A - Les dons d'organes en ce temps du souvenir
Le don d'organes décidé de son vivant, post mortem selon les volontés écrites concerne des milliers de volontaires. A cet heure du souvenir en novembre, le sujet mérite de l'intérêt pour comprendre les raisons des partisans et des opposants d'une telle délibération personnelle.
Aucune religion n'interdit ni n'impose une telle mesure à l'heure du trépas. Comme par ailleurs toute greffe d'organe attachée à cette proposition figure parmi les sujets tabous aujourd'hui. Car soustraire un ou plusieurs organes et consentir à quelque bénéfice pour des tiers receveurs demande à chacun une réflexion sur un tel retrait, sa perte ou l'abandon définitif. Le dividende est salvateur au sens physique et médical des volontaires et évite l'impasse sur le thème mais son caractère clivant exige des précautions bien pensées s'agissant de le faire de son vivant ou après mort. En France, selon les autorités médicales, les demandes d'organes dépassent celles des réponses disponibles.
Selon que cette décision concerne des volontés du vivant du donneur, ou post mortem, les contrôles effectués par les praticiens ne sont comparables. Car il y faut souscrire à un protocole médical strict pour obtenir quelque agrément de donneur ou de receveur en retour. Et si de tels actes chirurgicaux concernent des dons d'organes croisés parfois dans une même famille, un couple, des parents aux enfants, on comprend l'enjeu.
Les cas cliniques en faveur de quelque proche ou ami sont importants selon les avis des professionnels. Et toute volonté testamentaire des dispositions de son corps ne sont pas toujours retenues pour des raisons multiples, confidentielles, et sous le sceau médical.. Le don n'acquiert pas de statut de droit.
La mort attestée par les signes de fin cérébrale, l'état nerveux des organes, le constat de la mort cardiaque font l'objet d'un suivi d'une équipe pluridisciplinaire médicale, ce depuis 2004. On prétend désormais que 30 % des Français seraient favorables au don d'organes pour quelque tiers en état de risque de fin de vie. On n'a point oublié la Loi Caillavet en 1976 en faveur du don d'organes post mortem, avec un consentement écrit, vérifié en présence de témoins, permis dès lors qu'aucune consigne négative n'ait été enregistrée dans le Registre national du refus. Depuis 2017 il est permis à tout un chacun de faire valoir ses volontés par le numérique.
Le constat de décès est validé s'il est attesté dans le rapport encéphalique, ou suite à l'arrêt cardiaque constaté.
Si par cas le don d'organe ou de tissu est envisagé, il est exigé de vérifier auprès des proches de son vivant et de cet entourage jusqu'à l'ultime moment Cette mesure est obligatoire. Chacun en devine les raisons.
"Il existe une carte de donneur France ADOT dans le cadre des biens d'utilité publique depuis 1978 ou le service Serem Vitale II, qui ne sont pas des documents légaux mais des indicateurs des décisions prises par les donneurs potentiels. Aucun don n'est obligatoire pour le bénéficiaire ni le donneur. Bien Gratuit et non comptable comme le don de sang."
Pour un don croisé d'organe à quelque proche, il faut deux ans de correspondance mutuelle entre le donneur et le receveur. On le voit ainsi pour le don des reins au sein d'une famille par exemple. Suivant une loi votée en 2011- 2012- 2013 et en cours depuis lors. Le sujet demeurant médical par excellence, on présume les garanties prises par les parties en présence, donneur, receveur, médecin chirurgien et son équipe pour éviter les rejets psychiques de quelque parti inévitables si les décisions sont précipitées ou mal préparées.
Tel est le travail de l'Agence de Biomédecine exercé à ce labeur complexe. Le donneur doit confirmer à terme son accord pour figurer dans cet échange d'organes anonyme et gratuit. L'anonymat demeure la loi basique d'une telle décision.
En 1996 la Commission sociale de l'épiscopat avait noté être favorable d'un point de vue moral et religieux et lancé un appel au don d'organes.
