Dans un environnement privé de silence et de secret individuel, la communication publique prime sur l'intimité protégée.
On développe et exhibe via les médias et les réseaux sociaux de plus en plus envahissants, peu tempérés, tous les détails de la vie intérieure de chacun avec la propension d'en ajouter de plus en plus et davantage sur ce qui semblait jadis "privatime".
Et ce étant, le retour aux vertus classiques d'auteurs indélébiles de l'histoire, tel Hippocrate, renoue à nouveau par la récurrence du Serment qui est le rappel du secret de l'exercice médical à toutes les époques et tout le cours de l'enrichissement des cultures et des religions dans le monde méditerranéen à la source de notre histoire.
"Au moment d'être admis dans l'intimité des pauvres, dit le médecin Hippocrate, je tairai les secrets qui me seront confiés, à l'intérieur des maisons, je respecterai le secret des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les moeurs". Démiurge et divin dans son pouvoir et par son savoir, le médecin était considéré comme un mage à la façon orientale d'en connaître les bénéfices
Nous sommes au IVème siècle avant notre ère chrétienne et le philosophe médecin Hippocrate (notre photo de couverture), considéré comme le père de la Médecine, la nôtre somme toute, esquisse les éléments éthiques, version moderne de la pratique curative du praticien.
Et le propos poursuit dans le même esprit magistral du philosophe, "quoi que j'entends dans ma profession dans et hors de l'exercice, je tairai ce qui n'a jamais besoin d'être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas" .
Les us et pratiques de ce temps mêleront les cultes rendus aux divinités de la médecine, aux rites et prières adressés à leurs forces bienfaitrices, et le cours du temps vit chez les Grecs, les Latins de l'Empire, et dans les trois religions monothéistes, le "secret Serment d'Hippocrate" refleurir sans cesse avec des versions diverses mais de la même provenance.
On se plut à adresser au médecin grec le nom de médecin juif, puis celui de médecin chrétien et celui de musulman car, depuis le serment d'Assaf, celui d'Israéli et de Maimonide, l'intuition de la pensée grecque primitive n'a cessé d'influencer la réflexion morale de la médecine de chaque époque et par toute religion.
On prêtre à Ruhawii, de traditon arabo-musulmane dès le IXème siècle, d'avoir composé le premier Traité médical embryonnaire de cette origine inspiré par Aristote, Platon, Hippocrate et Galien, bien avant toute publication de ce type dans notre univers occidental. Pour l'histoire, c'est Littré qui traduisit au XIXème siècle les Ecrits d'Hippocrate en français, des siècles après les versions hispaniques et arabes.
Hippocrate influencera profondément la doctrine chrétienne de la vie humaine par le fil des auteurs classiques désignés comme Pères de l'Eglise depuis le IIIème siècle jusqu'au Moyen Age florissant.
La Didaké en est un exemple, de la culture naissante issue de cet Orient grec primitif où des valeurs telles le respect de la vie, le respect des malades, les soins apportés aux nécessiteux, le refus du poison - comprenez l'usage immodéré de médications aux effets indésirables -, l'interdiction de la taille ou de la chirurgie sont déjà annotés par les penseurs de ce temps mémoriel de la foi chrétienne, au bénéfice de l'intégrité physique et spirituelle de l'être humain.
Origène cherchera à établir une synthèse de la pensée grecque et chrétienne en démontrant, ce faisant, l'unicité de l'esprit fondateur d'Hippocrate dans cette histoire.
On rappellera également la floraison musulmane de la médecine dans l'islam tournée vers le Prophète et son souverain Dieu, et reconnue comme inspirée par des auteurs de génie qui fleurirent dans l'Espagne maure comme médecins et philosophes de ce passé.