Le voyage du pape François se poursuit après l'Indonésie dans la Papouasie Nouvelle Guinée et les Iles Salomon à 14 000 km de Rome. Un dépaysement total dans la jungle asiatique au milieu de montagnes et de forêts luxuriantes de richesses naturelles, d'espèces sauvages exotiques que le président Macron, lors d'une visite, avait salué et demandé aux autorités de veiller sur cette fortune de l'environnement pour le monde en son entier !
Mais ici, il s'agit de rencontrer une église locale totalement insolite composée de clans et de tribus, dispersées par centaines sur des milliers de kms et réunies autour du Sanctuaire Marie auxiliatrice, fondée par les salésiens il y a 150 ans à peine.
Le pape François visitant ces églises lointaines a voulu les associer au synode romain en cours, au milieu d'autochtones venus sur des dinghy embarcations en forme de coques de noix jusqu'à la capitale, Port John Moresby, du nom de cet aventurier anglais découvrant au XIXème siècle ces îles surpeuplées.
Initié il y a trente ans déjà par Jean Paul II, ce projet est donc poursuivi par le pape actuel : à 88 ans, un exploit humain et spirituel incontesté.
Dans ce pays partagé entre catholiques et protestants (plus nombreux), les relations demeurent sensibles et les adventistes suivent pour leur part ce déroulé avec un intérêt certain.
Partagé entre l'Australie et l'Indonésie, la Chine proche et soucieuse de s'y implanter durablement, les rapports d'intérêts sont patents. Economiques, politiques, religieux et sociétaux d'une vie partagée entre passé et modernité en compétition évidente.
John Ribat fut le premier cardinal choisi par le pape actuel pour mener le travail d'évangélisation d'un monde immense, par les tribus, les clans, les rapports de pouvoirs en l'État et les conflits inévitables en cours. @Une évocation discrète du pape invitant chacun à adopter « une vie commune pacifique et possible ».
On y trouve sur le terrain religieux, l'attrait du fétichisme, le statut féminin des mauvais génies condamnés encore aujourd'hui et sacrifiés parfois par des sorciers locaux, les messes noires, un culte des ancêtres omniprésent, et le peu de place faite aux femmes dans une vie sociale masculine et exclusive !
Saluant le travail fait dans le lycée technologique fondé par Caritas Internationalis dans la capitale le pape encourage le travail d'éducation de religieuses investies dans les études et la formation des filles, au cœur d'une société encore analphabète et pour 40 % sous le seuil de pauvreté.
Dans le document paru sous le titre "Ecclesia in Océania", le pape ouvre ces horizons aux catholiques in situ avant cette visite lieu les confirmer dans leurs engagements.
Des vitraux posés récemment dans le sanctuaire marial des sœurs Marie Auxiliatrice, on trouve un français, Pierre Chanel, d'autres martyrs étrangers et locaux dans un décor insolite de coquillages, et d'oiseaux du paradis, insignes du drapeau national au cœur d'une société vivant dans la forêt originelle de leur naissance, au milieu d'une faune et d'une flore luxuriante du jardin d'Eden, que nous contemplons avec émerveillement, mais qui demeurent objets de convoitises et de rivalités parfois entretenues par des étrangers ambitieux !
L'étape de Vanimo en pleine forêt équatoriale fut un chemin de traverse inattendu mais souhaité par le pape.
Le voyage pontifical de François se poursuivra à Singapour autre poumon industriel d'importance asiatique où jadis Guillaume Arotçarena des MEP de Paris, un basque d'Hasparren séjourna. Il y apprit le chinois et y vécut un certain temps.
Le pape François au Timor
Le voyage missionnaire du pape François se prolonge par le Timor Oriental, catholique pour 98 % de la population d'un pays coupé de la partie occidentale, d'influence protestante.
Sous influence portugaise pour l'une et hollandaise pour l'autre. On devine les tensions et luttes d'influences de leurs puissants voisins actuels et les anciennes forces impériales d'antan dont la portugaise en ces eaux pacifiques si lointaines empruntées par les Occidentaux et leurs passagers commerciaux au XVIème siècle.
Parmi eux des aventuriers tels saint François Xavier parti sur la route "des comptoirs portugais" comme d'aucuns aujourd'hui empruntent "les routes de la soie", sur terre ou le caravansérail de l'Orient, une destination marchande toujours de choix pour les professionnels actuels.
Les jésuites sont sur la voie de leurs pionniers de jadis !
"Aux confins du monde" comme rappelé par l'évêque de Dilli, capitale du Timor pour sa communauté de 98 % de catholiques auxquels s'ajoutent les méthodistes et les musulmans, minoritaires.
Dans ce Timor disputé pour ses forêts, son bois exotique et ses cultures.
Pour son influence subie de l'Indonésie musulmane pendant plus de vingt ans, ayant commis plus d'un quart de morts aux guerres tribales ininterrompues entre la puissante Indonésie 180 millions d'habitants, et le petit Timor de un million 500 000 habitants. La population y est jeune de moins de quatorze ans, scolarisée en urgence, pauvre terrienne, de peu d'industrie, et convoitée pour ses ressources en pétrole et en gaz des fonds marins limitrophes par l'Australie et la Chine.