C'est le pape Jean Paul II qui incarna le plus explicitement son éducation en faveur du don d'organes tenant dans son esprit le vouloir faire partager par les jeunes générations, "ce don comme un signe d'amour fraternel qui permette à chacun d'incarner ce projet de donneur d'organes pour sa vie". Propos tenus en 2000. On prétend encore que le pape Benoit XVI, d'origine allemande, disposait dans sa poche d'une carte officielle de donneur pour le jour si ?
"Mais les conseillers de Sa Sainteté lui firent savoir que tout pape n'était plus propriétaire de sa vie dès lors qu'il avait accédé à sa charge suprême et que seule l'Eglise pourrait le faire un jour ?"
On devine un bras papal servant de relique extrait de sa sépulture, d'un Bienheureux possible privé d'un membre de son corps ? Ceci n'était pas dans les vues des proches et collaborateurs de sa Sainteté au Vatican !
B- Le don du corps à la science
Le corps donné à la recherche scientifique et médicale ne peut être confondue avec le don des organes ou des tissus de son vivant. Il s'agit d'études d'anatomie et de chirurgie auprès de facultés ou de laboratoires. On trouve désormais de tels usages dans le secteur public hospitalier et dans le privé. Tout donneur doit remplir un formulaire de consentement pour obtenir une réponse favorable après un controle médical de son vivant. Sachant que la plupart de ces dons s'effectuent après mort. Rares sont en effet de tels dons des vivants, on le comprend !
Aux USA le législateur stipule qu'une telle volonté dernière doit être faite par le donneur et non par un homme de loi, avocat en l'occurrence pour bien des fois.
En France, l'article 3 du 15 novembre 1887 explicite que le consentement personnel doit être requis en sus de règles du droit funéraire pour éviter selon la législation judiciaire des dispositions que des tiers pourraient prendre à l'insu de l'intéressé - "un droit lacunaire", disent les juristes, comparé au droit du don qui en la matière exerce un contrôle policier strict à l'heure de la mort.
Le souvenir déroutant des restes de corps humains maltraités en la faculté de Paris Descartes provoqua un scandale en France en 2019 : il s'agissait d'un charnier humain de corps abandonnés. Depuis 2021/2022, des mesures juridiques ont été confirmées concernant les dispositions légales des disparus que d'aucuns tarifaient encore, en exigeant depuis un comité d'éthique en chaque établissement hospitalier.
Au Royaume-Uni, il n'est pas permis à un citoyen de moins de 17 ans de faire le don de son corps à la science. Toute déclaration doit être personnelle et non déléguée à quelque tiers. Dans l'institution "Autorité des Tissus Humains" en français qui gère ce secteur médical dans le Royaume, mais singularité britannique, chaque établissement dispose de liberté pour prendre ses décisions en interne !
Aux USA, la question est livrée à la décision de chaque Etat, mais des décisions fédérales existent cependant et s'appliquent. Chaque donneur peut, de son vivant, exposer les choix de nature et de destination de son corps selon des normes de qualité requises.
AMERA, association américaine d'enseignement et de recherche médicale, dispose d'une autorité fédérale reconnue auprès des organismes qui la réclament pour leurs instituts de recherche et de pratiques de greffes sur les demandeurs éventuels.
Il est une tradition américaine singulière, on y a coutume de célébrer un "service protocolaire ou commémoratif" pour les donneurs inconnus et anonymes salués pour leur générosité altruiste reconnue. Une pratique que des sociétés funéraires pratiquent en des crématoriums par exemple pour les familles ayant fait l'objet d'une crémation sans service cultuel particulier. Un hommage de gratitude, en somme !
Il sera cependant fait difficulté aux donneurs affectés de maladies incurables ou virales ou de surpoids que les facultés de médecine américaines ont peine à recevoir selon les volontés des donneurs pour eux mêmes.
En Inde, tout être humain est considéré comme donneur par principe. S'agissant ainsi après 48 h de disposer de son corps, les familles qui ne le font pas peuvent voir leur disparu transféré vers un service médical pour une mission de cette nature. Pour un indien, il est aussi possible de signer une déclaration de don du corps cosigné par deux autres témoins de son vivant.
Les sagesses orientales pratiquent de tels altruismes conventionnels et traditionnels à leurs coutumes. En Chine on vit jadis des prisonniers parfois "reconvertis" pour ces recherches après le trépas ou la mort judiciaire.
