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Jean-Marie Rouart : l’urgence de retrouver la cohérence d’un projet spirituel chrétien
Jean-Marie Rouart : l’urgence de retrouver la cohérence d’un projet spirituel chrétien

| Alexandre de La Cerda 1123 mots

Jean-Marie Rouart : l’urgence de retrouver la cohérence d’un projet spirituel chrétien

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Jean-Marie Rouart et Alexandre de La Cerda, échange de livres ©
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Saint Benoît, patron de l'Europe ©
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Beaucoup de nos lecteurs apprécient les livres que Jean-Marie Rouart vient chaque année présenter et commenter dans les salons de la belle demeure d'Edmond Rostand à Cambo grâce à son amitié avec les « Amis d'Arnaga », au cours de ses réguliers séjours à Sare. Et combien de dîners amicaux nous ont réunis dans l'accueillante salle-à-manger d'« Arraya »... réunions confraternelles, devrais-je même dire, puisque notre amitié date de mon entrée à l'Académie des Jeux Floraux le 3 mai 2000 au cours d'une séance solennelle qui voyait ce cénacle littéraire - réputé le plus ancien d'Europe - remettre sa plus haute récompense, le « Liseron d'or » à l'académicien français Jean-Marie Rouart. 

Or, au moment où en France, le projet de loi « confortant les principes républicains » est soumis aux débats des instances dirigeantes, c'est un véritable appel à nos consciences que l'académicien Jean-Marie Rouart vient de lancer à travers des entretiens dans plusieurs journaux, en particulier « Le Figaro » : aucune société, si avancée soit-elle, ne peut se passer du sacré, explique l’écrivain. Or, le déclin du christianisme dans la société française laisse un vide spirituel, que l’islam vient remplir et « le laïcisme est un rempart illusoire face à la volonté de conquête de l’islamisme ».

Une laïcité impuissante à constituer, demain, l’âme de notre pays

Dans l’hebdomadaire « La France Catholique », Jean-Marie Rouart « constate la faiblesse que représente le christianisme aujourd’hui et l’orgueilleuse faiblesse que représente la laïcité. Je crois que les laïcards s’imaginent, avec une prétention coupable, qu’ils représentent un rempart, mais en fait c’est une ligne Maginot face à l’islam. Ils pensent qu’ils peuvent remplir les besoins et les aspirations d’une religion. C’est pour moi une erreur coupable. L’aspiration humaine sur le plan individualiste comme sur le plan collectif n’est pas seulement de l’ordre de la raison. Et sur le plan individuel, la religion n’est pas seulement de l’ordre de la croyance.

Comme Français, nous avons un héritage qui s’inspire de ce que nous sommes : les fêtes de Noël, Pâques et Pentecôte, les jours fériés… Nous sommes imprégnés de nos origines chrétiennes. Et contrairement à ce que pensent les laïcards, la France n’est pas née avec la République. Elle est née du baptême de Clovis. Elle a quinze siècles d’imprégnation chrétienne. Un écrivain aussi peu pratiquant que Romain Gary disait au moment de sa conversion que le catholicisme était les papiers d’identité de la France ».

Le christianisme a-t-il perdu trop de terrain dans la société ?

« Je dis que tous les facteurs sont présents pour qu’il soit supplanté par l’islam. Pas qu’il disparaisse. Je mets en cause à la fois l’État qui méconnaît ce que nous sommes, nos racines judéo-chrétiennes, avec le refus de les inscrire dans la Constitution européenne, et la défiance du religieux vis-à-vis de l’islam, qui s’étend malheureusement à tous les religieux. Le projet de loi sur le séparatisme qui se refuse à désigner l’islam s’en prend à tous les excès du religieux. Et ce faisant, l’État ne s’aperçoit pas qu’il ne pourra jamais donner un projet spirituel, une cohérence dans un pays qui part à vau-l’eau »

En conclusion, dans cet entretien publié par « La France Catholique », face à ce vide spirituel laissé dans notre société et qui risque d’être comblé par l’islamisme, Jean-Marie Rouart en appelle à l’Église afin qu’« elle retrouve toute sa place dans cette société, en particulier par l’Art, par le Beau, ainsi que par la Liturgie »…

