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Cinéma
Hendaye : 100 bougies pour le cinéma "Les Variétés"
Hendaye : 100 bougies pour le cinéma "Les Variétés"

| Jean-Marie 1205 mots

Hendaye : 100 bougies pour le cinéma "Les Variétés"

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"Ramuntcho", tournage sur la Bidassoa ©
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Peio Erramouspe ©
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26 mars 1922, le théâtre-cinéma-dancing-salle des fêtes « Les Variétés » d’Hendaye accueillait la première de Ramuntxo, adaptation théâtrale du roman de Pierre Loti réalisée par le dramaturge Toribio de Alzaga. Jouée par les bénévoles de l’Académie de déclamation basque, le spectacle obtint un vif succès. C’était la première fois qu’une pièce moderne était jouée en Pays basque, la première fois qu’on jouait cette pièce en euskara et la première fois depuis la création de Ramuntcho à l’Odéon en 1908, que le roman de Loti remontait sur scène.

Ce fut aussi le premier événement majeur de la vie culturelle hendayaise organisé par « Les Variétés », ouvert depuis décembre 1921 pour accueillir à Hendaye-ville des manifestations locales, venant ainsi s’ajouter à celles plus touristiques du Casino de la plage et du Grand Hôtel Eskualduna.

Construit entre avril et novembre 1921 sur des plans d’Edmond Durandeau, le bâtiment sera remodelé en 1957 puis, après son rachat par la municipalité, à nouveau remanié en 1989. Géré jusqu’en 2007 par l’association Entracte, c’est aujourd’hui un cinéma municipal.

Pour célébrer ces deux centenaires, le cinéma municipal Les Variétés et les Amis de Pierre Loti (APLH) ont collaboré pour offrir au public un moment de découverte, d’échanges et de réjouissance avec une exposition, un document inédit, une création, un échange, un grand film des années 20 et d’autres surprises…

Le programme de cette soirée spéciale :

- 20 heures, accueil gourmand et vernissage de l’exposition « Histoire des Variétés et de Ramuntcho ».

- 20h30, projection du premier film muet adapté du roman de Loti, tourné en 1918 au Pays Basque et à Hendaye. « Ramuntcho » de J. de Baroncelli (*), dans une version condensée (Pathé-Baby). La projection de ce document inédit sera suivie d’un temps de création où les comédiens du Petit Théâtre des Chéchénias liront et joueront les paroles (manquantes) du film et d’un moment d’échange en français et en euskara autour de Ramuntcho.

Vers 21 heures, projection musicalisée du film « Sur le chemin d’Ernoa », tourné en 1920 à Ascain et ses environs, par Louis Delluc, grand admirateur de Baroncelli et de Loti. La projection sera mise en musique par Peio Erramouspé qui nous présente son nouveau projet Haira :   https://www.youtube.com/watch?v=K1k98zvstc0

Cinéma Les Variétés, mardi 22 mars à 20 heures. Entrée libre !

(*) Le « prolifique » Jacques de Baroncelli (1881-1951), 9ème marquis de Baroncelli-Javon, était issu d’une vieille famille provençale d’origine italienne et l’auteur de plus de 50 longs métrages et d‘une vingtaine de courts métrages. Cette version muette du roman de Pierre Loti, – qui avait participé au scénario – est d’un format moyen d’environ 30 minutes.
On y voit notamment une partie de chistera sur le fronton du village de Sare et quelques paysages valonnés. L’acteur du rôle principal, René Lorsay (1898-1922), jeune premier de l’époque, décéda prématurément à l’âge de 23 ans.

Par ailleurs, la très intéressante Lettre de l’association littéraire des Amis du Lac d’Hossegor rapportait dans sa dernière édition la découverte d’une bobine de film concernant Pierre Loti accueillie avec intérêt par l’association hendayaise du célèbre écrivain…. Qui publia les infos suivantes : « Abel Bourgeois, photographe à Anglet, passionné par les techniques anciennes d’enregistrement de l’image, alors qu’il était en train d’ausculter la photo-jumelle acquise par l’Assoc. Pierre Loti Hendaye dans la lancée de sa dernière exposition : « Pierre Loti, photographe au Pays Basque », se rappelle une bobine de film étiquetée « Ramuntcho » enfouie quelque part dans son précieux bric-à-brac. Elle est d’un format particulier, abandonné depuis près de 80 ans : le 9,5 mm à perforations centrales. Et ce rouleau de pellicule retrouvé par Abel était en parfait état de conservation. Son format et le fait que le Ramuntcho était devenu, par rachat, propriété de Pathé, pouvaient indiquer que cette œuvre sauvée de l’oubli provenait effectivement de Baroncelli. 

