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Tradition
Nativité masculine, le père découvre son fils
Nativité masculine, le père découvre son fils

| François-Xavier Esponde 683 mots

Nativité masculine, le père découvre son fils

Les illustrations de la Nativité sont légion dans l’encyclopédie universelle de leur représentation. L’Italie culmine par ses peintres et ses artistes inspirés par la naissance de cet enfant bien né de sa naissance de sa naissance.

Continuateur de Carlo Maratta mort en 1713, Francesco Mancini, peintre disparu en 1758, fut en faveur à Rome auprès du pape Clément XIV dans un style rococo coloré et réaliste.
L’œuvre du peintre s’inspire de l’épisode du Miracle du palmier, extrait du livre de La naissance de la bienheureuse Vierge Marie et de l’enfance du Sauveur, connu comme l’évangile du Pseudo Matthieu.

Une floraison de livres apocryphes illustrent et relatent des faits imaginaires en grâce pour tout artiste conduit à poser sur la toile des visages et des personnages de la tradition biblique des origines de la nativité.
L’évangile de Jacques, autre livre apocryphe remonterait au second siècle. Cet évangile écarté mais toujours présent réapparaît au Vème siècle et ne cesse de s’enrichir d’un récit imagé jusqu’au XIIème. Le miracle du palmier dans son décor oriental est aussi rapporté dans le Coran dans la sourate XIX sur Marie au verset 23.

Qu’en dit l’évangile apocryphe : “Le troisième jour de la fuite en Egypte, Marie se trouva incommodée par l’ardeur du soleil. Apercevant au loin un palmier, elle demanda à Joseph de l’y conduire. Quand la sainte famille put se reposer sous le généreux ombrage de l’arbre providentiel, Marie exprima le vœu d’en goûter les fruits. Joseph lui répondit qu’à une telle hauteur les fruits étaient inatteignables et que de surcroît avant de chercher des fruits, il devait se mettre en quête d’eau car leurs outres étaient désespérément vides. Alors le petit enfant Jésus dit au palmier, “Penche toi et nourris ma mère de tes fruits” Et le palmier s’inclina de telle manière que Joseph put en cueillir les fruits et les offrir à Marie et à Jésus.”

Alors Jésus dit encore à l’arbre “Redresse toi et fais jaillir en surface la source claire qui baigne tes racines” et aussitôt une source d’eau limpide, fraîche et douce apparut”. Il n’en fallut davantage pour que l’imagination théologique des peintres ajouta des développements inouïs. Comme le sentiment que le palmier ne fournit pas seulement des dates mais de multiples fruits qui conviennent à l’attente de la trinité sainte, qui voulaient s’en inspirer. Gérard David lui fit produire une superbe grappe de raisin à l’intention eucharistique des fidèles, ou dans le tableau célèbre du Baroche mort en 1612, des cerises apparaissent dans la corbeille déposée au pied de Marie. Ces fruits rouges symbolisant la passion du Christ en forme de cœur à la source de son sang versé de son cœur transpercé.

Liberté artistique, Joseph n’est pas un patriarche de l’ancien temps mais un jeune père barbu à l’italienne assurant sa mission paternelle entière et reconnue.
Il ressemblerait à bien des visages juvéniles d’aujourd’hui qui arborent cette pelure singulière de la virilité faciale.
Le tableau laisse entrevoir encore un obélisque et un temple laissant voir que l’épisode se déroule hors de Jérusalem aux portes de l’Egypte. Le tronc caractéristique du palmier ébauche une diagonale autour de laquelle est construite la scène.

Nous sommes en Orient et toute nativité se passe dans le pays de Jésus, proche et lointain à la fois de l’imaginaire des artiste. Un archange tient au dessus de la tête de Marie la couronne de “son immaculée consécration”, tandis que deux anges musiciens interprètent une louange céleste.
Il s’agit donc de la Sainte Famille, de Marie tenant la coupelle pleine d’eau miraculeuse. Sur ses genoux l’enfant Jésus prend la cerise de la main de joseph.
Nous sommes loin des imageries intimistes et infantilisantes de tableaux de la Nativité dans un tel réalisme appuyé sur la présence parentale de Joseph et de Marie. Le regard complice de joseph et de son enfant témoigne d’une profondeur inouïe.

Marie la mère suit, attentive, le déroulé des faits et gestes de l’enfant dès cet instant promis à une destinée encore inconnue.

Notre photo de couverture : « Le Repos pendant la fuite en Égypte » de Federico Barocci (le Baroche), 1573, Pinacothèque du Vatican.

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