Qualifiée abusivement de « loi de l’égalité de tous », la nuit du 4 août 1789 « représenterait aux yeux de certains l’acte le plus important de la période révolutionnaire, quand les représentants du peuple votèrent « l’abolition des privilèges ».
Or, cet acte vit en réalité la suppression des statuts particuliers des villes et des provinces lors de la folle nuit du 4 août 1789 – ce qui déclencha un tollé général en Labourd et fit crier aux frères Garat, sur l’injonction du Biltzar, le fameux « Ma province proteste » ! opposé à la fusion des Basques et des Béarnais au sein d’un même département ?
Plus généralement, la nuit du 4 août 1789, qualifiée dans tous les livres d'histoire depuis la IIIème république jusqu'à nos jours d’« événement fondamental de la Révolution française, puisque l'Assemblée constituante proclamait la fin du régime féodal et de ses privilèges », sonna en réalité le glas de tous les us et coutumes propres à chaque province du royaume. Le système féodal n’avait-il point été supprimé peu de temps auparavant, entre le 20 juin 1789, date du serment du jeu de paume, et le 27 juin, lorsque les trois états s’étaient réunis en Assemblée nationale ? Or, les souverains français avaient coutume de considérer, par opposition au « peuple français » cher aux idéologues révolutionnaires, « les peuples de France », en fonction de la diversité des traditions, des langues et des cultures des provinces de France. Et des « Privilèges », étymologiquement « lex privata », ou lois privées ». Chaque décision royale devait-elle ainsi être enregistrée par les Parlements provinciaux pour avoir force de loi localement, selon un système prétendant à un certain équilibre malgré d’inévitables abus et la progression d’un certain centralisme dans l’air du temps.
Le 4 août 1789, l’abolition de ces « gardes fous » avec la suppression des parlements, des statuts particuliers, des franchises, libertés et coutumes provinciales infligea à tout le pays les décisions parisiennes : s'ensuivirent, entre autres, l’éradication par la violence des langues régionales – malgré une traduction occasionnelle en basque, du moins au début de la Révolution, des dispositions les plus importantes de la nouvelle législation - et un nouveau découpage administratif faisant fi de l'histoire locale et des bassins de vie.
Débutée par la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 qui vit une poignée d'émeutiers sanguinaires, brutes avinées, assassins et terroristes dans l'âme, massacrer et promener dans les rues au bout de piques les têtes de la poignée de militaires casernés dans la forteresse et auxquels ils avaient promis liberté et vie sauve, cette tragédie débouchera sur la Terreur, le génocide vendéen, les noyades de Nantes, la destruction de Lyon et la déportation des Basques en février 1794. Pourtant, c’est bien de ces crimes horribles que la « glorieuse » tradition républicaine et notre actuel Système prétendent débuter l’histoire de notre pays…
ALC