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La mémoire de 14-18 de St-Jean-de-Luz à Bitola en Macédoine avec les œuvres de Jean-Peyrissac
La mémoire de 14-18 de St-Jean-de-Luz à Bitola en Macédoine avec les œuvres de Jean-Peyrissac

| A. de M.L.C. 642 mots

La mémoire de 14-18 de St-Jean-de-Luz à Bitola en Macédoine avec les œuvres de Jean-Peyrissac

Certains de nos lecteurs se souviendront de la signature en décembre 2018 par l’historienne d’art Stéphanie Peyrissac à la librairie Louis XIV de Saint-Jean-de-Luz de l’album « En Macédoine sous la montagne bleue, Campagne d’Orient 1917 à 1918 » publié par les éditions Michalon et consacré aux illustrations réalisées par son grand-père, l’artiste-peintre et soldat volontaire âgé de 19 ans, Jean-Peyrissac (1895 – 1974) : il les avait rapportées au sortir de la guerre. 
A l’occasion de l’hommage rendu aux combattants de la première guerre mondiale pour le centenaire de son achèvement, Stéphanie Peyrisssac, originaire du Sud-Ouest par sa famille maternelle, avec la collaboration de l’historien Eric Allart, spécialiste du front macédonien, rappelait, au travers des gouaches de son grand-père, l’histoire des populations paysannes et nomades macédoniennes du Front oriental en 1917-18.

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Signature de l'album à Bitola / Monastir ©
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Et jeudi dernier, à l’occasion des cérémonies commémoratives de la première Guerre Mondiale, les reproductions en grand format de deux œuvres du peintre Jean Peyrissac viennent d'être inaugurées dans la mairie de Bitola en Macédoine du Nord en présence du Maire, de l’ambassadeur de France et du directeur et des membres de l’Institut Français de Skopje. 
La famille de l’artiste accompagnée par l’historien Eric Allart avait également fait le déplacement. 

Ces œuvres qui représentent le grand bazar sur les bords du Dragor à Monastir, aujourd’hui Bitola, font partie d’une vingtaine de gouaches dessinée par Jean Peyrissac envoyé en 1917 combattre sur le front d’Orient. 

Les copies ont été réalisées par l’atelier de peinture Bubasolak de Bitola sur la base d’un projet mémoriel et pédagogique à l’initiative d’Eric Allart et financées par la mairie de Bitola ainsi que l’Alliance française de cette ville. 

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La reproduction d'une gouache de Jean Peyrissac ©
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Rappelons que l'expédition de Salonique, intitulée également Front d'Orient, fut menée par les armées alliées à partir du port grec de Salonique pendant la Première Guerre mondiale.

En 1917, le grand-père de Stéphanie Peyrissac, fils de médecin et originaire de Montauban où il fit ses études chez les jésuites, fut envoyé à Salonique (Thessalonique, en Grèce), puis en Macédoine, pays des Balkans partageant ses frontières avec la Grèce, la Bulgarie, la Serbie avec sa province kosovar, et l’Albanie.

Dans ce pays enclavé entre montagnes et lacs (on en compte une cinquantaine), les combats ont duré jusqu’en septembre 1918 avant de se poursuivre en Roumanie et en URSS jusqu’en 1923. Entre 1917 et 1918, le 21e régiment d’artillerie coloniale auquel le brigadier Peyrissac appartenait, se concentra dans la boucle de la Cerna, sur les plateaux et les pentes du massif de la région de Mariovo. Jean Peyrissac va mener plusieurs missions dans ce secteur parmi les plus agités du front d’Orient. Cependant en 1918, de retour en France, atteint par le paludisme et la jaunisse, il décida d’abandonner ses études de médecine pour se consacrer à sa passion : le dessin et la peinture. L’année suivante, il acheva son album sur la Macédoine.

L’artiste nous propose une lecture ethnologique et poétique humoristique, telle cette image d’« un enterrement sous un ciel de Vardar » où la croix du prêtre emportée par une bourrasque de vent s’envole. Parmi les scènes colorées des rues sur « les bords du Dragor à Monastir » se mélangent diverses ethnies aux influences grecques, turques, albanaises et slaves. En contraste avec les photos de l’avant-propos témoignant des destructions, les gouaches aux couleurs chatoyantes - rouge folklorique des vêtements rapiécés -, les expressions caricaturées de cette population de paysans et nomades semblent absentes de la guerre, subissant ses méfaits plutôt que de les provoquer.

Une vision d’un peuple (*) qui, sous le pinceau rouge humoristique de Jean Peyrissac s’anime avec originalité, annonçant par certaines de ses stylisations son attrait futur pour l’abstrait.

(*) La Macédoine fut peuplée par les Byzantins, puis les Salves au VIème siècle, avant de subir pendant cinq siècles la sanguinaire occupation ottomane. Elle compte aujourd’hui une majorité d’orthodoxes ainsi qu’une minorité musulmane albanaise.

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