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Cinéma La critique de Jean Louis Requena
Juliette au printemps (96’) - Film français de Blandine Lenoir
Juliette au printemps (96’) - Film français de Blandine Lenoir

| Jean-Louis Requena 585 mots

Juliette au printemps (96’) - Film français de Blandine Lenoir

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"Juliette au printemps" de Blandine Lenoir ©
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Tournage de Juliette au printemps de Blandine Lenoir .jpg
Tournage de "Juliette au printemps" de Blandine Lenoir ©
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Juliette (Izïa Higelin) est une trentenaire illustratrice de livres pour enfants. Dans le train qui l’amène dans la petite ville de l’Ain, où habite sa famille, elle dessine pour passer le temps. A l’évidence elle souffre de dépression. Son père Léonard (Jean-Pierre Darroussin) est un taiseux qui a du mal à exprimer ses émotions ; cependant, il est content de revoir sa fille cadette qui n’a pas donné signe de vie depuis longtemps. 
La sœur ainée de Juliette, Marylou (Sophie Guillemin), est une mère de famille avec deux enfants en bas âge. Toujours stressée, angoissée, mais dotée d’un tempérament volcanique, elle mène sa maisonnée sans coup férir. Son mari, Stéphane (Éric Caravaca) est résigné face à cette tornade. 
Leur couple est bancal. Marylou entretien une relation torride avec Adrien (Thomas de Pourquery), commerçant dans le bourg, d’une boutique de farces et attrapes. Leurs étreintes, chez Marylou, sont passionnées et rapides, entre deux créneaux horaires. 

Leonard vit seul, depuis des années, dans son appartement déserté par Nathalie (Noémie Lvovsky) ex-femme laquelle souhaitait mener une autre vie, plus fantasque. Elle se déclare artiste peintre et prépare une exposition. Simone, la mère de Léonard (Liliane Rovère) vit dans un EHPAD dont elle cherche, avec obstination, à s’échapper.

Tout ce petit monde se retrouve autour d’un repas homérique dans la maison de Marylou, cuisinière pour l’occasion attentionnée et angoissée. A table, les langues se délient … Entre temps, Juliette a fait la connaissance de Pollux (Salif Cissé) un grand costaud à la fois placide et poète.

Tous les personnages se croisent et s’entrecroisent au sein d’un cercle restreint …

Juliette au printemps est le quatrième long métrage de la réalisatrice Blandine Lenoir (50 ans). Le scénario est une adaptation de la bande dessinée Juliette, les fantômes reviennent au printemps (Actes Sud BD) de Camille Jourdy. L’autrice a coécrit l’adaptation avec la réalisatrice et le concours de Maud Ameline. L’écriture est au féminin (trois femmes !) c’est un manifeste, plus atténué, que les deux précédentes œuvres de la metteuse en scène : Aurore (2017) sur les affres de la ménopause et Annie colère (2022) sur ceux de l’avortement. Dans son dernier opus, Blandine Lenoir jette un regard féminin sur la dépression, sujet, comme ses précédents, à priori démoralisant. Cependant Juliette au printemps ne l’est pas, bien au contraire. 
Dans ce film choral, « mélancomique » les personnages sont tous attachants avec leurs différences. Nous assistons à de véritables interactions de situation (graves, burlesques, comiques, etc.) entre eux qui ne nous laissent pas indifférents. Le récit tenu de bout en bout, sans baisse de régime, est vivifiant. Chaque caractère (au sens américain du terme) est bien dessiné. La palme revient à Sophie Guillemin (Marylou) d’une cinégénie spectaculaire avec son surpoids pondéral, et qui, malgré ce « handicap », assume son comportement d’amoureuse passionnée, survoltée, à la sexualité radieuse. Tous les autres interprètes sont au diapason de Marylou soutenus par des dialogues ciselés.

Dans un interview Blandine Lenoir explicite son projet : « Dans ce film, j’ai eu l’occasion d’offrir une autre représentation des masculinités et des féminités, avec des hommes et des femmes qui ne collent pas tout à fait aux rôles auxquels ils sont assignés selon leur genre ». Elle ajoute : « Et tout cela en creux, sans marteler de discours, de la façon la plus simple, la plus évidente qui soit ».

Juliette au printemps est un film plus profond qu’il n’y parait dont le thème principal, mais caché, est un secret de famille. A ce titre, sans scène doloriste, il nous émeut par son évidence narrative loin des clichés habituels. 

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