Lié au Portugal jusqu'à l'heure de l'indépendance soutenue après la révolution des oeillets de Salazar en 1974, le pays se retrouve pris en étau entre les pays voisins qui vont se le disputer sans vergogne. De ce temps date l'invasion indonésienne de morbide mémoire ! @La vengeance des occupants fut inimaginable, 60 % des bâtiments publics brûlés, des déportations de population et la politique de la vengeance morbide !
On évalue au quart, la population totale décimée.
Six peuples distincts réunis, une langue tettoun pour tous, un pays jeune et peuplé d'une immigration voisine en cours. Somme toute les difficultés que l'on rencontre désormais partout dans le monde, de telles transmissions de voisinages et de l'écologie environnementale imprévisibles à ce jour qui en ces terres chaudes connaissent inondations et déplacements de populations endémiques.
"La foi sert votre culture, et la culture se conforte et se confirme dans votre foi comme le parfum du Christ d'une terre emplie d'une odeur de Dieu " qui vous appartient, leur a dit François. On le pressent, François habité des cultures indigènes amérindiennes perçoit cette singularité et l'incarne dans ses propos et ses attitudes. Coiffé d'un bonnet de plumes d'oiseaux de la forêt, on l'imagine pour ces autochtones associé à leur chef tribal vénéré !
Il ne demande pas à ces populations de renoncer à l'animisme, leur première culture mais à vouloir l'évangéliser par la valeur donnée à leur terre.
Il encourage encore le culte des défunts viscéralement inscrit dans leur mémoire, mais de n'oublier la foi en la résurrection qui la transcende.
Il vient spontanément à l'esprit de chacun si ce langage est pour des indigènes d'Orient ou pour chacun de nous également à l'heure où la magie et la superstition d'un démiurge d'humanité se suffisent à elle même pour donner du sens à l'immortalité des hommes par leur propre bienfait, ou le culte de son corps prométhéen utopique !
Singapour, ce jeudi 12 septembre
Ce jeudi 12 septembre à Singapour, le pape arrive au terme de ses douze jours asiatiques . "La Cité du Lion" en sanscrit, avec ses six millions d'habitants. Une ville opulente parmi les plus développées dans le monde, gouvernée depuis 1959 par un parti élitiste de père en fils, selon une philosophie orientale de la réussite économique et de la recherche des plus avancées du monde.
On y étudie dès l'enfance les technologies de pointe, l'IA et ses dérivés, les réseaux informatiques les plus avancés et les sciences de l'avenir enseignées et étudiées dans la ville universitaire en rapport avec les grandes Universités américaines et étrangères Le Chef de l'Etat en est l'illustration d'ancien élève de Harvard aux USA qui presse la jeunesse nationale à l'excellence et au résultat.
Le pays cultive la finance internationale et la recherche. On y trouve une mosaïque de religions diverses, bouddhiste, taoïste, 14 % chrétienne catholique et majoritairement protestante, musulmane, et un pourcentage de sans religion autour de 20 %, et en augmentation constante.
Les jésuites ont créé à Singapour même, en 1997, un Centre de Retraites François Xavier, lieu de rencontre interreligieuse, culturelle et sociale d'une église où parmi des migrants nombreux, les Philippins, catholiques immigrés par milliers à Singapour, occupent des fonctions sociales de nécessité, et considérées parmi les plus modestes d'une société rutilante et riche par elle-même.
Considérée comme une étoile brillante de l'Asie, Singapour attire par sa vie économique mais exige en retour un niveau de formation adapté aux exigences d'un pays développé parmi les premiers du monde, dont on mesure l'influence des décisions économiques appliquées à l'étranger !
Ecologique, sensible aux enjeux de l'environnement, soumis aux variations du réchauffement du climat, sous une température de 30 degrés au quotidien, exposée toujours à des raz-de-marée ou des inondations, construite sur des marécages gagnés sur la mer alentour, l'avenir de ce trésor des îles asiatiques préoccupe les dirigeants du pays. Le culte des fleurs et de l'orchidée est dans les traditions du pays. Le nom de François est entré dans le Jardin Botanique de Singapour à l'occasion de cette visite. Il est dans la tradition de donner le nom des illustres visiteurs de cette île à une fleur qui figurera désormais parmi les myriades de plantes en cet Orient contrasté !
Le visage radieux de François ne semblait guère être surpris par cette attention portée par le Chef de l'Etat à ce visiteur religieux occidental.
L'âme jésuite du pape s'illuminait dans son sourire. Somme toute on n'est jamais loin de l'Equateur et de l'Amazonie des plantes, fleurs et faune naturelle si proche de "Laudato Si" et de "Fratelli Tutti" souvent reçus par ces religions orientales avec une délectation évidente.
Lors d'un anniversaire de l'Ordre jésuite à Loiola, le cardinal Roger Etchegaray, légat du Pape, avait présidé l'événement en présence d'un nombre élevé de provinciaux jésuites venus d'Asie.
Mgr Pierre Molères y représentait le diocèse de Bayonne. Les présents comprirent l'influence soutenue apportée par l'Eglise et les Jésuites, l'Ordre dévoué au pape, pour cette partie du monde oriental méconnu de l'Occident, dont on pressent le rayonnement actuel.
On y découvre encore les capucins, les missions étrangères de Paris, les congrégations religieuses dévouées aux œuvres sociales et sanitaires, et à l'enseignement.
Un enjeu public absolu pour ces Singapouriens conscients de leurs compétences acquises et porteurs de l'avenir de la recherche fondamentale pour l'humanité entière dont ils détiennent les clés !