En ce temps de l’avènement de l’Enfant Dieu attendu par les hommes du monde chrétien, il nous revient à l’esprit le Symbole de Nicée que nous répétons lors des liturgies annonçant le retour promis du Christ. La parousie en somme ou la fin des temps dans un monde actuel éprouvé par la pandémie et les crises écologiques dans leur lot de catastrophes annoncées ?
L’image ayant force d’évocation, on ne peut que visualiser la Tapisserie d’Angers commandée par Louis Ier, duc d’Anjou représentant en grandeur nature l’Apocalypse de Saint Jean. Musée des Tapisseries.
En réunissant tous les panneaux, ce sont 140 mètres de long et 6 mètres de haut qui restituent la vision apocalyptique rapportant les épreuves du temps présent.
Le combat soutenu entre les cavaliers et les dragons inspirent la Jérusalem céleste qui apparait.
“Heureux celui qui lit, heureux ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui est écrit en elle, car ce temps est proche”, redit Jean au début du récit de l’Apocalypse... Il nous revient d’ordonner le désordre du monde, rouler le ciel comme un vieux tapis pour inventer à nouveau, une terre nouvelle pour des cieux renouvelés.
Les fondamentalistes de fin du monde sont à la joie. Néanmoins son étymologie rappelle une présence, une venue ou un évènement, et fut déformé par le commentaire “en fin des temps, catastrophique et tristement parousique !”
L‘eschatologie inscrite dans la pensée juive et l’attente du judaïsme de ce retour divin, est mentionnée par Ezechiel et Daniel sous le thème du jour de Yahvé, quand Dieu... rendra justice à son peuple.
Ce vocabulaire sera repris par Jésus dans ses discours messianiques des évangiles. Ces thèmes majeurs de la croyance et de cette foi partagée seront repris à chaque époque, revisités et commentés en chaque culture dans le monde.
L’imminence d’un retour du Christ traversa la foi des premiers chrétiens.
Paul sermonna les premières communautés qu’il jugeait insouciantes à l’égard de ce retour.
Le salut est plus proche de nous maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants, dira-t-il, mais encore « conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans ripailles ni beuveries, sans orgies ni débauches, sans disputes ni jalousies » (Rms 13, 11 – 14).
Pour les catastrophistes les plus calamiteux d’aujourd’hui, la pandémie rappelle l’An 1000 qui fut éprouvant pour l’humanité.
Les prophéties du malheur drapées dans des uniformes apocalyptiques nourrissent des croyances négatives de ce temps, comme en voulant s’en emparer et devenir des maitres de l’histoire.
L’avènement de la Nativité divine est à l’opposé de ces adhésions funestes.
“Maranatha, Maranatha” dit la conclusion de l’Apocalypse de Jean, la vie est supérieure à toute infirmité de l’esprit et à ses fragilités mêmes .
Oui, sans doute, nous connaissons un changement de monde, dicté par des aléas de l’histoire de l’humanité.
L’ancien monde s’effondre en de nombreux lieux, les représentations sur cette tapisserie médiévale ne livrent qu’angoisse et amertume de cette époque.
Mais un autre monde survit, renaît et se dévoile au fil des images.
Cette perspective paraît plus heureuse, plus dense et bien plus apaisante que ces florilèges évoqués de cataclysmes, d’anges déchus qui choient d’un ciel brisé, de naufrages et de bêtes immondes et sauvages, surgies de fonds inconnus du cosmos.
Une porte céleste perce un chemin vers l’ailleurs que les anciens imaginaient comme la Jérusalem céleste ou la fin de cette sombre histoire à la faveur du destin des hommes.
Cieux nouveaux, et terre nouvelle nourrissent la foi de tous ceux qui la promeuvent aujourd’hui.
L’espérance des croyants est aux antipodes de ces apocalypses de science fiction. L’imaginaire de l’intelligence en peut dénombrer un décompte luxuriant, mais le destin du monde est infini, incommensurable, aux ressources inconnues..
Si nous attendons le retour du Christ dès sa naissance, nous espérons un jugement pour les humains et la création entière bienveillant, prometteur et confiant.
Par la foi, les fidèles de la promesse croient que ce monde n’est jamais fermé sur lui même, mais ouvert par le Christ à la nouveauté incessante de la vie.
La vie est supérieure à toute épreuve de mort, et les circonstances présentes nous invitent prudemment à le penser, en vivre et partager ! Noël et Parousie sont de la même veine, elle est divine et unique pour l’histoire des hommes !
Photo : Tapisserie d’Angers, Apocalypse de Saint Jean, les myriades de cavaliers...