femmes, enfants, vieillards et grabataires inclus : nous le rappelleront dans un prochain article.   

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