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Patrimoine religieux
L'autel de nos églises ?
L'autel de nos églises ?

| François-Xavier Esponde 711 mots

L'autel de nos églises ?

Le christianisme a adopté le modèle architectural des basiliques de l'empire romain selon l'inspiration constantinienne.

Mais l'autel avait une autre fonction initiale. En effet ces villes de l'antiquité regorgent d'autels dédiés aux dieux de l'Olympe.
Paul de Tarse cité dans les Actes des Apôtres prend prétexte d'un autel consacré "au Dieu inconnu" Ac, 17,23 pour chercher à fixer l'imaginaire évangélique dans son temps mais sans grand succès !
Ces Arae ou autels en latin  ressemblaient à des colonnes carrées, les cippes servant d'encensoir des rites païens en usage.
A proximité du temple on trouvait comme des billots de boucherie pour y sacrifier les bêtes

1 - La table eucharistique

Les chrétiens voulurent dès l'origine renoncer à cette confusion de la table du sacrifice, des païens ou athées de leur époque, et furent dénoncés comme n'ayant d'autels assortis à leur culte.
Clément d'Alexandrie ou Origène au IIIème siècle ne connaissent pas d'autels tels que ceux que nous pratiquons en nos lieux de culte, du temple chrétien.
Pour eux le seul autel de Dieu est l'âme humaine !

Dans le sacrifice domestique des premières eucharisties on célébrait sur une table commune de bois de forme carrée ou circulaire montée sur un pied ou trois pieds.
On admirait à Rome à Saint Jean de Latran ou à Sainte Prudentielle une table de cèdre attribuée à Saint Pierre comme une relique vénérée de l'apôtre.
A Calliste au cimetière célèbre de Rome, dans une catacombe, on devine une table sur une fresque du second siècle où un prêtre a déposé des pains du culte eucharistique.

L'autel de bois transportable servait aux moines de Saint Denis de France plus tard lors des campagnes de Charlemagne pour le culte impérial partagé par les soldats.
Mais il ne semble que par exception seulement on ait ainsi transféré l'autel eucharistique hors du lieu du culte d'un temple consacré à cet effet.

2 - La table des martyrs.

Un lien existe entre la sépulture des martyrs et la table de pierre de l'eucharistie traditionnelle.

L'usage païen de célébrer des banquets funèbres sur les tombeaux a été relayé par les chrétiens dans les lieux de culte proprement dits.
Saint Augustin atteste avoir pu célébrer le culte de Monique sa mère, "le culte de notre salut" après la mort de cette dernière comme cité dans Les Confessions au lieu dit de sa sépulture.

Le culte des morts servit tout d'abord au culte des vivants dans un édifice basilical plus large construit au dessus des sépultures anciennes.
Par une petite ouverture on pouvait y accéder pour y déposer du linge, et des douceurs alimentaires et des objets permettant de toucher ces corps aimés et considérés comme sacrés dans le culte chrétien.
Les basiliques Saint Pierre et Saint Paul en ont gardé les dispositions anciennes encore aujourd'hui.

L'autel de la cathédrale de Bayonne vue ancienne.jpg
L'autel de la cathédrale de Bayonne, vue ancienne ©
L'autel de la cathédrale de Bayonne vue ancienne.jpg

Mais la communauté ecclésiale prenant de l'essor on se déplaça vers l'église où l'on avait pris soin d'entreposer des reliques d'un martyr.
Ambroise de Milan en 397 fit édifier la basilique de sa sépulture et plaça les corps de Gervais et Protais que l'on venait d'identifier. Aujourd'hui encore la déposition des reliques accompagne la consécration d'une église comme ces objets déposés en sépulture par les familles lors des inhumations.

3 - Les offrandes rituelles

Dans l'édifice religieux, l'autel du rite eucharistique accueillait le calice et les pains de l'offrande, plus tard on y ajoutait des textes liturgiques au fur et à mesure que se se développait la place du Missel de toute célébration.

Le texte religieux d'oblats était connoté comme objets destinés à être consacrés par cette pratique.
Les pains apportés par les fidèles étaient bien réels pour être consacrés évitant de laisser passer les moins frais ou calcinés par la cuisson.
Le vin était déposé dans des flacons puis versé dans un grand calice à deux anses. Une amphore sans aucun doute ou un vase de valeur précieuse d'or ou d'argent !

Pour l'anecdote, Grégoire de Tours raconte l'histoire de ce sous diacre malvenu qui remplaçait le bon vin - apporté par une matrone de Gaza - par une piquette au point que le célébrant en subit malaise et fut incommodé lors du culte. Il fallut un miracle de saint Martin pour dénoncer l'auteur et restaurer de bon goût le culte eucharistique de vin de qualité !

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