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La Folie-Boulart : une renaissance à Biarritz
La Folie-Boulart : une renaissance à Biarritz
© DR - Inauguration de la Folie Boulart à Biarritz

| Anne de Miller-La Cerda 771 mots

La Folie-Boulart : une renaissance à Biarritz

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boulart_06.jpg © DR - Hall d'entrée avec les colonnes de marbre de Sarancollin et de Carrare
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sculpture F BOULART.jpg © DR - les sculptures d'Hamel de la façade restaurées par F.R. de Marignan
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Quartier Saint-Martin, depuis un point culminant de Biarritz, la demeure renaissante avec son belvédère octogonal, tel un phare à la lumière dorée, éclairera les fêtes de fin d’années. 
Tout est en cours d’achèvement dans la Folie-Boulart de Biarritz quand les nouveaux propriétaires Pierre et Brigitte Delalonde - aux côtés de la conférencière Anne de Bergh, petite-fille de l’architecte François Roux - ont accueilli dans le hall d’entrée aux colonnes de marbre de Sarancollin et de Carrare, le maire de Biarritz Michel Veunac et son épouse Marylou ainsi que nombre de personnalités telles que les descendantes de Charles Boulart, la nouvelle conservatrice en chef du Musée Basque - ancienne conservatrice du patrimoine au Musée d’Orsay - Sabine Cazenave, accompagnée de son prédécesseur Olivier Ribeton, conservateur de la collection Gramont, le général Jean-Bernard Pinatel et son épouse Anne, élue municipale de Biarritz, ainsi que de nombreux autres érudits et amis du couple…  
Aux environs de l’année 1880, sur une parcelle d’environ 5 hectares, Charles Eucher Boulart (1828-1891), originaire des Landes, maître de forges à Castets et maire de Linxe, conseiller général du canton et député des Landes, fit construire le château « Belle Fontaine » à Biarritz.  
Le futur propriétaire s’adressa au brillant architecte Joseph Louis Duc, Lauréat du Grand Prix de Rome, membre de l’Institut, Grand Prix d’architecture pour construire dans un style néo-renaissance le château. Malheureusement l’architecte, décédé en 1879, ne verra jamais la réalisation finale de l’édifice.   
Afin d’être secondé, Duc s’était adjoint le jeune architecte François Roux, également passionné d’aviation qui, après l’École des Beaux-Arts de Lyon, avait obtenu un Grand prix d’architecture et fut nommé architecte en chef de l’Institut National des Jeunes Aveugles, comme Anne de Bergh l’expliqua à l’aide d’une panoplie de croquis dont les versos représentaient des maquettes d’une machine volante. Etant donné l’ampleur du chantier, Oscar Tisnès, un autre architecte expérimenté, sera retenu. Tout comme pour l’atrium du belvédère de l’entrée du château Boulart, la coupole byzantine de l’église russe en face de l’hôtel du Palais - édifiée également par Oscar Tisnès aidé de l’architecte de Saint-Pétersbourg Nikolaï Nikonof - comporte le même style d’armature métallique pour soutenir les dômes. 
En 1930, le Château Boulart, après avoir été à la disposition de la Croix-Rouge américaine, fut utilisé par l’institution Notre-Dame de Sion afin d’y ouvrir un collège, puis un pensionnat de jeunes filles dont certaines des élèves des années 60 étaient présentes à l’inauguration.  
A la fin 2015, lorsque Pierre et Brigitte Delalonde l’acquièrent, la demeure est en mauvaise état dans un parc morcelé. 
Après avoir organisé le planning du sauvetage de leur acquisition, le couple s’adresse tout d’abord aux meilleurs artisans locaux. 
Parmi les plus talentueux appelés à intervenir pendant deux ans pour la restauration de la demeure, le tailleur de pierres François Régis de Marignan dévoile comme dans un happening, minutieusement à l’aide d’un gravelet et d’un maillet de bois, les nudités aux thèmes mythologiques sculptées en pierre de blanche de Crazannes par Hamel. 
L’épaisse couche de chaux qui masquait les sculptures avait protégé les œuvres d’art des agressions des embruns marins. « Si les sculptures avaient été recouvertes de béton, matière qui attaque la pierre, elles auraient été irrécupérables », explique François Régis de Marignan. 
Après une formation de deux ans en tant qu’apprenti tailleur de pierres, ce quadragénaire, père de deux charmants petits rouquins, fit pendant six ans un « tour de France » dans le cadre des compagnons du devoir.  Ainsi, au château Boulart, il acquit une expérience supplémentaire en découvrant un éventail de matières et de couleurs de pierres tendres de Thénac en Charentes, ou dures comme celles d’Arudy en Béarn. 
Tout comme son neveu, la restauratrice France de Marignan démasque avec magie les Dianes mythologiques des quatre cartouches de Tony Robert Fleury (1837-1911), volontairement occultées par les religieuses. Non loin des vitraux du maître-verrier, dont ceux néo-renaissance de l’atrium octogonal d’Oudinot de la Faverie, le sol est parsemé de frises et de parterres de mosaïques du maître vénitien Facchina qui avait travaillé pour l’Opéra Garnier, à présent rénovés par Maurizo Preziosi (de l’atelier Sila) venu spécialement d’Italie, aidé de la mosaïste Danielle Juste située dans les Landes. Les marbres, les stucs, les poinçons de la toiture ont été réalisés par l’atelier Monduit. 
La Folie-Boulart, cadeau de Noël - avec ses futures retombées touristiques - n’aura rien coûté aux contribuables biarrots puisque ses  propriétaires Delalonde ont entièrement financé ce futur château-hôtel dont les façades et la toiture sont classées aux Monuments historiques ; il comportera huit suites de très grand luxe et sera loué dans son entier comme hôtel particulier à des hôtes du monde entier. Une Renaissance inattendue au milieu d’une époque si pluvieuse. 

 

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