Moonlight arrive chez nous précédé d’une réputation sensationnelle.
Nous ne connaissons pas son metteur en scène et scénariste, Barry Jenkins, qui nous propose ici son deuxième film (le premier n’a pas été distribué en France) adapté de la pièce de théâtre « Sous la lune, les garçons noirs ont l’air bleu ».
Année 1980, dans un misérable quartier de Miami, gangrené par le trafic de stupéfiants, une mère droguée vit avec son enfant, Shiron.
Nous suivons le parcours de Shiron, enfant chétif, puis adolescent et enfin jeune adulte.
La transformation physique - il devient à son tour dealer et très costaud - se double d’une transformation psychologique : il finit, en retrouvant un fugace compagnon de jeunesse et d’initiation, Kevin, par accepter son homosexualité. Ce long métrage sensible et taiseux, avec peu de dialogues - Shiron est mythique - aurait pu nous accabler de tous les clichés sur le sujet. Or, Barry Jenkins évite adroitement toutes les situations attendues, les apitoiements, les scènes lacrymales, et montre un talent narratif. Nous sommes enveloppés dans un rythme cynique lent qui ralentit l’action avant une conclusion soudaine.
C’est du grand art, tout en surprise !
Il y a quelques jours à Los en Angeles, « Moonlight » a obtenu l’Oscar du meilleur film, la plus haute récompense après un épisode tragi-comique qui a fait décerner dans un premier temps - par erreur - le prix prestigieux à « La La Land ». Ce n’est que justice ! Ce long métrage mérite une seconde carrière en France où il a été distribué parcimonieusement.
Dominique Requena
VISUEL / DR
Barry Jenkins reçoit sa récompense