Retrouver les racines chrétiennes de l'Europe (et du Pays Basque)

Or, les « racines chrétiennes » qui nous réunissent, dont la mention a été supprimée en 2004 du projet de Constitution européenne, sous l’influence notamment de Jacques Chirac, constitue le fondement qui devrait soutenir la construction européenne. 
L’Europe a ainsi perdu ses racines, et sans racines, rien ne peut se développer harmonieusement (…) Sans racines, l’Europe cherche aveuglément à imposer sa loi dans tous les domaines : financier, économique, social, culturel, effaçant les différences, tendant à l’uniformisation, sans une vision de l’avenir qui puisse susciter quelque enthousiasme, soucieuse uniquement de former des citoyens aptes à produire et à consommer. 
Sans racines, l’Europe n’hésite pas à passer outre l’opinion des peuples et à violer la démocratie, comme on l’a vu avec le mépris de nos gouvernants pour le référendum du 29 mai 2005. Sans racines, l’Europe devient une sorte de monstre sans scrupule ni conscience, qui dévore tout sur son passage.

Voilà bien une bonne décennie que je relayais dans mon « Bloc-Notes » publié dans hebdomadaire régional basque l’opinion du cardinal Sarah, ancien archevêque catholique de Conakry en Guinée, publiée à l'époque dans l’hebdomadaire « Famille chrétienne » : « On parle volontiers de crise économique mais la crise de Dieu est de loin la plus grave. Nous constatons en Europe une éclipse de Dieu. La culture s’est constituée comme si Dieu n’existait pas. Beaucoup ont mis en application la formule de Nietzsche : « Dieu est mort ! ». Les chrétiens eux-mêmes sont tentés de vivre comme des apostats silencieux. C’est nous qui avons tué Dieu. (...) Résultat, l’homme ne sait plus qui il est ni où il va ». Saint Benoît est-il encore le patron de l’Europe ? 
Déjà, le pape Benoît XVI tirait régulièrement la sonnette d’alarme : « Des voix chagrines contestent avec une stupéfiante régularité la réalité des racines religieuses européennes. Il est devenu de bon ton d’être amnésique et de nier les évidences historiques. Affirmer que l’Europe n’a pas de racines chrétiennes, équivaut à prétendre qu’un homme peut vivre sans oxygène et sans nourriture ». Dans son livre « Valeurs pour un temps de crise » (Werte in Zeiten des Umbruchs) publié peu de temps avant qu’il ne devienne pape, le cardinal Joseph Ratzinger concluait : « à la mort des forces spirituelles qui l’ont portée correspond la disparition de l’Europe dans son identité ethnique »

En écho, au sein de l’Eglise orthodoxe qui a opéré un sérieux rapprochement avec les catholiques sous le pontificat de Benoît XVI, le patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyrille ne déplorait pas moins la laïcisation de l’Europe occidentale lors d’une rencontre avec le Président allemand : «  Je suis effrayé par ce qui se passe dans certains pays notamment en Europe Occidentale » où l’on veut « écarter la religion de la vie publique au nom des droits de l’Homme. Je suis convaincu que la civilisation moderne fait les mêmes erreurs que l’Union soviétique où l’athéisme était une idéologie officielle », avait souligné le patriarche. « Cela ne fait pas de différence au nom de quoi vous le faites. Au final le signal est le même: liquider, démonter la conscience religieuse »

Quant au Pape François, lors d'une intention de prière générale  au Vatican, n'avait-il pas émis cette intention missionnaire : « Pour que l'Europe redécouvre ses racines chrétiennes grâce au témoignage de foi des croyants ».

Il en est grand temps !

Répondre à () :

Fouquet Jeanne | 12/02/2021 10:35

Merci pour cet article à M. de la Cerda. Vous avez réhabilité dans mon esprit J.M.Rouart que je savais un homme talentueux , mais que je sentais surtout comme un libertin. Je vois qu'il attache aussi de l'importance à la spiritualité et à la place de l'Eglise en Europe.

baudouin | 12/02/2021 17:39

oui c est vrai C

MartinPinasco | 30/05/2021 19:21

Tres bien

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