Sous la plume de notre consœur Chloé Rebillard, l’hebdomadaire « Mediabask » alerte sur l’entrée en vigueur d’un nouvel arrêté qui, modifiant le statut des langues régionales, les rétrograde au rang « d’enseignements facultatifs ». Conséquence, expliquent les associations « Euskara Geroan » (regroupant des professeurs d'euskara en public et en privé) et « Biga Bai » (parents d’élèves de l’enseignement public bilingue) : les élèves de quatrième et troisième en initiation au basque perdront une heure hebdomadaire d’enseignement sur les trois heures dévolues actuellement. Quant aux élèves en classe bilingue, ils seront désormais condamnés à choisir entre l’enseignement du basque et une deuxième langue étrangère (s’ils souhaitent en apprendre deux), soit « une mise en concurrence inopportune entre la volonté affichée de développement des langues vivantes qui ne devrait pas se faire au détriment des langues régionales ». D’autant plus, comme remarque fort justement « Mediabask », que la réforme des collèges de 2015 avait déjà fait perdre une heure d’enseignement du basque en moyenne pour les élèves de sixième, et la loi sur la parité horaire qui devait permettre aux élèves en parcours bilingue de suivre un enseignement moitié en basque, moitié en français, n’est toujours pas effective, 25 ans après sa mise en place ! Une lettre adressée au recteur d’académie par les deux associations afin de demander la pérennisation de l’enseignement en basque et l’obtention (enfin !) d’une véritable parité horaire dans les classes bilingues « en panne » depuis 1992 suffira-t-elle à faire avancer le « schmilblick » ?
On pourrait hélas en douter quand on sait que « le modèle républicain français » dont le bras armé des fameux « hussards noirs » de l’école de la république n’a jamais eu de cesse de combattre les langues dites « régionales ». Rien n'a changé (ou très peu) depuis le 27 janvier 1794 lorsque, sur une proposition du député Bertrand Barère, la Convention décidait que le Français était la langue obligatoire pour tous les documents officiels.
« Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton, l'émigration et la haine de la république parlent allemand; la contre-révolution parle italien et le fanatisme parle basque. Cassons ces instruments de dommage et d'erreur ».
On ne peut qu’espérer que malgré ses défaillances dans ce domaine, au moins l’Etat ne mettra pas de bâtons dans les roues aux collectivités locales qui heureusement lui suppléent, en particulier les bonnes dispositions affichées par la nouvelle Communauté d’Agglo Pays Basque et son président, Me Jean-René Etchegaray, également maire de Bayonne.
La langue basque progresse à Bayonne
On en veut pour preuve, de cette bonne volonté en faveur de l’euskara, la récente convention de partenariat pour le développement de l’utilisation de la langue basque signée entre l’Office public de la langue basque, désireux d’« opérer une montée en puissance de l’action de l’Office public sur les champs de l’usage de la langue » notamment dans la vie sociale (service public, collectivité, association, entreprise, organisateurs d’évènements sportifs ou culturels, etc.), et le Musée Basque et de l'histoire de Bayonne (géré par le Syndicat mixte du Musée Basque constitué par la ville de Bayonne, la Communauté d’Agglo et le Conseil Départemental des Pyrénées-Atlantiques). Il s’agit de pérenniser et de développer l’action du musée en faveur de la langue basque (identité visuelle bilingue, développement du basque dans la communication, accueil des visiteurs lorsque c’est possible, supports destinés aux usagers, acquisition régulière d'ouvrages en basque, etc.). Le nouvel accord concernera la formation des agents volontaires en vue de l’utilisation du basque avec les usagers - en particulier les plus jeunes (accueil, service communication, médiation jeune public, bibliothèque et centre de documentation) - ainsi que l’élaboration de documents et supports pédagogiques bilingues destinés au jeune public.
Enfin, s’y ajoute la présentation à la Mairie de Bayonne (ce vendredi 30 juin à 11 h) du huitième tome de l'Atlas des variétés locales de la langue basque décrivant par des cartes les différentes formes que prend la langue basque sur un territoire donné. Soit 145 communes, 2857 questions et 4000 heures d'enregistrement dans le cadre d’un programme qu'Euskaltzaindia – l’Académie de la langue basque - avait lancé en 1984, avec la mise en place d'un réseau d'enquêtes, d'un questionnaire et d'une méthodologie de travail. C'est ainsi que le tome 1 s'est intéressé aux animaux sauvages, le tome 2 à la division du temps, etc... Des questions grammaticales sont apparues dans le tome 5, puis sur le verbe dans le tome 6. Tous les volumes sont consultables sur le site web d'Euskaltzaindia : www.euskaltzaindia.eus/ehha
De plus, les tomes V et VI sont consultables en ligne sous le format PDF.
Alexandre de La Cerda
PS : La plus grande encyclopédie consacrée à la culture et la société basque, avec plus de 120 000 articles et 67 000 illustrations, inaugure une nouvelle page Web : à partir de maintenant, elle sera hébergée sur le site de Eusko Ikaskuntza
http://aunamendi.eusko-ikaskuntza.eus