Le Carême débute cette année mercredi 26 février pour les catholiques, avec le mercredi des Cendres.
1 – Le carême chez les chrétiens du monde
Pendant 40 jours les chrétiens sont conviés en ce temps liturgique particulier de l’année à la dévotion à Dieu, alternée de jours de jeûne et d’abstinence. Une institution qui remonterait au IV ème siècle de l’église rappelant le jeûne de jésus de la quarantaine au désert “où il fut tenté par le démon selon les trois évangiles synoptiques qui le rapportent.”
Le jeûne ne sera pas interrompu à l’Annonciation et s’achèvera avec la Semaine Sainte au terme de ce processus des cinq semaines.
Les Byzantins pour leur cas observent 48 jours de jeûne dans les préparatifs de la pâque orthodoxe qui suit.
Le temps du carême est une invite à approfondir la foi, participer à des temps forts de prière, partager et observer la frugalité en diminuant la consommation de viandes, d’alcool, de tabac, de drogues diverses et de produits gras alimentaires.
Les latins observant ce temps de grâce du mercredi des cendres jusqu’à la Semaine sainte ouvrant par les rameaux les célébrations annuelles. En cette année 23 le carême sera écourté d’une semaine selon l’agenda liturgique de l’année.
Les orientaux byzantins de la première église rappellent l’existence “du petit carême” préalable jusqu’à carnaval pour eux également en poursuivant par “le grand carême des 48 jours” depuis le lundi pur jusqu’à rameaux, l’orthodoxie observant de manière stricte l’appel à la réclusion et à la solitude pour les fidèles invités à ce temps mémoriel de la communauté.
On peut mentionner le carême à Noël des orthodoxes de la mi novembre au 25 décembre, une pratique habituée chez les latins avec l’observance de l’Avent dans la quarantaine avant Noël.
La Bible et la torah se rappelant à la communauté chrétienne, du temps du désert de jésus, de la remise des Tables de la Loi à Moïse par l’Eternel... Béni soit son nom, dans un environnement religieux où “les Pharisiens et les disciples de Jean le Baptiste observaient le jeûne tandis que les disciples de jésus ne le faisaient pas”, selon les écritures. Mt, 9,14.
Le Concile de Laodicée en 348 demanda la xérophagie, comprenez la consommation exclusive du pain par les fidèles pendant le carême avec des fruits secs, sans viande ni aliments gras, une pratique des origines de l’église qui dès le XIIIème siècle perdit de sa vigueur, et autorisa la consommation de deux repas frugaux par jour, et quelques agréments alimentaires possibles.
Mais dès le VIIème siècle la pratique du carême entre dans le règlement de l’église, avec son lot de privations, du jeûne, de l’abstinence aux viandes grasses, dans un combat spirituel et personnel maître mot de cette observance latine.
Plus tard les protestants réformés résisteront à de tels interdits accompagnés de confessions obligées, en invitant les fidèles à la méditation et à la prédication de la parole sainte des écritures, se souvenant du propos de Luther, “seule la grâce divine sauve” le croyant et non ses oeuvres de repentance, de pénitence et
d’abstinence !
Les orthodoxes pratiquant le carême à grande échelle de 48 jours, chaque église adopta son règlement intérieur, laissant la liberté de le faire et maintenant dans le calendrier liturgique annuel une plage de plusieurs semaines en vue de préparer pâques dans sa propre tradition.
2 - Carême et Ramadan
Il convien de rappeler que l’origine biblique du ramadan est indubitable.
“Les références à la quarantaine de la sortie du désert du peuple élu, ce passage de 40 jours au désert, mis à l’épreuve par le diable invitent au retour sur soi, au coeur à coeur avec Dieu, à la purification de l’âme pour transformer et chercher une vie meilleur dans le partage, la prière et le jeûne.”
Pâques pour les chrétiens demeure selon la Constitution Apostolique promulguée par le pape Paul VI Paenitemini en 1966, la réorganisation par ce pape des pratiques du carême, réservant au jour des cendres et au vendredi saint le devoir de pénitence, du jeûne et de toute abstinence.
Le ramadan le 9ème mois du calendrier lunaire en mai pour nous, suivant un écart de dix jours de moins sur le calendrier julien, le musulman est invité à la prière et au jeûne la journée durant, du lever au coucher du soleil.
Le ramadan représente le quatrième pilier de l’Islam suivant la sourate 2, versets 183 à 187, pour ceux qui le pourraient exception faite à ceux à qui il est demandé de reporter ce temps ou de le remplacer par une aumône en faveur du pauvre.
La prière, l’aumône le culte de dieu et la croyance au jour du jugement dernier constituent les bases de la foi musulmane.
Le jeûne alimentaire et sexuel est nommément cité, pour honorer Dieu, ce délai étant rompu avec le coucher du soleil par le repas du soir et la lecture méditative du Coran.
Le jeûne demeure un des symboles marquants du rapprochement des religions du Livre, monothéiste juive, chrétienne et musulmane, dans ce culte adressé à l’Unique par chacune de ces traditions.
Le chrétien et le musulman obéissent au même principe de s’abstenir de désirer et réfréner des passions corporelles, dominer l’âme et l’inviter à adorer Dieu, principe commun qui demeure cependant l’objet de pratiques différentes.
3 – Mercredi des cendres
Dies cinerum - jour des cendres, disent les Latins, jour d’obligation religieuse avec le vendredi saint de jeûne et d’abstinence, suivront le mardi gras d’exception.
L’Ancien Testament en avait fait une loi pour le peuple élu comme mentionné dans le Livre de David et le Livre de Jonas “et je tournerai ma face vers le Seigneur Dieu, me disposant à la prière et à la supplication par le jeûne avec le sac et la cendre, référence au silice, pratiqué par le roi de Ninive se levant de son trône, jetant son manteau, signe de son pouvoir royal, couvert du silice et assis sur la cendre” !
Les moines dans leur règle adopteront parfois ce vêtement sous la bure, signe de pénitence et de soumission pendant la quarantaine en vue de Pâques...
Par le Concile de Nicée en 325 les latins préconiseront désormais les quarante jours du carême en vue de Pâques.
Le pape Grégoire en 591 institua le mercredi des cendres de consécration au service divin des cendres obtenus par le feu brûlant les cendres de l’année précédente, “en posant sur le front des fidèles cette poussière volatile comme signe de la croix, signe de la fragilité humaine invitant au changement de pensée et de sens par la conversion personnelle”.
Par le Synode de Bénévent la première prière sur les cendres est composée dès 1091 par le pape Urbain II recommandant cette pratique à toute l’église. Depuis notre enfance nous entendîmes le sens de cette pratique, “souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière”, quelque peu nuancée depuis par “convertis-toi et crois à l’Evangile” !
Résumée en trois P, Prière, Privation et Partage, en cette année 23 la distribution des bénéfices de carême est redistribuée aux plus pauvres et aux plus nécessiteux de l’heure, populations traversées par les guerres, les tremblements de terre, et les catastrophes épidémiques de la planète !
De nombreuses associations telles Chrétiens d’Orient, Caritas Internationalis, Croix Rouge, la Fondation de France, la Banque alimentaire et bien davantage d’obédiences diverses, bénéficient chaque année de l’apport caritatif des chrétiens en ce carême renouvelé de la part des croyants !
“Balhur eta mehe”, disent les Basques dans leurs communes pratiques du carême.
Une tradition récente adopte cette frugalité de vie alimentaire selon des canons diététiques nouveaux sans toutefois se réclamer de rites religieux, pour des raisons de bien être et de confort personnel, somme toute individuel et sans contrainte communautaire obligée.