Dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine, Beñat Zintzo-Garmendia donnera une conférence le dimanche 22 septembre à 16 heures dans la salle des mariages de la mairie. Parmi les thèmes de prédilection de Beñat Zintzo-Garmendia, historien et enseignant, figurent la douloureuse période du début du 17e siècle, période féconde en sorcellerie avérée ou imaginaire et le thème quasi universel du carnaval, qu’il fut basque, pyrénéen ou européen. Cette conférence sera consacrée à l’Etxe, la Maison et le Basque : Histoire de la Vie, approché d’une autre manière comme la trilogie du Basque : Etxea (la maison) - L'église - Jarlekua (la tombe), soit de la naissance terrestre à la Vie éternelle, pour tous les membres de l'Etxe.
Le Basque était-il vraiment chrétien même aux temps des procès contre les pseudos sorcières ? La question à l'époque ne se pose même pas. Les juges ne contestent jamais la chrétienté basque. L'église est la seconde maison du Basque et il démontre son amour à son égard par de très nombreux gestes dans la vie quotidienne, et simultanément le basque, la basque prépare son avenir post-mortem avec la possession d'un jarleku ou le graal vers le Paradis.
La trilogie Basque - Maison - église - Jarleku (la tombe) - sera au cœur de cette conférence richement illustrée. Le jarleku par exemple, retiendra toute notre attention en raison de son extrême importance à travers les siècles, mais plus encore en raison de la multitude de procès qu'il a occasionné. Le jarleku, cette tombe longtemps sacrée représente un enjeu colossal et suscite bien des passions autour de sa propriété. Cette tombe dans l'église, que l’Église tâcha de sortir de cet espace sacré pour la confiner à l'autre espace sacré, le cimetière, les basques de quasiment toutes les provinces se battirent qui pour en avoir au moins une (!) qui pour ne pas aller dans le cimetière... de nombreux procès illustrent à foison la focalisation des catholiques basques autour de cette tombe. Riches ou pauvres, tout le monde veut s'approcher des portes du paradis... Les différentes branches familiales n'étant pas les dernières pour demander l'ouverture d'un procès.
Sera évoquée la spécificité basque, reconnue jusqu'à ce jour comme une bizarrerie basque : le droit d'aînesse absolue pour la transmission de l’Etxe. C'est-à-dire que, selon les fueros basques, l'aîné aussi bien garçon que fille devenait l'héritier légitime de la maison.
D’ailleurs nombre d’Etxe portent fièrement sur leur façade principale la preuve de ce droit des Femmes. Certes, pour la transmission de l’Etxe les parents avaient leur mot à dire et pouvaient en décider autrement, mais la norme était celle des fueros.
Si pour l'aîné(e) la voie était toute tracée, pour les autres enfants de la fratrie la quête du bonheur terrestre était loin d'être assurée, et une vie aventureuse attendait nombre de frères et sœurs cadets... certains cadets firent fortune comme cette famille de Juxue partie à Saint-Macaire dans le bordelais qui en moins d’un demi-siècle s’était enrichie en France (et non pas en Amérique) avait pu honorer le jarleku familial mais aussi acheter deux noms de seigneuries dans le bordelais et changer le nom original de Rostéguy par celui de la petite noblesse de Tastes, et de Lancre... Ce dernier descendant de Basques "revint chez lui", dans la province voisine du Labourd pour exercer une justice terrible selon son ordre de mission, parfaitement exécuté. Heureusement d'autres cadets(tes) finiront saints hommes ou saintes femmes... voire président de république en Amérique Latine…
Entre temps beaucoup aideront matériellement l'aîné, héritier ou héritière de l'Etxe à la maintenir, à la rénover, car l'appartenance à la maison demeure incroyablement prégnante tant que la maison demeure au sein de la famille tant par la voie masculine que féminine...