Prémices du cinéma familial 

Pathé avait commercialisé pour la Noël 1922 un dispositif de « cinéma chez soi » composé d’une petite caméra, d’une pellicule 9,5 mm conditionnée en cartouche ou « carter », et d’un projecteur de salon pour visionner le résultat. La firme avait baptisé ce dispositif le « Pathé-Baby ». Il vécut jusqu’en 1946, non sans insuffler quelques brillantes vocations à des babies devenus de grands cinéastes comme Melville ou Demy. À partir de 1924, Pathé proposait en outre aux familles (aisées) de projeter par le même système des condensés des films de son catalogue. 
En mars 1925, Ramuntcho de Baroncelli était à la vente sous le n° 814, en quatre cartouches. Ce sont des milliers de cinéphiles qui, à travers le monde, ont pu, par ce moyen, découvrir la belle histoire inventée par Loti et les paysages basques où elle se déroule. 
L’opérateur provoquant l’avance du film à la manivelle, il lui était loisible de varier le débit et de pratiquer des arrêts sur image, disposition nécessaire pour, entre autres, donner aux sous-titres le temps d’être lus. Dans le cas d'Abel, les quatre cartouches avaient dû être vidées et leur contenu, assemblé. 

« La sensation même de la vie » 

- Ce Pathé-Baby est le digest du Ramuntcho achevé le 31 décembre 1918 pour le compte du prestigieux Film-d’Art – vingt-septième opus cinématographique de Jacques de Baroncelli, long de 1200m et de 40 minutes de projection. La version « baby » le réduit au quart. Mais il avait déjà fallu que l’auteur saisisse la justice pour que le « racheteur » respecte le métrage et les sous-titres d’origine. Quand ce fer de lance du renouveau cinématographique – réalisateur du premier film français en couleurs – met fin à sa carrière en 1947, il aura réalisé 81 films dont 52 muets. Trente-six sont des adaptations (il préfère parler de « transpositions ») de romans. Il avait découvert le 5e art presque par hasard, en voulant tuer le temps à la suite d’un rendez-vous manqué. On projetait « La Tosca » au cinéma « L’Empire » non loin des locaux du journal qui l’employait. Il s’aventura dans la salle obscure. Ce fut, selon ses mots, « le coup de foudre ». Baroncelli, pétri de littérature et de théâtre, ignorait jusque-là, voire méprisait, tout comme son contemporain Louis Delluc, ce qui lui semblait un spectacle de foire… Après avoir cherché à « divertir » dans le contexte de la guerre, Baroncelli adoptera un style à la fois plus novateur et universel. Son Ramuntcho inaugure le cycle des « adaptations » majeures. Que Loti lui en fournisse la matière n’est pas fortuit. Non seulement le cinéaste se savait des affinités littéraires avec l’écrivain dont il partageait la vision du monde et l’amour du Pays Basque, mais, comme il l’expliquait, ses romans constituaient autant de films : « ils sont tout en images, en tableaux qui glissent et se succèdent, et on y parle peu » (Comoedia du 28 février 1925). Son Ramuntcho en fait assez bien la démonstration. 

En 1924, avec des moyens supérieurs, plus de soin et une autre inspiration, il signera un chef-d’œuvre du muet : Pêcheur d’Islande, où Charles Vanel incarne Yann Gaos. Antoine avait créé la pièce Ramuntcho à l’Odéon en 1908 Un projet pour 2023 des Amis de Pierre Loti : Festival : « Il y a 100 ans Pierre loti (décès le 10 juin à Hendaye) et un timbre honorant Pierre Loti et marquant ainsi le centenaire de sa disparition en 2023... 

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Le Pathé-Baby 9.5mm ©
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Projecteur 9,5 mm ©
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Répondre à () :

Reine Muscarditz Gallois | 20/03/2022 11:19

Bravo 🎈 Merci 🙏

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