La sacralité de la vie humaine a perdu de sa vigueur et de vitalité au cours de ces dernières décennies. Le trop d'humanité des uns se heurte à l'exigeante moralité des autres en la matière. En nos pays civilisés le dit-on, le manque de sépultures après crémation ou mort commune provoque une improvisation de l'après mort, que l'on ne sait conjuguer avec le bien public ou des espaces verts environnants, ou une terrible angoisse à penser la mort et la prévoir, selon sa philosophie personnelle.
Les dons du corps à la science et à la recherche inspirent de la grandeur d'âme. Mais sur de telles décisions personnelles, les avis demeurent partagés !
C - Les religions et le don des organes ou des greffes
Elles furent antérieures dans l'histoire aux greffes et dons d'organes des origines. On évoque ces premières expérimentations au XVIIIème siècle dans les esprits plus que dans les faits. La première greffe de rein fut faite sur un chien en 1902. En 1906, on tenta d'autres opérations sur les humains, mais sans succès. Et le temps vint et pour les praticiens, et les patients, de voir cette prouesse devenir possible.
Pour les chrétiens en leur ensemble, toute greffe d'organes est un acte de charité comme pour un humaniste convaincu. En 1956, Le pape Pie XII encouragea la greffe de cornée car dans les termes d'époque, un corps ressuscité ne pouvait être traité sans quelque membre de son vivant ; la Résurrection parousique assurant l'intégrité de l'ensemble.
Le pape, connaissant les commerces amérindiens d'organes humains, se dit favorable à ce don d'organes, gratuits et libres pour les donneurs et les receveurs. Une promesse souvent contrecarrée par des intérêts financiers peu disposés à servir l'humanitaire avant leurs intérêts.
Le verset de Jean l'Evangéliste rappelle : "Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis" !
Le judaïsme célèbre le Créateur unique en toutes ses œuvres. Au nom de Dieu et de la Vie. Le constat de la mort effective sépara dans le passé la mort constatée par l'électro-encéphalogramme de l'arrêt cardiaque. Depuis 2008, les israélites considèrent la mort cardiaque déterminante pour cette preuve.
Les dons d'organes sont permis pour sauver quelque vie en perdition, mais non pour des recherches expérimentales en laboratoire selon les rabbins.
Les Musulmans confortent la foi juive, en rapportant dans le coran 5, 32 "que sauver une vie est sauver l'humanité entière". Par le respect de l'intégrité du corps, par le respect des volontés testamentaires de tout un chacun, par le droit laissé à tout un chacun d'apposer dans un registre son opposition. Dans le cas inverse en cette absence, le droit est laissé aux praticiens d'en disposer si nécessaire !
D'un avis commun, les trois religions monothéistes se rejoignent dans la reconnaissance du caractère sacré du corps humain et de la vie des hommes.
Mais les Témoins de Jéhovah furent réfractaires initialement aux greffes et au retrait du sang humain d'un corps pour un tiers. Les avis ont évolué avec le temps. Maintenant cependant une position de principe sur le caractère sacré du corps de l'homme.
Les bouddhistes rappellent l'harmonie nécessaire du corps et de l'esprit en la matière, l'être humain et son environnement.
Pas d'interdit chez les hindouistes et les bouddhistes à ce propos. L'idée du "karma" distinguant cependant parmi les disciples du Sage la perception de la réincarnation toujours professée dans les deux religions qui originellement interdisaient à la main de l'homme de transgresser les volontés divines sur la vie et la mort, dès lors du vivant du disciple sur sa propre destinée !
Le sujet demeure objet de débat chez les orientaux autour de la greffe d'organe et de tissus pour des raisons médicales d'urgente nécessité pour la vie.
L'harmonie corps et esprit, la santé humaine et la santé de son environnement autorisent la pratique de cette ablation si d'urgente nécessité. L'idée du karma divisent cependant dans la tradition ancienne les avis sur la liberté d'entraver quelque peu la destinée de chacun devant la mort, en pratiquant de tels actes opératoires sur le corps humain de son vivant.