Au cœur du beau rétable de style baroque en bois doré qui occupe le chevet de la chapelle Saint-Louis de l’ancien hôpital de Mauléon, on remarque une peinture représentant le roi saint Louis procédant au lavement des pieds des pauvres et des malades, à l’image du Christ. Un rite devenu traditionnel en Europe et en Orient, pratiqué par les chrétiens avant la Cène, du Jeudi Saint au matin de Pâques: pendant plusieurs siècles, souverains et chefs religieux accompliront cette cérémonie appelée le Mandé (en vieux français) ou Mandatum (de « mandatum novum », commandement nouveau, Jean 13), ou lavement des pieds des pauvres, des mendiants ou des lépreux.
Un autre rituel est représenté sur l’un des vitraux de la nef de la chapelle, il s’agit de saint Louis rendant la justice à l’ombre d’un chêne. En fond, on devine le château de Vincennes, représentation remarquablement réalisée par le maître-verrier bordelais Gustave Pierre Dagrant qui travailla à Rome et résida un temps à Biarritz. Cet ancien élève des Beaux-Arts de Bayonne (d'où était originaire sa mère) se vit confier de nombreux travaux de restauration dans le Sud-Ouest et en Amérique Latine. Il œuvra également en Italie où le Pape Léon XIII lui décerna la croix de Saint-Sylvestre.
Une chapelle qui remonterait à Roncevaux
Enserrée dans la partie ancienne de l’hôpital Saint-Louis, la chapelle de l’édifice semble dater du transfert de l’Hôpital d’Ordiarp à Mauléon en 1715.
Dirigé par le chanoine de Roncevaux qui présidait les Etats de Soule, l’Hôpital de la commanderie d'Ordiarp créé par les Augustins de l’Abbaye de Roncevaux était destiné à accueillir les pauvres et les voyageurs. C’est le sens de l’« hospitalité » dont on parlait alors et qui avait donné son nom à de nombreux villages de la région, tels l’Hôpital Saint-Blaise ou l’Hôpital d’Orion. Bien qu’Henri IV, en qualité de roi de France et de Navarre, considérait tous les Navarrais - et notamment les chanoines de Roncevaux, situés désormais en Espagne après la partition de la Navarre - comme ses sujets, des conflits surgirent à propos des bénéfices ecclésiastiques et en 1635, le souverain espagnol Philippe IV autorisa Roncevaux à confisquer les biens que Bayonne possédait en Navarre, pour compenser ceux qui avaient été pris sur leur territoire par les Français. Finalement, en 1712, Bayonne et Roncevaux signèrent un traité d’échange qui sera ratifié par les rois de France et d’Espagne et confirmé par le Pape Clément XI. De ce fait, en 1715, l’hôpital d’Ordiarp sera transféré à Mauléon, devenant l’Hôpital Général qui portera le nom de Saint-Louis.
Aujourd’hui, la chapelle s’est quelque peu endormie et la messe n’y est plus célébrée. Heureusement, promis un temps à la démolition par la collectivité propriétaire de l’hôpital Saint-Louis, avec la partie ancienne du XVIIIème sous prétexte d’être considérés « hors-normes » et coûteux à entretenir, ces bâtiments - constituant les seuls témoignages subsistants de l’historique hôpital Saint-Louis à Mauléon » ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Désormais protégés, ils devraient être réhabilités en vue d’une future « Maison de la Santé ». Mais il reste à espérer que l’absence de chauffage de la chapelle - actuellement fermée à la prière des fidèles pour une question de sécurité/gardiennage – ne verra pas s’abîmer son retable...
Légende : Lavement des pieds par saint Louis, chapelle de l'hôpital de Mauléon (ALC)