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Le numérique scolaire en question ?
Le numérique scolaire en question ?

| François-Xavier Esponde 864 mots

Le numérique scolaire en question ?

1 – Un retour historique

Il est bien souvent dans l’Ecole française des évolutions qui semblent anodines et deviennent des révolutions imprévisibles dans le cours des réformes scolaires.

La Suède pionnière dans la place du numérique à l’école revient aux manuels scolaires après les avoir abandonnés précédemment.
Les Français s’interrogent à leur tour, côté enseignants et maîtres depuis 2013 où l’école entre officiellement dans le temps numérique avec son inscription dans La loi du Service public éducatif et de l’enseignement à distance.

Dès 2014, le président Hollande annonçait un grand plan numérique pour l’école française.
Et le financement suivit.
Un milliard d’euros pour généraliser le numérique “dans l’ambition de faire de la France un leader dans la e-éducation en matière de contenus didactiques, d’équipements et de formation des enseignants”.

Mais en 2018 se posera la question de la protection des données des élèves.
Et sous l’épreuve du Covid international la pratique généralisée du numérique à domicile engendre une inconnue de résultats probants chez les enseignants et les écoles, peu ou prou adaptés à ce process de l’urgence.
En 2020, des Etats généraux du numérique pour l’éducation et l’instruction aboutissement à “40 propositions pour l’avenir”.
En 2021 enfin le Grenelle de l’éducation prévoit de donner une prime pour inciter les enseignants à s’équiper et se former.
2023, l’heure du bilan a sonné, et l’Education publie sa Stratégie du numérique pour 2023-2027.

2 – La réforme de la réforme antérieure.

Français et Suédois se sont comparés, les seconds ont introduit des manuels numériques dès le premier degré et en France en collège en complément des versions papier.
Les disparités sont régionales en France car les pouvoirs de décision en matière scolaire relève des Conseils de Région concernés.
Les collectivités régionales y ont la main pour toute décision.

L’intention première étant de “réduire les inégalités sociales et d’améliorer les apprentissages des élèves, mais se pose la question de la plus-value des manuels numériques sur les manuels conventionnels ?”

PDF tout d’abord, puis des capsules vidéo audio et en QCM, mais le résultat est aléatoire selon les praticiens, car l’usage de ces compléments multimédias est désormais possible sans le manuel”, dit un professeur de mathématique.
Au SNES – FSU, l’avis des responsables est similaire : “Les dalles numériques existent en certains lycées sans concertation avec les enseignants et sans une formation acquise pour leur utilité, déplorent les intéressés.”

Un directeur du CNRS en charge du sujet évoque “des pratiques disparates, sous la pression d’entreprises de technologie pressées de les partager dans la précipitation et improvisées à chaque établissement par une décision unilatérale.”
Sans la concertation des enseignants, premiers acteurs de la réforme, libres et non soumis dans leur discipline à quelque obligation, on devine la difficulté de quelque réforme sur un tel sujet qui demande un consensus entre l’outil, le praticien et les enfants.

A l’Education Nationale, on évoque la disparité des situations selon les Régions et depuis le Covid qui a ankylosé toute évolution du programme soumis à l’impondérable de l’isolement scolaire !
Le process ayant connu ces avatars du moment il y a dix ans, l’objectif étant de donner des compétences aux élèves en sciences de l’information et en éducation aux médias le plus tôt possible, sachant la faculté du numérique d’améliorer l’enseignement et favoriser les apprentissages.

Les professionnels soulignent qu’aujourd’hui “la certification Pix existe dès la troisième, mais les élèves munis parallèlement, très jeunes, de portables améliorés tels le smartphone, la mesure s’appliquera à la rentrée aux plus jeunes, dès la sixième.”
Les analystes de ces outils numériques CNESCO au Centre national d’études des systèmes scolaires en cours concluent à “des bénéfices modérés dans les apprentissages comme celui de la rétroaction sur l’élève sous l’influence du numérique.”

Selon les disciplines, les résultats auprès des élèves y sont probants ou modestes, “en langues, en mathématiques, en éducation musicale, physique et en géographie, le numérique redéfinit les contenus des disciplines grâce aux cartes”.
Et l’efficacité des exercices répétitifs permet d’automatiser des compétences comme pour le déchiffrage de la lecture et permet en fait à des élèves en difficulté ou de handicap, d’en bénéficier.

Désormais la machine au service de l’homme ou l’homme rivé à sa machine, la question demeure première pour le statut didactique et social du maître lui-même ?

Philippe Meirieu connu pour ses rapports sur ces sujets publie au Seuil un livre de circonstance, Qui veut encore des professeurs ?
Le compagnonnage de l’ordi et du prof, version abrégée du sujet, ne sied à sa perception du thème.

Point de remplacement en vue, mais une concertation nécessaire entre deux contenus didactiques complémentaires appelés à se conjuguer, non sans le risque de savoir de l’humain à l’outil numérique, quel sera celui qui prendra la décision de définir les contenus des savoirs à apprendre, à enseigner et à parfaire dans l’Education scolaire des enfants d’aujourd’hui !

Dans un environnement inédit de l’écran devenu indispensable dans la classe de tout enfant scolarisé, pouvant engendrer des problèmes de santé, ophtalmiques, troubles musculaires en raison de l’immobilité longue de l’enfant face à l’écran, effets sur le sommeil, addiction possible, et parfois dépression, selon le Rapport Pisa 2015, ces questions se posent désormais à l’institution scolaire à propos du numérique en cours...!

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